Dioxyde de titane : ce cancérigène connu retrouvé dans le lait ! Istock

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Avez-vous déjà entendu parler du dioxyde de titane ? Largement utilisé dans l’industrie alimentaire (sous la forme de l’additif E171, jusqu’à son interdiction en France en 2020 puis dans l’Union européenne en 2022) et cosmétique, le dioxyde de titane (ou TiO2) est un “composé nanoparticulaire et microparticulaire” apprécié par les industriels pour ses propriétés opacifiantes et blanchissante. C’est pourquoi, même s’il n’est plus - en principe - possible de le consommer via l'alimentation, on le trouve encore dans de nombreux produits, notamment des peintures et plastique, mais surtout dans certains dentifrices, crèmes solaires, maquillage (rouge à lèvre notamment) et même médicaments. Ce qui pose question, alors qu’il est interdit dans l’alimentation.

Dioxyde de titane : alopécie, irritations oculaires, cancers… ses possibles effets sur notre santé !

L’année dernière nous avions d’ailleurs rencontré Véronique, qui nous avait raconté comment le dioxyde de titane contenu dans sa crème solaire lui avait provoqué une alopécie frontale fibrosante qui se traduit par un perte de cheveux frontale (la ligne de cheveux “recule”). Vous pouvez relire son histoire complète ici

Mais Véronique n’est pas un cas isolée. De nombreuses personnes ont pu expérimenter ce type de problèmes de santé ou d’autres effets indésirables (irritations oculaires par exemple), et les scientifiques ont plusieurs fois alerté sur le potentiel cancérigène du dioxyde de titane.

En 2006, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé le dioxyde de titane (TiO₂) comme cancérogène possible pour l’homme (Groupe 2B)”, rapporte le Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard. Et ce quelle que soit sa forme. Son exposition, qu’elle soit donc par voie orale ou par voie cutanée, est délétère et augmente le risque de cancer du poumon, de la peau et du côlon (selon les travaux publiés, d’autres types de cancers pourraient s'ajouter à la liste). Ce nouveau rapport réalisé et publié par des scientifiques français est un second pavé dans la marre : nous serions bien plus exposés au dioxyde de titane qu’escompté.

Du dioxyde de titane dans les sols, l’air, les lacs et rivières, les nappes phréatiques…

Il y en a partout ! Et c’est justement pour évaluer l’impact de ce composé toxique que les chercheurs de l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement), de l’AP-HP (hôpitaux publics) du synchrotron SOLEIL (laboratoire de recherche) et du CNRS (Centre national de recherche scientifique) ont étudié de plus près la quantité de dioxyde de titane dans “le lait humain et d’animaux et dans le lait infantile, le lait étant le reflet de l’exposition maternelle et la nourriture essentielle et irremplaçable des nouveau-nés”. Les résultats de cette grande enquête ont été publiés le 23 juillet dans la revue Science of the Total Environment.

Les laits français largement contaminés avec le dioxyde de titane

L’analyse des échantillons révèle la présence de nanoparticules de titane dans 100 % des laits animaux (frais ou en poudre, issus de vaches, d’ânesses ou de chèvres, en agriculture biologique ou conventionnelle) et dans 83 % des laits infantiles analysés (issus du commerce, en agriculture biologique ou conventionnelle)”, détaille le communiqué de presse des chercheurs de l’INRAE. Au total, 6 millions à 3,9 milliards de particules de titane ont été détectées par litre de lait infantile, et 16 à 348 millions par litre dans les laits animaux.

Plus étonnant, les nanoparticules de dioxyde de titane ont même été repérés… dans le lait maternel, le TiO2 étant capable de passer la barrière de la glande mammaire. “Cet état des lieux de la contamination actuelle des laits reflète le niveau d’exposition des nouveau-nés et des mères, mais également des consommateurs adultes de lait”, s’inquiètent encore les scientifiques. “Il faut se poser la question des effets sur les organes du nouveau-né et des consommateurs qui sont exposés à tout âge” insiste auprès de l’AFP Anne Burtey, qui a supervisé l’étude, et qui appelle à de nouveaux travaux pour connaître plus précisément les effets sur le long terme de ces expositions croisées.