Soins moins remboursés, patients plus fragilisés : le coût caché du budget 2026 de l’Assurance maladieImage d'illustrationIstock

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C’était attendu et tant redouté par les associations. Le secteur de la santé n’échappe pas aux économies budgétaires demandées par le gouvernement d’Emmanuel Macron. Mardi 15 juillet, le Premier ministre François Bayrou lève le voile sur les objectifs du gouvernement : réaliser 5 milliards d'euros d’économies sur les dépenses sociales pour le budget 2026 afin de redresser les finances publiques. Des mesures qui impacteront directement les patients.

"Ce discours repose sur une vision simpliste, voire culpabilisante, de la consommation de soins. Or, les usagers ne demandent qu’à être acteurs de leur santé à condition qu’on leur en donne les moyens effectifs", alerte France Assos Santé dans un communiqué.

Les franchises médicales

La plus délicate des mesures concerne les franchises médicales, le reste à charge pour le patient après l’achat de médicaments. Le gouvernement envisage de le porter de 50 à 100 euros pour 2026. "Le Premier ministre évite soigneusement d’évoquer un point essentiel : les franchises ne s’appliquent que sur des soins prescrits. Les mesures de « responsabilisation » devraient être portées par une meilleure régulation des médecins prescripteurs, principaux artisans de la particularité française de surprescription et de mésusage, sources de risques pour les personnes malades, de dépenses inutiles et d’impact environnemental", souligne France Assos Santé. L’association rappelle que l’ALD est déjà synonyme de reste à charge important.

L'affection longue durée

Les personnes en affection longue durée pourraient d’ailleurs voir leurs conditions d'indemnisation encore se réduire. Le chef du gouvernement a annoncé souhaiter un contrôle plus strict des remboursements de médicaments relevant ou non de cette affection, et une sortie du régime quand l’état de santé de la personne ne « justifie plus » cette prise en charge à 100 %. « Vingt pour cent des Français sont en affection de longue durée contre 5 % de la population allemande. Et je ne crois pas que les Français soient en plus mauvaise santé que les Allemands », a ajouté le Premier ministre lors de son discours.

"Ces patients, qui n’ont pas choisi d’être malades, nécessitent un accompagnement attentionné, en matière d’éducation thérapeutique et de prévention des risques de complications"

Derrière cette mesure, il s’agira, en grande partie, d’un « transfert » de ces remboursements, pris en charge aujourd’hui par l’Assurance maladie obligatoire, vers les complémentaires santé. "Ces patients, qui n’ont pas choisi d’être malades, nécessitent un accompagnement attentionné, en matière d’éducation thérapeutique et de prévention des risques de complications qui entraînent des dépenses importantes (hospitalisations, traitements lourds…)", explique l'association.

Les arrêts maladies

Les arrêts maladie, également dans le feu des projecteurs du gouvernement depuis un moment, n'échappent pas aux modifications. Le chef du gouvernement a assuré vouloir "mettre fin aux dérives". En augmentation selon l’Assurance maladie, le Premier ministre a précisé qu’après "des contrôles exécutés sur les arrêts de plus de 18 mois, les résultats ont montré que pour 50 % d’entre eux, ces arrêts n’étaient pas justifiés", a-t-il indiqué.

France Assos Santé s'interroge alors sur l’abandon des services de santé et de prévention au travail. "Alors que l’heure est à l’allongement de la durée de vie active, ceux-ci méritent au contraire d’être renforcés. Des mesures de prévention des risques psychosociaux, d’amélioration des conditions de travail et d’accompagnement des personnes en arrêt de longue durée pour éviter la désinsertion professionnelle devraient être mises en œuvre."