Eaux minérales : un nouveau scandale touche les eaux de la marque Nestlé, contaminées au plastique

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Nestlé Waters à nouveau sur la sellette. Alors que le scandale de l’utilisation de techniques interdites pour purifier les eaux du groupe contaminées par des pesticides et des bactéries est encore sur toutes les lèvres, l’enquête dévoile de nouveaux éléments accablants.

Pour rappel, l’un des plus gros scandales concernant les eaux minérales éclate en janvier 2024, après qu’une enquête du journal Le Monde et de la Cellule d’investigation de Radio France, enquête qui révèle des pratiques pour le moins douteuses des embouteilleurs d’eau minérale : recourir à des traitements de purification pourtant interdits pour assainir les eaux contaminées, le tout avec l’assentiment du gouvernement. Les marques, 30 % des eaux minérales seraient concernées, se défendent en invoquant le réchauffement climatique et l’agriculture intensive qui polluent les sols.

Des pratiques qui durent depuis au moins 2020 et écornent notablement l’image que veulent vendre les industriels. Or le marché de l’eau minérale en France est porteur : les Français en consomment en moyenne 135 litres par an, ce qui place la pays en troisième position des plus gros buveurs d’eau minérale, juste derrière l’Italie (199 L/an) et l’Allemagne (174 L/an). Supposément plus pures, meilleures pour la santé, meilleures au goût, les eaux en bouteilles (minérales ou de source) bénéficiaient jusqu’ici de l’adhésion des citoyens. Cette nouvelle affaire risque de détourner les consommateurs de leurs bouteilles favorites, car les micro-plastiques ont des effets délétères sur la santé.

Microplastiques dans les bouteilles d’eau minérale : ce qu’il faut savoir

Ce n’est pas la première fois que l’on retrouve des microplastiques dans les bouteilles d’eau minérale. En janvier 2024, une étude américaine publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences avait ainsi décompté par moins de 240 000 fragments de plastique par litre dans plusieurs marques d’eau minérale.

“90 % de ces particules sont des nanoplastiques ‒ inférieurs à 1 micromètre, soit 10 à 100 fois plus fins qu’un cheveu, indiquait alors l'association de consommateurs UFC-Que choisir. Or, ce sont potentiellement les plus dangereux, car leur taille leur permet de pénétrer dans le système sanguin et les différents organes du corps, y compris le cerveau et les organes reproducteurs, et d’en perturber le fonctionnement.”

On ignore encore aujourd'hui précisément quels sont les effets de ces plastiques qui s’accumulent dans le corps humain mais on peut se douter que ce n’est pas très bon. D’autant que leur concentration croît à vitesse grand V : entre 2016 et 2024, la quantité de microplastiques contenue dans notre cerveau aurait doublé selon une étude.* Mais est-ce vraiment un problème ? Oui, car les études menées sur le rat et la souris penchent vers un cocktail détonnant : ces plastiques seraient impliquées dans la hausse de l’infertilité, des maladies cardiovasculaires et des cancers, des maladies métaboliques comme le diabète de type 2, des troubles cognitifs, des maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, l’anxiété…

Hépar et Contrex contaminées par des décharges sauvages à proximité des sources

L’enquête de l’Office français de la biodiversité relayée par Mediapart samedi dernier, le 9 août 2025, révèle, d’après nos confrères “que les eaux de Contrex et Hépar contiennent des taux de microplastiques ‘exorbitants’ en raison de décharges laissées à l’abandon par Nestlé qui ont pollué les sources d’eau.” Des taux astronomiques, jusqu’à 1,3 million de fois supérieur aux taux habituellement constatés dans les lacs ou fleuves, et bien supérieur à ceux des autres marques d’eau. "Une analyse chiffrée illustre que les proportions sont incommensurables s’agissant de l’introduction de microplastiques dans les sols vosgiens par Nestlé aux lieux des décharges, sur les terres et les eaux situées en aval" précise le document. Pour les experts, la dépollution n'est plus envisageable à ce stade et les bouteilles de Contrex ou Hépar embouteillées sur ce site sont forcément contaminées. Ce que réfute Nestlé Waters qui a indiqué, samedi dans la soirée, à l’AFP que "toutes les analyses réalisées par des laboratoires accrédités pour la recherche de microplastiques contredisent l'hypothèse de la présence d'une pollution microplastique dans nos forages. Toutes nos eaux peuvent être bues en toute sécurité."

Le procès, prévu fin novembre de cette année, devra déterminer les responsabilités de Nestlé Waters dans cette affaire