Plus qu’un café, une main tendue contre la solitude des seniors même en étéImage d'illustrationIstock

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Dans le petit village d’Auger-Saint-Vincent, niché dans l’Oise, il ne reste plus de commerces. Plus de boulangerie, plus d’épicerie ouverte en continu, plus de bistrot de coin de rue. « Ça fait 90 ans que je vis ici. Aujourd’hui, il n’y a plus rien… sauf le café citoyen », confie Yvette, 90 ans, au micro de France Inter. Un constat simple, mais lourd de sens. Car ce petit lieu, bien plus qu’un café, redonne vie à la commune.

Ouvert du lundi au samedi à partir de 14 heures, ce café solidaire est devenu le cœur battant du village. On y entre pour un café, on y reste pour une conversation, un sourire ou une écoute bienveillante. Daniel, bénévole et pilier des lieux, y vient chaque jour. « Beaucoup de gens s’arrêtent, même ceux des villages voisins. C’est un endroit où il se passe encore quelque chose », explique-t-il, entre deux services.

Un tiers-lieu ou café, jeux de société ou épicerie se mêlent

Le café d’Auger-Saint-Vincent est ce que l’on appelle un « tiers-lieu » : un espace hybride, entre le foyer et les institutions, où se croisent les générations, les histoires et les fragilités. Ici, on trouve une petite épicerie de dépannage, une salle de spectacle, des jeux de société, et surtout quelques tables où l’on partage plus qu’une boisson chaude. « Ces lieux nous permettent de lutter contre la solitude qui pèse quand on prend de l’âge », poursuit Yvette.

Car la solitude, surtout chez les seniors, est un mal silencieux qui ronge : perte du conjoint, éloignement des enfants, mobilité réduite… Beaucoup se retrouvent isolés, parfois du jour au lendemain. Ces cafés offrent alors une parenthèse chaleureuse dans des quotidiens souvent marqués par le silence.

Un café ouvert à tous

Mais ils ne sont pas seulement réservés aux personnes âgées. Chacun peut venir y déposer une émotion, une inquiétude, une colère. Il n’y a pas de badge, pas de prérequis. Seulement l’envie ou le besoin d’être là. « Ce sont des lieux où l’on peut parler sans être jugé, où l’on retrouve un peu d’humanité », glisse Daniel. Le projet est soutenu par la mairie et fonctionne aussi grâce à des dons privés, preuve que la solidarité locale peut faire beaucoup avec peu.

Dans une époque marquée par l’isolement social, les écrans omniprésents et une précarité qui s’installe, ces cafés citoyens rappellent une évidence : nous avons besoin les uns des autres. Il ne faut parfois pas grand-chose pour recréer du lien : un lieu ouvert, une chaise libre, un regard bienveillant.

Un espace bienveillant pour améliorer la santé mentale des Français

Selon une étude réalisée en 2024 par Ipsos pour AXA Prévention sur l’état de la santé mentale des Français, 54 % des moins de 35 ans sont en détresse psychologique. Un mal qui ronge en réalité toutes les tranches d'âge. Le président de la République, Emmanuel Macron, a d’ailleurs décidé de faire de cette thématique une grande cause nationale de 2025.

Que ce soit à Auger-Saint-Vincent ou dans n’importe quelle autre ville, ces lieux fleurissent avec pour but de recréer du lien. Entre les murs modestes du café citoyen, c’est toute une philosophie de la vie en commun qui s’écrit au quotidien. Une réponse douce et humaine à l’abandon des territoires ruraux, un geste simple pour réparer ce qui se fissure dans nos sociétés modernes.