Cette hormone est directement impliquée dans le choix et le nombre de nos amis  Istock

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“On ne choisit pas sa famille, mais on choisit ses amis”. Vous connaissez certainement l’adage. Cependant, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne quand il s’agit d’interactions sociales et d’amitié. Quand certains cultivent facilement leur réseau et leurs relations amicales et en ont besoin pour se sentir bien, d’autres préfèrent leur propre compagnie et s’épanouissent mieux dans un cercle plus restreint. Et ceci n’a rien à voir avec la timidité ou avec une quelconque culture, classe sociale ou intelligence émotionnelle. Ce serait essentiellement dû à une hormone, indiquent des chercheurs de l’université californienne aux Etats-Unis qui ont publié leurs travaux dans la revue Current Biology le 8 août 2025. Ces chercheurs se sont plus particulièrement intéressé aux campagnols des prairies car, comme les humains, ils entretiennent des relations stables et sélectives. “De telles études pourraient éclairer les troubles psychiatriques humains, comme l'autisme et la schizophrénie, qui interfèrent avec la capacité d'une personne à nouer ou à entretenir des liens sociaux”, explique le communiqué de presse afférent à l’étude.

Amour et amitié répondent aux mêmes schémas

Si vous avez du mal à trouver l’amour, il est fort probable que vous ayez aussi du mal à trouver l'amitié ! C’est en substance ce que dit la science car amour et amitié dépendent de la même hormone, l’ocytocine. L’ocytocine, que l’on appelle parfois hormone de l’attachement ou hormone de l’amour, est un neuropeptide secrété l'hypothalamus et par l’hypophyse qui “intervient dans les phénomènes liés à la confiance, l’empathie, la générosité et la sexualité”, précise l'Institut du cerveau. C’est une hormone connue

depuis plus d'un siècle pour son rôle dans l'accouchement et la lactation et qui expliquerait l’attachement unique qui peut exister entre une mère et son enfant. Cette hormone intervient aussi dans les relations sexuelles. “Ses effets sont très divers, puisqu'elle agit aussi sur la mobilité gastrique, l'appétit, le rythme cardiaque, ou encore la douleur, détaillent trois chercheurs strasbourgeois du CNRS dans un article publié en 2021 dans médecine/sciences (M/S), une revue internationale dans le domaine de la recherche biologique, médicale et en santé. Cependant, depuis la découverte de son importance dans l'attachement affectif, le contrôle des émotions, ou les comportements sexuels et parentaux, l'attention des chercheurs et des cliniciens s'est portée principalement sur son rôle dans les interactions sociales”.

Ce sont à nouveau les interactions sociales qui occupent une place centrale dans cette étude sur les campagnols des prairies.

Améliorer nos relations sociales, c’est possible ?

Que nous apprennent les chercheurs américains ? Que chez le campagnols, qui rappelons-le à un comportement qui se rapproche du nôtre, le manque d'ocytocine retarde le moment où l’on crée du lien social mais surtout que sans cette hormone il manque une information cruciale : je suis attirée -en amitié comme en amour, nous avons tous des préférences, des attirances - par cette personne, et par par une autre. “L'ocytocine semble être particulièrement importante dans la phase initiale de formation des relations, et notamment dans leur sélectivité : “Je te préfère à cet inconnu”, par exemple, explique la Pre Beery, auteure principale de l’étude. Les animaux dont la signalisation de l'ocytocine était défaillante ont mis plus de temps à établir des relations. Et lorsque nous avons remis en question ces relations en créant de nouveaux groupes, ils ont immédiatement perdu la trace de leurs partenaires d'origine.”

Voilà qui pourrait expliquer comment les amitiés se forment et pourquoi certaines personnes ont plus de mal à se faire des amis car elles ne se sentent pas attirées par autrui. L’ocytocine pourrait ainsi être déterminante dans notre capacité à repérer dans un groupe les personnes avec lesquelles nous avons le plus d’affinités.