
Et si un virus pouvait vous créer des métastases ? Des chercheurs du Campus médical Anschutz de l'Université du Colorado (États-Unis) ont fait le lien entre certaines infections respiratoires et lésions métastasiques après un cancer du sein.
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Le cancer du sein reste celui qui touche le plus de femmes en France : sur l’année 2023, plus de 61 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués, avec un âge médian au moment du diagnostic de 64 ans. Malgré les progrès des traitements et un taux de survie à cinq ans estimé à 88 %, il cause encore près de 13 000 décès chaque année dans le pays.
Bien que de nombreuses patientes soient considérées en rémission après la fin de leur traitement, certaines cellules cancéreuses peuvent rester en sommeil dans le corps pendant des années. Une étude, menée par une équipe internationale de chercheurs et publiée dans la revue scientifique Nature, s’est intéressée à ces cellules cancéreuses résiduelles, dites “dormantes”. Après un cancer du sein, ces dernières ont tendance à rester dans les poumons. Elles ne se multiplient pas, n’apparaissent pas aux examens et peuvent rester silencieuses pendant des années…
Des maladies qui réactivent les cellules cancéreuses après une rémission
Mais que se passe-t-il si un virus vient perturber cet équilibre ? Les scientifiques de l’étude ont utilisé des modèles de souris, pour simuler une infection respiratoire par les virus de la grippe et du Covid‑19. Résultat : dans les jours qui ont suivi, les cellules cancéreuses dormantes dans les poumons ont commencé à se réactiver et à se multiplier rapidement. En deux semaines, elles avaient formé des lésions métastatiques importantes . En d’autres termes, l’infection a suffi à relancer le processus cancéreux, là où il ne semblait plus actif…
Les chercheurs ont également identifié le mécanisme à l’origine de ce phénomène : l’inflammation. Plus précisément, c’est une molécule appelée interleukine-6 (IL-6), produite lors d’une infection, qui semble jouer un rôle central. Cette cytokine, (substance produite par le système immunitaire) est activée pour défendre l’organisme. Mais chez certaines patientes ayant eu un cancer, elle pourrait aussi, involontairement, stimuler les cellules cancéreuses dormantes…Et les faire sortir de leur silence.
Des résultats confirmés par d’autres recherches
Et ces résultats ne sont pas isolés. ! Pour les appuyer, l’équipe a étudié deux grandes bases de données humaines. La première, UK Biobank, a montré que chez des patientes ayant été traitées pour un cancer, une infection au Covid‑19 était associée à un risque de décès plus élevé dû au cance r. Et ce, surtout dans les mois suivant l’infection. La seconde, la base américaine Flatiron Health, a révélé que les femmes ayant eu un cancer du sein et une infection à Covid‑19 présentaient également un risque accru de développer des métastases pulmonaires dans les années qui suivaient.
Ces observations renforcent donc l’idée de l’étude de base : certaines infections pourraient favoriser une rechute, même après une période de rémission. Mais elles soulèvent également de nombreuses questions ! Les chercheurs se demandent comment empêcher cette réactivation, ou bloquer l’action de l’IL-6 pour éviter les métastases.
Ces résultats suggèrent également l’importance d’un suivi renforcé pour les patientes en rémission, ainsi que de rester vigilants face à ces infections respiratoires. Enfin, les auteurs de l’étude soulignent l’importance de mieux comprendre les liens entre système immunitaire, virus et cellules cancéreuses dormantes.