Ces 8 traitements medicamenteux peuvent favoriser les fuites urinaires

Une petite fuite en toussant, une urgence en pleine rue, une envie trop pressante au réveil. On en parle peu, voire pas du tout, et pourtant : l’incontinence urinaire touche près d’1 femme sur 3 après 40 ans, et de nombreux hommes après 60 ans. Ce qui est moins connu, en revanche, c’est que certains médicaments courants peuvent favoriser ou aggraver ces troubles. Et non, ce n’est pas qu’une affaire de vieillesse ou de périnée fatigué.

Pourquoi parle-t-on d’incontinence “iatrogène” ?

Quand une perte d’urine est provoquée ou aggravée par un traitement, on parle d’effet iatrogène. Ce n’est pas un symptôme rare : plusieurs classes de médicaments bien connues peuvent perturber le fonctionnement normal de la vessie ou de l’urètre. Et pas besoin de traitement lourd ! Les diurétiques, antidépresseurs ou relaxants musculaires peuvent suffire à déclencher des fuites chez certaines personnes, surtout à partir de 50 ans.

Tous les types de fuites sont concernés ?

Tout dépend du type de médicament et de la manière dont il agit sur l’organisme. Certains traitements peuvent relâcher les sphincters urinaires, favorisant ainsi les fuites à l’effort (en cas de toux, de rire ou de mouvement brusque). D’autres, comme les diurétiques, surchargent la vessie en augmentant la production d’urine, ce qui peut provoquer une incontinence par urgence, cette envie soudaine et irrépressible d’aller aux toilettes.

À l’inverse, certains médicaments provoquent une rétention urinaire : la vessie se remplit mais ne se vide pas complètement, jusqu’à déborder. Enfin, les sédatifs ou neuroleptiques peuvent perturber la perception du besoin d’uriner, entraînant des fuites dites “fonctionnelles”, parce que le cerveau ne capte plus le signal à temps.

Ces mécanismes sont bien identifiés dans les recommandations du Collège d’Urologie (Urofrance), qui insiste sur leur rôle chez les sujets âgés mais aussi chez des patients plus jeunes qui sont mal informés.

L’incontinence d’origine médicamenteuse est souvent réversible, à condition d’être reconnue. Trop souvent, les patients pensent que “c’est normal avec l’âge” ou “qu’il faut vivre avec”.

Pourquoi est-ce plus fréquent à partir de 40 ou 50 ans ?

C’est tout d'abord parce que les prescriptions augmentent avec l’âge : traitement de l’hypertension, du cholestérol, des douleurs chroniques ou de troubles du sommeil. Ensuite, parce que le corps change : les reins filtrent moins vite, les muscles (y compris périnéaux) se relâchent, et le système nerveux devient plus sensible aux médicaments. Résultat : le seuil pour déclencher une fuite devient plus bas, surtout si plusieurs traitements se croisent.

Comment savoir si c’est lié à un médicament ?

Vous avez noté l’apparition de pertes urinaires après un changement de traitement, ou une augmentation de dose ? Posez-vous la question. Selon la HAS et Ameli.fr, l’évaluation des traitements fait partie intégrante du bilan d’incontinence. Et dans certains cas, un simple ajustement suffit à faire disparaître le symptôme. Il ne s’agit pas d’arrêter tout du jour au lendemain, bien sûr, mais d’en parler avec son médecin ou pharmacien.

Donc pas de panique. L’incontinence d’origine médicamenteuse est souvent réversible, à condition d’être reconnue. Trop souvent, les patients pensent que “c’est normal avec l’âge” ou “qu’il faut vivre avec”. Ce n’est pas vrai. La clé, c’est de comprendre ce qui peut poser problème. Et pour ça, encore faut-il connaître les médicaments les plus souvent impliqués — voici donc lesquels.

Diurétiques

1/8
medication pile white round tablets arranged abstract on blue color background aspirin, glass water pills for design heal...

Ces médicaments stimulent les reins à produire plus d’urine. Cela soulage la tension artérielle ou les œdèmes, mais surcharge parfois la vessie, qui ne peut pas toujours suivre le rythme, en particulier si elle est déjà affaiblie. Chez les personnes âgées ou sensibles, cela peut provoquer des fuites par urgenturie (envies soudaines et irrépressibles) ou incontinence par débordement (la vessie se remplit sans se vider complètement).

Alpha-bloquants

2/8
blue and white capsules pill spilled out from white plastic bottle container global healthcare concept antibiotics drug r...

Ils agissent en relaxant les muscles lisses, notamment ceux de la vessie et de l’urètre, pour faciliter l’évacuation de l’urine (souvent dans l’hypertrophie bénigne de la prostate). Mais cette relaxation peut être trop importante, surtout chez les femmes ou les personnes âgées, diminuant la résistance du sphincter urétral. Résultat : des fuites à l’effort (quand on tousse, rit ou soulève une charge), ou même au repos si le sphincter reste insuffisamment tonique.

Antidépresseurs tricycliques et ISRS

3/8
one african american portrait woman suffering depression

Les tricycliques ont une action anticholinergique qui ralentit la contraction de la vessie et relâche les sphincters. Cela peut mener à une mauvaise vidange de la vessie, qui déborde progressivement. Les ISRS, quant à eux, peuvent accroître l’activité vésicale dans certains cas, aggravant des envies pressantes ou des fuites préexistantes. Tout dépend du profil du patient et de l’équilibre neurochimique de sa vessie.

Antipsychotiques

4/8
sheet with inscription antipsychotics and tablets

En perturbant les circuits dopaminergiques et cholinergiques du cerveau, ces médicaments peuvent désynchroniser le réflexe de miction, entraînant soit une rétention urinaire, soit des fuites non ressenties. Cela concerne surtout les patients sous traitement prolongé, avec un risque plus élevé en gériatrie ou en cas de troubles cognitifs associés.

Benzodiazépines et sédatifs

5/8
prescription medication is strewn about, with pill bottles in the deep background

Leur effet relaxant musculaire peut atteindre le sphincter urinaire et les muscles pelviens, rendant plus difficile la fermeture correcte de l’urètre. En parallèle, leur action sédative altère la vigilance, ce qui fait que le besoin d’uriner peut ne pas être perçu à temps, notamment la nuit ou en cas de somnolence prolongée. Cela favorise l’incontinence fonctionnelle, surtout chez les personnes âgées.

Antihistaminiques H1

6/8
antihistamine medication or allergy drug concept photo on doctor table is pack with word antihistamine medication and pil...

Les molécules anciennes (de première génération) ont un effet anticholinergique marqué. Cela ralentit les contractions de la vessie et peut induire une rétention urinaire, qui déborde ensuite, surtout chez les hommes souffrant déjà de troubles urinaires prostatiques ou les femmes âgées.

Opioïdes / antalgiques morphiniques

7/8
woman hand with pills on, spilling pills out of bottle on dark background

Ils inhibent le tonus du muscle détrusor (celui qui vide la vessie) et peuvent donc ralentir, voire bloquer la vidange vésicale. Cela provoque une rétention progressive, souvent silencieuse, qui finit par des fuites involontaires. Ce phénomène est bien connu chez les patients sous traitements antalgique de longue durée.

Anticholinergiques (traitement de la vessie hyperactive)

8/8
contraction hand of man holding colorful tablets have blur brown bottle place on white background

Utilisés pour calmer les vessies trop actives (envies fréquentes, urgentes), ces médicaments réduisent les contractions vésicales. Mais s’ils sont mal dosés ou mal tolérés (notamment chez les personnes âgées), ils peuvent provoquer une rétention trop importante, menant à des fuites par regorgement.

Partager :