
Les abeilles nous gâchent nos piques-niques en été, les araignées et les serpents sont les protagonistes de nos pires phobies, et les scorpions ne sont à priori pas plus appréciés par le grand public. Et pourtant… Ces êtres vivants détiennent un secret aussi dangereux que fascinant : leur venin.
En effet, la recherche étudie depuis longtemps le fonctionnement des gènes du venin, ainsi que le mécanisme de la douleur qu’il inflige. L’objectif ? Ces substances uniques pourraient révolutionner les traitements contre la douleur, le cancer et plus encore. Pour ces recherches, certains scientifiques donnent d’ailleurs d’eux-même, en se faisant piquer pour relater les effets avec plus de précision… À moins que ce soit parce qu’ils ne trouvent pas d’autre volontaire ?
Outre les recherches, plusieurs médicaments dérivés de venin sont d’ores et déjà disponibles en pharmacies, et vous en connaissez peut-être certains ! En parallèle, des techniques de médecine douce se développent sur la base de ces venins, comme une des branches de l’apithérapie, qui met la piqûre d’abeille au centre du soin. Des techniques qui doivent être testées dans un cadre sûr, pratiquées par des professionnels. Et qui ne peuvent pas se substituer à un suivi médical classique.
Le cas fascinant des piqûres d'abeilles
Andra Ceja a travaillé dans une école de médecine alternative où elle a appris l’apithérapie, au Mexique. Elle a testé sur elle-même cette science transmise par les populations indigènes et, enthousiasmée par les résultats, a adopté ces méthodes pour ses douleurs chroniques au genou.
La jeune femme nous détaille son expérience : “Je pratique l'apithérapie depuis des années et ça fonctionne à merveille pour moi ! L'apitoxine (venin d'abeille) est très utile pour la régénération du cartilage : mon genou gauche grince et craque beaucoup à cause de l'usure, due à l'âge, la marche, le vélo, le sport, la position prolongée debout au travail, etc. C'est donc un traitement que j'utilise lorsque je le juge nécessaire, et les résultats sont quasi immédiats ! En général, j’ai mal pendant deux ou trois jours, à cause de la réaction inflammatoire au venin d'abeille, puis tout disparaît presque instantanément”.
Andrea détaille le processus : “Je sais qu’il y a des médecins allopathes qui n'approuvent pas l'apithérapie, car ils préfèrent les injections de cellules-souches ou d'autres composants.... Mais il s'agit généralement de produits synthétiques. L'avantage de l'apitoxine, c’est qu'elle oblige le corps à travailler avec ce qu'il a : un composé externe entre, mais il est naturel, et le corps génère ses propres ressources en réponse. Il régénère ainsi la zone endommagée et combat le poison, tout en réduisant les autres douleurs.”
Un constat optimiste, que la jeune femme tempère par quelques bémols : “Tout d'abord, il faut être sûr de ne pas être allergique aux abeilles, sinon, ne testez pas ! Aussi, les résultats peuvent varier en fonction de la personne et de l’étendue de ses douleurs”. Enfin, une question plus philosophique s’empare d’Andrea suite à ces séances d’apithérapie : “Malheureusement, l'abeille meurt après avoir piqué... C'est pourquoi je traite celles qui m'aident dans mes traitements avec beaucoup de respect. Je les remercie de leur sacrifice pour ma santé, je les enterre près d'une belle plante ou de fleurs que les futures abeilles pourraient aimer (comme la lavande), pour nourrir les nouvelles générations.”
Diabète, hypertension… Toutes les utilisations du venin
Les abeilles ne sont pas les seules à nous libérer de la douleur grâce à leur venin ! Celui d’un escargot de mer de l’espèce Conidae a donné un médicament analgésique considéré comme mille fois plus puissant que la morphine. Son nom ? Le Prialt (ziconotide), injecté directement dans le fluide cérébro-spinal. Une alternative intéressante pour les patients réfractaires aux opioïdes, et lorsque l’on sait que les antalgiques sont les médicaments les plus vendus dans les pharmacies en France.
Outre les douleurs, certains composants du venin de ces escargots permettraient également d’inhiber la production de cellules cancéreuses, tout en laissant les cellules saines tranquilles. Ce sont, en tous cas, les recherches faites actuellement par plusieurs scientifiques à travers le monde. D’autres étudient des effets similaires attribuables au venin des serpents, des scorpions, ou même des tarentules...
Le venin de serpent est d’ailleurs déjà utilisé dans la fabrication d’un médicament contre l’hypertension artérielle : il s’agit du Captopril, issu du venin de Bothrops jararaca, originaire du Sud du Brésil et du Paraguay. Toujours en Amérique Latine, le Gila, un lézard venimeux du Mexique, nous prête sa salive pour la conception du Byetta Exénatide, un médicament qui diminue la glycémie chez les personnes atteintes de diabète de type 2. Et pour finir, n’oublions pas que les traitements contre les allergies aux piqûres sont constitués… Du venin allergène lui-même !
Témoignage d’Andrea Ceja
https://news.universite-paris-saclay.fr/actualites/v4cure-du-venin-de-serpent-pour-soigner-les-reins
https://www.umontpellier.fr/articles/du-venin-au-medicament
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15578997/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32682827/
https://www.vidal.fr/medicaments/albey-venin-guepe-vespula-120-mcg-pdre-solv-p-sol-inj-449.html
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