
Son nom de code : Aster 70s ! Cette large étude rendue publique dans The Lancet le 1er août et menée dans 84 centres cliniques en France et en Belgique auprès de femmes âgées de 70 ans et plus atteintes d'un cancer du sein est une première : elle vise à évaluer l'effet de la chimiothérapie sur la survie globale de ces patientes âgées atteintes de tumeurs à haut risque. C’est “une avancée majeure vers une prise en charge plus personnalisée, adaptée à l’âge et à la fragilité des patientes”, se félicite Unicancer, qui promeut ces travaux en partenariat avec l’Institut Curie. Avec plus de 60 000 nouveaux cas chaque année, le cancer du sein est le cancer le plus courant chez la femme en France, c’est aussi le plus meurtrier, malgré de bons taux de guérison.
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Les chiffres varient un peu selon les sources mais le cancer du sein est souvent un cancer qui se déclenche bien après la ménopause, 80 % des cancers du sein sont dans tous les cas diagnostiqués après 50 ans. “Le cancer du sein est diagnostiqué chez environ 20 000 femmes après 70 ans en France tous les ans, ce qui représente un tiers des nouveaux cas chaque année, explique ainsi la Dre Catherine Terret, oncogériatre, dans un article du Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard. Et c'est entre 70 et 74 ans que le taux d’incidence est maximal.” Ce chiffre qui va continuer à augmenter d’après elle car “la population générale continue de vieillir, entraînant une hausse des cas de cancers du sein au-delà de 70 ans, le cancer restant une pathologie des sujets âgés.” Adapter la stratégie thérapeutique à ces patientes cibles est donc un enjeu de taille, d’autant que l’agressivité du cancer du sein ne faiblit pas avec l’âge : “La proportion de formes agressives reste relativement superposable quel que soit l’âge au diagnostic”, conclut l’oncogériatre.
Femmes de plus de 70 ans : une offre de soin plus personnalisée en cas de cancer du sein
Mieux soigner ces femmes de 70 ans et plus, notamment lorsqu'elles sont porteuses d'une tumeur agressive, c’est la volonté des équipes qui se sont mobilisés pour évaluer l’intérêt des chimiothérapies pour ces patientes. Car pour le cancer, comme pour nombre d’autres pathologies, le plus n’est pas toujours l’ami du mieux : mieux cibler les traitements est aujourd’hui une voie envisagée pour une offre de soin plus personnalisée. L’idée étant de gagner en efficacité mais aussi en qualité de vie, les traitements étant toujours assortis de risques pour la santé et d’effets indésirables parfois sévères.
Les chimiothérapies n’améliorent pas les chances de guérison après 70 ans
En l’espèce, les conclusions des médecins qui ont étudié la pertinence des chimiothérapies combinées aux hormonothérapies versus les hormonothérapies seules sont claires : le bénéfice de la chimiothérapie n’est pas démontré chez les femmes de plus de 70 ans ayant un cancer du sein hormonodépendant. “L’ajout de la chimiothérapie n’apporte pas de bénéfice significatif en termes de survie globale”, précisent les auteurs qui ajoutent que la différence entre les décès des femmes ayant suivi ou non une chimiothérapie en plus de l'hormonothérapie n’est pas” statistiquement significative” que ce soit à 4 ou à 8 ans après la fin des traitements.
Toxicité des chimiothérapies : une qualité de vie dégradée
Surtout, la chimiothérapie s’est révélée nettement plus toxique. “Des effets indésirables de grade 3 ou plus sont survenus chez 34 % des patientes traitées par chimiothérapie, contre seulement 9 % dans le groupe hormonothérapie seule”, indique l’étude.
A quoi il faut ajouter un impact réel sur la qualité de vie car les femmes ayant reçu une chimiothérapie se plaignent de fatigue, de douleurs, de troubles digestifs et d’une baisse de l’autonomie.
“Ces résultats confirment que les décisions thérapeutiques doivent tenir compte non seulement de la biologie tumorale, mais aussi de l’âge, de la fragilité et des attentes des patientes, détaille le Pr Etienne Brain, oncologue médical à l’Institut Curie, investigateur principal de l’étude ASTER 70s. Ils incitent à réviser la manière dont les standards établis chez les sujets plus jeunes sont ensuite appliqués chez les sujets plus âgés sans niveau de preuve élevé ou avec peu de garde-fous.”