Botulisme : l'une des six retraités hospitalisés à la mi-juillet après avoir consommé un gâteau maison est décédée Istock

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Ils ont mangé un gâteau à la carotte, un simple gâteau à la carotte. Six retraités avaient été hospitalisés plus tôt en juillet pour une suspicion d'intoxication à la toxine botulique, dans la région de Cholet. C'est l'Agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire qui avait sonné l'alerte sur ce cas groupé.

Botulisme : une femme de 78 ans décède des suites de l'intoxication ce 28 juillet 2025

On apprend cette semaine qu'une des personnes hospitalisées, une retraitée de 78 ans, est décédée dans la nuit de lundi 28 au mardi 29 juillet à Jallais (Beaupréau-en-Mauges) et qu'une autre reste hospitalisée dans un état préoccupant. La femme décédée est, selon nos confrères de Ouest France, celle qui avait préparé le carrot cake, avec des carottes en conserve maison, également confectionnées par ses soins.

Que sait-on précisément pour l’heure ? Que les six personnes qui avaient hospitalisées ont développé des symptômes entre le 7 et le 14 juillet, après avoir mangé, à des moments différents, ce fameux gâteau à la carotte.

Carottes qui, visiblement, contenaient la terrible toxine botulique, responsable d’intoxications alimentaires sévères, pouvant aller jusqu'au décès. “Les investigations réalisées auprès des personnes malades et de leurs proches" avaient permis d'identifier rapidement l'origine de l'intoxication Depuis,"les analyses réalisées sur les autres bocaux consommés ont toutes donné des résultats négatifs, ce qui confirme que la contamination était limitée à un seul bocal" a précisé l'ARS . De son côté Éric Bouillard, procureur d'Angers a annoncé auprès de nos confrères de BFMTV l'ouverture d'une enquête en recherche des causes de la mort, mercredi 30 juillet.

Contrairement aux derniers cas d’intoxication à la toxine botulique qui avaient défrayé la chronique, il s’agit ici d’un aliment maison, non commercialisé. Il est utile de mentionner ici que la toxine botulique se développe dans des environnements privés d’oxygène (conserves, salaison, charcuteries…).

Botulisme : des scénarios qui se répètent

Rappelez-vous, il y a deux ans, en pleine coupe du monde de rugby, une jeune trentenaire était décédée à Bordeaux après avoir mangé des sardines artisanales dans un restaurant de la ville. Plus récemment, en septembre de l’année dernière, ce sont cinq tourangeaux qui étaient hospitalisés en réanimation après avoir consommé du pesto à l’ail des ours au cours d’une soirée d’anniversaire. Un produit artisanal, encore une fois. Quatre des cinq personnes tombées malades, âgées de 32 à 36 ans, étaient encore hospitalisées en janvier 2025, soit quatre mois après l'intoxication !

La toxine botulique peut entraîner une hospitalisation de plusieurs mois

Car la toxine botulique, Clostridium botulinum, qui provoque une paralysie musculaire plus ou moins étendue et impose des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée, est du genre tenace. Interrogé par nos confrères de France bleu Touraine (Ici), le professeur Pierre-François Dequin, qui suivait les cas à l'hôpital Bretonneau de Tours expliquait alors : "Il y a des progrès de récupération musculaire. Elle est encore très imparfaite pour certains d'entre eux, mais le fait de pouvoir bouger un petit peu plus, le fait de pouvoir déjà communiquer au moins par le visage ou par des petits mouvements de la main, ça prouve que petit à petit, dans certains groupes musculaires, la toxine est en train de partir. La paralysie neuromusculaire altère aussi le fonctionnement du tube digestif. Donc le fait que le tube digestif fonctionne mieux, qu'on puisse les alimenter de façon plus simple, c'est un gros point positif. On a l'expérience de situations de maladies paralysantes qui peuvent durer des mois et qui sont réversibles donc il faut garder espoir. À un moment donné, la toxine part, mais elle s'accroche avant de partir".

Botulisme : pourquoi faut-il agir au plus vite ?

L’administration d’anti-toxine botulique dans les heures ou les premiers jours après le début des symptômes peut permettre de raccourcir le temps d’hospitalisation”, explique Santé publique France. Et réduire ainsi les risques de séquelles. “La grande majorité des malades pris en charge sans délai guérissent sans séquelles, mais la durée du traitement et de la convalescence peut durer plusieurs mois”, détaillent encore les autorités sanitaires. Une étude présentée lors du congrès de la Société de réanimation de langue française (SRLF) à Paris en janvier 2019 répertoriant tous les cas de botulisme en France entre 2000 et 2017 indique toutefois de son côté que les séquelles, entraînant un handicap modéré ou plus, concernent “43% des patients à la sortie de réanimation, 22% à la sortie de l'hôpital et 10% lors du dernier suivi”.

Ces signes indiquent une suspicion de botulisme

Voilà pourquoi il faut être particulièrement attentif aux symptômes dans les jours qui suivent l’intoxication (la durée d’incubation de la toxine est de quelques heures). Lesquels symptômes sont les suivants, liste l'Organisation mondiale de la santé : une fatigue marquée, une faiblesse et des vertiges, habituellement suivis de troubles de la vision, d’une sensation de bouche sèche et de difficultés de déglutition et d’élocution. Des signes digestifs peuvent s’inviter aussi dans l’équation : vomissements, diarrhée, constipation, gonflement abdominal… “La maladie peut évoluer en donnant une sensation de faiblesse dans la nuque et les bras, après quoi les muscles respiratoires et les muscles de la partie inférieure du corps sont touchés”, indique l’OMS. En revanche, une intoxication à la toxine botulique ne provoque “ni fièvre, ni perte de conscience”.