Stéphane, 61 ans : Image d'illustrationIstock

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Vacances et dialyse, deux mots qui ne sont pas incompatibles mais qui nécessitent une certaine organisation. Pour Stéphane, depuis huit ans, sa vie est synonyme de planification. En attente de greffe rénale, ses semaines se divisent en deux temps : la dialyse d’un côté et ses activités personnelles de l’autre. Mais en période estivale, les complications se font sentir. Sa maladie ne laisse pas de place à la spontanéité. « J’ai dit adieu aux imprévus et à la magie des décisions de dernière minute depuis le début de mon insuffisance rénale », raconte-t-il.

Ce Parisien de 61 ans se rend quatre jours par semaine à une séance de dialyse. « Je suis accompagné dans une clinique proche de mon domicile. Je choisis toujours le créneau de 18 heures pour me laisser le temps, la journée, de faire mes activités personnelles », explique-t-il. Il faut le dire, les quatre heures de dialyse sont une source de fatigue importante. « L’avantage de finir la journée par une dialyse, c’est qu’après je rentre chez moi et n’ai plus grand-chose à faire », exprime-t-il.

Réserver les centres de dialyse plusieurs mois à l’avance

Mais à l’approche des vacances, tout se bouscule. Pour les réservations des séances de dialyse, il est important de déterminer le plus tôt possible la période, le lieu ou la région choisie. « En France, c’est très compliqué. Les centres privilégient les patients de la région. Il faut réserver plus d’un an à l’avance », déplore Stéphane.

Dans les autres pays de l’Union européenne, c’est plus simple. « Je suis parti en Grèce l’année dernière, j’ai appelé le centre de dialyse de la ville la plus proche un mois avant mon arrivée et ils avaient des créneaux », précise-t-il. « Depuis quelques années, je pars aussi tous les ans au Maroc. Chez eux, c’est très rapide et ils prennent en compte le prix de remboursement de la Sécurité sociale », souligne Stéphane.

Un reste à charge important selon les pays

Parce que oui, il faut le dire, une séance de dialyse coûte beaucoup d’argent. En France, il faut compter environ 400 euros par séance. Elles sont évidemment prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Mais quand on part à l’étranger, c’est différent. « Sur le Vieux Continent et avec la carte européenne d’assurance maladie, les séances sont intégralement remboursées si le pays a signé une convention spécifique. Mais hors Union européenne, il y a un forfait de 86,95 euros remboursés par séance. Alors quand c’est une séance à 400 euros et qu’il y en a quatre par semaine, c’est impossible », livre Stéphane.

« Le système n’est pas simple. Nous avons des soins chroniques et pourtant on a le même système que les gens qui ont une consultation unique à l’étranger. Et le reste à charge n’est pas normal. Ce n’est pas avec notre aide d’adulte handicapé que l’on peut voyager comme tout le monde »

C’est la raison pour laquelle il choisit aujourd’hui le Maroc pour déposer ses valises en période estivale. « L’hôpital qui réalise mes séances de dialyse sur place a eu l’intelligence de plafonner ce soin au même tarif que la Sécurité sociale pour qu’il ne reste aucun reste à charge au patient », se réjouit-il. « Il faut quand même encore s’armer de patience. L’Assurance maladie met environ quatre mois pour nous rembourser intégralement et ça demande des démarches administratives importantes. »

Des démarches administratives qui n’en finissent plus

Parce que la France est la reine des procédures sans fin, il faut en effet ne pas avoir de phobie administrative. Selon le site Ameli, un avis favorable de l’organisme de remboursement est possible et « se matérialise par la demande d’un accord administratif de prise en charge de la caisse d’Assurance maladie avant le départ. » D’autres papiers s’ajoutent à celui-ci : une autorisation du médecin néphrologue, et une facture du centre de dialyse sur le lieu de vacances. « Cette facture est à envoyer à la sécu et ensuite vous avez l’accord de partir. Mais un conseil, envoyez la demande par mail si vous voulez une réponse avant votre retour », sourit Stéphane.

« À votre retour en France, vous devez transmettre vos factures originales acquittées et un justificatif de paiement probant (par exemple : une preuve de débit de chèques, un relevé de compte attestant d’un retrait en espèces correspondant au montant de la dépense.) à votre caisse d’Assurance maladie, accompagnés du formulaire S3125 Soins reçus à l’étranger et de l’accord administratif de prise en charge », précise l’Assurance maladie sur son site. S'ajoute à cela, un document Cerfa de soins à l’étranger, et une copie des billets d’avion

Stéphane déplore la complexité du remboursement pour un soin sans lequel il ne pourrait pas vivre. « Le système n’est pas simple. Nous avons des soins chroniques et pourtant on a le même système que les gens qui ont une consultation unique à l’étranger. Et le reste à charge n’est pas normal. Ce n’est pas avec notre aide d’adulte handicapé que l’on peut voyager comme tout le monde. » Pour ce quinquagénaire, passer l’océan, ce n’est même pas envisageable.

Sources

Témoignage Stéphane

https://www.ameli.fr/assure