Vosges : des asticots découverts dans les doigts de pied d’une femme hospitaliséeIstock

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Le rendez-vous chez le médecin dermatologue a pris un tour inattendu. La fille d’une septuagénaire hospitalisée depuis plus de deux ans dans une unité de soins longue durée (USLD) du centre hospitalier Emile-Durkheim, à Golbey (Vosges) a découvert avec effroi que sa mère avait une dizaine d’asticots entre les orteils. “Lors de l’examen, près d’une dizaine d’asticots ont été découverts entre deux orteils de ma mère”, explique ainsi la femme à L’Est Républicain qui rapporte l’affaire. Choquée, elle a immédiatement déposé plainte pour “délaissement de personne vulnérable”. Son avocat, Me François-Xavier Wein, également contacté par le quotidien local, estime de son côté que “ce n’est plus de l’ordre d’une négligence ponctuelle, mais d’un dysfonctionnement structurel. La question se pose désormais sur la qualité globale de la prise en charge au sein de cet établissement”.

Qu’est-ce qu’une unité de soins longue durée ?

La famille de la septuagénaire rapporte en effet d'autres manquements dans les soins apportés à la patiente : utilisation de harnais inadaptés, coupures provoquées par des pansements mal posés, ou encore hospitalisations en urgence pour des ulcères insuffisamment traités. Pour rappel une unité de soins longue durée (USLD) est une structure d’hébergement et de soins destinées aux personnes “dont l’état nécessite une surveillance médicale constante”, note le ministère de la Santé qui ajoute que “les moyens médicaux qui y sont mis en œuvre sont plus importants que dans les Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes).”

Les enquêteurs du commissariat d’Epinal, en charge du dossier, devront ainsi déterminer si l’unité de soins longue durée est en cause et si tous ces manquements sont avérés. Pour l’heure, les premiers résultats de l’enquête tendent vers une plaie mal désinfectée et mal soignée qui pourrait expliquer la présence de la dizaine d’asticots entre les orteils de la septuagénaire.

Plaie mal désinfectée, quels sont les risques ?

Une plaie n’est jamais anodine. Surtout chez des personnes dont l’immunité n’est plus optimale, comme les personnes âgées ou les malades chroniques ou sous traitement médicamenteux. Le risque principal ? La surinfection qui peut évoluer vers une infection généralisée (septicémie), potentiellement mortelle. Certains signes qui montrent que la plaie cicatrise mal doivent ainsi obligatoirement amener à consulter et à renforcer les soins : plaie purulente, abcès, fièvre, zone chaude et rouge, douleur…

En amont, les soins primaires en cas de plaie, même superficielle, doivent être rigoureux : nettoyage à l’eau claire et au savon, désinfection et protection avec un pansement. Si la plaie est étendue ou profonde, il convient de consulter un professionnel de santé.

Connaissez-vous la larvothérapie ?

La mésaventure de cette femme vosgienne peut provoquer le dégoût, mais savez-vous que les asticots sont excellents pour désinfecter une plaie ? Cette technique ancestrale appelée larvothérapie ou asticothérapie a même connu ses heures de gloire pendant la Première Guerre mondiale. Dans un article paru en 2021 dans la revue Médecine des Maladies Métaboliques, le Pr Jean-Louis Schlienger, qui officie à la faculté de médecine du CHU de Strasbourg, explique que “l’efficacité et l’innocuité de cette alternative originale aux traitements conventionnels sont aujourd’hui bien démontrées”. Les larves (de mouche dans la plupart des cas) ont ainsi été largement utilisées dans le traitement des “ulcères du pied diabétique” pour lesquels “la larvothérapie s’avère aussi efficace que le débridement chirurgical (retrait des tissus nécrosés, ndlr) et les soins spécialisés des ulcères diabétiques”.