Encéphalite à tiques : l’ANSES tire la sonnette d’alarme sur la hausse des cas et un mode de contamination inattenduIstock

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Alors non, ce n’est pas une autre manière de parler de la maladie de Lyme. L'encéphalite à tiques est une pathologie bien différente. Et comme son nom l’indique c’est le cerveau qui est touché. Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation publié le 8 juillet, « plusieurs éléments font craindre une augmentation du risque de transmission du virus de cette pathologie en France ».

À la différence avec la maladie de Lyme qui est transmise par une bactérie, l’encéphalite à tiques est provoquée par un virus présent dans certaines tiques. Chaque année, une trentaine de cas sont signalés sur le territoire. Une pathologie rare mais sérieuse : « 10 à 30 % des personnes infectées développent des symptômes pseudo-grippaux. Parmi elles, 20 à 40 % présentent ensuite des troubles neurologiques comme une méningite, parfois responsables de handicaps persistants », alerte Elsa Quillery, co-coordinatrice de l’expertise pour l’ANSES.

L’agence pointe aussi une voie de contamination encore mal connue : l’ingestion de lait cru d’animaux porteurs du virus. En 2020, un foyer a été détecté en Auvergne-Rhône-Alpes après que plusieurs consommateurs de fromages au lait cru de chèvre et de vache ont contracté la maladie. Selon l’ANSES, « le lait cru et ses produits dérivés, notamment de chèvre, semblent plus à risque que ceux d’autres animaux ».

Autre sujet de préoccupation : certains métiers sont bien plus exposés aux piqûres de tiques. Éleveurs, forestiers et randonneurs sont particulièrement vulnérables. « Les forestiers ont 13 fois plus de risque d’être infectés que la population générale », souligne l’agence.

Pour limiter la propagation, l’ANSES recommande de mieux surveiller la circulation du virus chez les animaux, afin de prévenir les contaminations humaines. Actuellement, ce suivi repose surtout sur l’apparition de cas humains, jugés trop tardifs pour enrayer efficacement la diffusion du virus.

L’agence préconise aussi de restreindre l’accès des animaux d’élevage aux zones infestées par les tiques, via des clôtures, et de contrôler la qualité sanitaire du lait cru. Chez l’humain, la prudence reste de mise : éviter les piqûres en portant des vêtements couvrants lors de balades en forêt et utiliser des répulsifs anti-moustiques, qui fonctionnent aussi contre les tiques.

Enfin, il existe un vaccin protecteur, encore méconnu, administré en trois injections espacées sur plusieurs mois. « Deux doses à 1-3 mois d’intervalle, puis une troisième cinq à douze mois plus tard, avec un rappel trois ans après », précise Nadine, infirmière coordinatrice au centre de vaccination international Elsan, place de la République à Paris. Elle recommande ce vaccin surtout aux randonneurs fréquentant les Alpes, les forêts des pays nordiques ou l’Europe de l’Est, zones à risque pour l’encéphalite à tiques.

En attendant, mieux vaut rester attentif et adopter les bons réflexes pour éviter une infection dont les conséquences peuvent durer toute une vie.