

« C’est une bonne nouvelle », se réjouit Mathilda, 50 ans, habitante de la ville d’Étampes, en Essonne. Son département fait partie des 20 ciblés par la Haute Autorité de santé pour l’expérimentation d’un accès direct chez le kinésithérapeute, sans passer par la case médecin. Depuis une vieille blessure au genou droit, il lui arrive régulièrement de devoir voir ce professionnel de santé paramédical pour quelques séances. « Il est parfois très compliqué de trouver un rendez-vous avec mon médecin généraliste, notamment à cause de mes horaires de travail décalés », explique cette quinquagénaire.
Cette expérimentation concerne uniquement les kinésithérapeutes qui font partie d’un centre professionnel de santé (CPTS) et seuls deux cas de figure sont éligibles. « Le patient doit disposer d’une ALD, d’un compte rendu des urgences ou opératoire, ou d’une prescription médicale antérieure en lien avec la prise en charge masso-kinésithérapique. S’il ne possède pas de diagnostic médical préalable, huit séances de kinésithérapie pourront être réalisées au maximum dans l’attente d’une prescription médicale », précise le communiqué du ministère de la Santé.
Faciliter l'accès aux soins et désengorger les hôpitaux
L’objectif de cette mesure est de faciliter l’accès aux soins de kinésithérapie pour les patients qui ne disposent pas d’ordonnance et dont la demande ne nécessite pas de consultation médicale. Tout ça dans les zones où les délais d’attente pour voir un médecin généraliste sont souvent très longs.
Cette annonce réjouit la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs. « Il s’agit d’une avancée majeure pour l’autonomie professionnelle des kinésithérapeutes et d’une étape décisive vers une généralisation de l’accès direct sur l’ensemble du territoire », a également réagi la fédération. Le patient pourra toutefois être réorienté vers son médecin généraliste ou les services des urgences à tout moment si le masseur-kinésithérapeute l’estime nécessaire.
Les médecins généralistes saluent pour beaucoup cette mesure, mais appellent à la prudence. « On va arriver chez le kiné sans diagnostic. Donc il est important pour le kiné de faire un interrogatoire précis et de ne pas passer à côté d’autre chose. Il peut y avoir quand même quelques pièges », explique sur France 3 Régions Romain Figuères, médecin généraliste et secrétaire de l’Ordre des médecins dans l’Aude.
Un niveau de remboursement égal
Pas d’inquiétude niveau remboursement : il ne sera pas entravé par l’expérience. Les actes qui étaient déjà remboursés par la Sécurité sociale avant le seront même sans la prescription du médecin.
Actuellement au stade d’expérimentation, la mesure a cinq ans pour convaincre les autorités de santé et ensuite être généralisée. « Cette expérimentation, prévue par la loi Rist 2, doit permettre d’évaluer dans quelle mesure l’accès direct aux masseurs-kinésithérapeutes améliore l’accès aux soins », conclut le communiqué.
Pour connaître les départements concernés, voici un diaporama par région.
Occitanie

Les départements de l’Aude, du Gers et du Tarn sont concernés par la mesure. « Le département de l’Aude est le quatrième le plus pauvre de France et quelque 30 000 personnes sont sans médecin traitant. Nous tenions à ce que ce département figure dans l’expérimentation, on a beaucoup poussé en ce sens », se félicite auprès de Midi Libre le représentant des kinésithérapeutes.
Nouvelle-Aquitaine

En Nouvelle-Aquitaine, les patients vivant dans le département des Deux-Sèvres peuvent désormais prendre rendez-vous avec un kiné sans médecin s’ils remplissent les deux critères définis ci-dessus.
Bretagne

Les Côtes-d’Armor sont le seul département de Bretagne concerné.
Corse

La Haute-Corse entre également dans l’expérimentation.
Grand Est

Dans la région du Grand Est, les kinésithérapeutes du Haut-Rhin et de la Meurthe-et-Moselle peuvent désormais ouvrir leurs créneaux de rendez-vous à ces patients.
Auvergne-Rhône-Alpes

L’Isère et le Rhône sont les deux départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes concernés.
Centre-Val de Loire

Le Loiret est le seul département du Centre-Val de Loire concerné.
Outre-mer

En outre-mer, la Martinique, Mayotte et La Réunion entrent dans l’expérimentation.
Nord-Pas-de-Calais

Le département du Nord est concerné.
Normandie

La Seine-Maritime fait partie des 20 départements ciblés par la HAS.
Côte d’Azur

Le Var est le seul département de la Côte d’Azur à entrer dans cette expérimentation.
Pays de la Loire

La Vendée est le seul département des Pays de la Loire concerné.
Bourgogne-Franche-Comté

En Bourgogne-Franche-Comté, le département de l’Yonne apparaît sur la liste.
Île-de-France

Pour finir avec la région Île-de-France, les Yvelines sont éligibles.