
Les effets indésirables et réactions médicamenteuses ont bondi ces dernières années. Un chiffre parlant ? Une augmentation de 136 % des hospitalisations liées à un médicament en seulement dix ans selon une étude publiée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) ! S’il n’est pas question de remettre en cause l’intérêt ou les bénéfices santé des traitements médicamenteux, il est important d’en connaître certains dangers. Le syndrome sérotoninergique en fait partie. Potentiellement mortel, ce syndrome est sérieux, et même s'il est plutôt rare, il est essentiel d’en connaître les signes et les risques, de manière à mieux se préserver. D'autant plus que les personnes touchées par un syndrome sérotoninergique sont plus nombreuses d’années en années.
Qu’est-ce que le syndrome sérotoninergique ?
Pour rappel, la sérotonine est un neurotransmetteur qui joue un rôle essentiel sur la régulation de l’humeur, on l’appelle d’ailleurs souvent “l’hormone du bonheur”. Outre son effet sur nos émotions, la sérotonine est aussi, note l’Institut du cerveau, impliquée dans “l’alternance veille-sommeil, l’appétit, la perception de la douleur, la température du corps, la libido et la vigilance.” Comme son nom l’indique, le syndrome sérotoninergique est donc en lien… avec la sérotonine, et par conséquent les médicaments qui agissent sur cette hormone. ”Le syndrome sérotoninergique est dû à une stimulation accrue des récepteurs de la sérotonine dans le cerveau” précise le manuel MSD, la bible médicale américaine. Le plus souvent, le syndrome sérotoninergique se déclenche à la suite d’un surdosage (par exemple en combinant deux médicaments qui agissent tous les deux sur les récepteurs de la sérotonine) ou d’une interaction médicamenteuse. Plus rarement, le problème survient simplement après avoir pris un traitement aux doses recommandées.
Quels sont les médicaments les plus à risque d’un syndrome sérotoninergique ?
De nombreux médicaments peuvent provoquer un syndrome sérotoninergique. Les antidépresseurs notamment, mais aussi les triptans (utilisés contre la migraine), les amphétamines, les opioïdes et certains antalgiques.
On rapporte également des risques avec des plantes, en particulier le ginseng, la noix de muscade et le millepertuis. attention donc à ne pas en prendre en parallèle d’un traitement contenant déjà un stimulateur de la sérotonine.
Dans une étude parue en 2019 dans la Revue de médecine interne, des médecins français alertent sur “l’augmentation ces dernières années de la prescription de médicaments sérotoninergiques (antidépresseurs et antalgiques, notamment) et des consommations de substances illicites psychostimulantes, agissant sur le système sérotoninergique (amphétamines et cathinones de synthèse)”. L'enjeu est pluriel car tous les médicaments pouvant être impliqués dans un syndrome sérotoninergique ne sont pas connus (on parle parfois de substance cachée) alors que les symptômes peuvent être diffus et peu spécifiques. A quoi il faut ajouter une méconnaissance du grand public voire des médecins de cette complication médicamenteuse. Ce qui rend plus difficile le diagnostic et la prise en charge.
Syndrome sérotoninergique : quels signes doivent alerter ?
Ils se manifestent généralement dans les 24 heures suivant la prise du comprimé. Comme dit plus haut, ils ne sont pas nécessairement spécifiques (ils peuvent faire penser à d’autres causes notamment) et peuvent nettement varier d’une personne à l'autre. Toutefois, le manuel MSD note que les personnes développant un syndrome sérotoninergique peuvent “être anxieuses, agitées et impatientes, sursauter facilement et présenter un délire avec confusion. Peuvent survenir des tremblements ou des spasmes musculaires, une rigidité musculaire, une fréquence cardiaque rapide, une hypertension artérielle, une température corporelle élevée, des sueurs, des frissons, des vomissements et une diarrhée.”
L’arrêt du médicament doit alors être immédiat et les symptômes traités en urgence. Une hospitalisation peut en outre être nécessaire.