
Enfin une bonne nouvelle pour les patients atteints de cancer de la prostate. Cette maladie est la plus fréquente chez l’homme. Lorsqu’elle devient métastatique et résistante aux traitements hormonaux classiques, les options sont limitées et l’espérance de vie reste courte. C’est particulièrement vrai pour les patients porteurs d’une mutation du gène BRCA2, impliqué dans la réparation de l’ADN. Chez ces patients, le cancer est plus agressif et l’espérance de vie dépasse rarement deux ans.
Ce nouvel essai clinique de phase III baptisé TALAPRO-2 a inclus 805 hommes répartis dans 200 centres à travers le monde. Tous avaient un cancer de la prostate métastatique qui ne répondait plus à la privation hormonale classique. Parmi eux, 399 présentaient des anomalies génétiques liées à la réparation de l’ADN, comme BRCA2.
Un duo de médicaments aux effets prometteurs
L’objectif de cette étude The Lancet publiée le 16 juillet 2025 était de tester une combinaison inédite : associer une hormonothérapie de nouvelle génération, l’enzalutamide, à un inhibiteur de PARP, le talazoparib. Ces deux médicaments agissent de manière complémentaire. Le premier bloque l’action des hormones mâles qui nourrissent les cellules cancéreuses, tandis que le deuxième empêche ces cellules de réparer leur ADN, ce qui les fragilise jusqu’à les détruire.
Concrètement, les patients ont été divisés en deux groupes : le premier a reçu l’association talazoparib et enzalutamide chaque jour par voie orale, le second a reçu uniquement l’enzalutamide.
Les résultats sont particulièrement marquants pour les patients porteurs de la mutation BRCA2. Après quatre ans de suivi, plus de la moitié des patients traités avec les deux médicaments étaient encore en vie, au point que la survie médiane n’a même pas pu être calculée. À l’inverse, pour ceux qui ont reçu seulement l’hormonothérapie, la survie médiane s’établit à 28,5 mois.
« Pour ces patients spécifiques, on observe pratiquement un doublement de l’espérance de vie, ce qui est énorme », souligne dans un communiqué de l'Institut Gustave Roussy publié le 18 juillet le Pr Karim Fizazi. Autre point positif : l'étude démontre qu’avec cette association de médicaments, le risque de détérioration de la qualité de vie des patients ou d’apparition de symptômes liés à la progression du cancer est diminué.»
La survie globale médiane passe de 37 mois à 45,8 mois
Pourquoi cette association fonctionne-t-elle ? Les cellules des patients avec une altération BRCA2 sont déjà moins efficaces pour réparer les dégâts sur leur ADN. L’ajout d’un inhibiteur de PARP à l’hormonothérapie conduit à une accumulation de lésions de l’ADN des cellules tumorales, provoquant la mort cellulaire.
Chez l’ensemble des patients, y compris ceux qui n’ont pas de mutation BRCA2, l’association des deux médicaments reste bénéfique, mais dans une moindre mesure. La survie globale médiane passe de 37 mois à 45,8 mois avec le traitement combiné.
Connaître le profil génétique de la tumeur
Ces résultats mettent en lumière un enjeu majeur : connaître le profil génétique de la tumeur. « L’essai TALAPRO-2 démontre l’importance de réaliser un test moléculaire pour savoir si un patient est porteur d’une altération BRCA2. Cela permet d’adapter le traitement et de proposer cette double thérapie qui devient un nouveau standard pour ce sous-groupe de patients », précise le Pr Fizazi.
Bonne nouvelle : ce test peut être fait grâce à une simple prise de sang, en analysant l’ADN tumoral circulant. Une méthode peu invasive, fiable et déjà utilisée pour mieux comprendre l’agressivité de certains cancers.