
Lors de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson début avril dernier, l'association France Parkinson alertait sur la progression alarmante de la maladie ces dernières années. La maladie de Parkinson devrait ainsi “connaître une croissance substantielle dans les décennies à venir au niveau mondial, apprend-on dans le communiqué de presse diffusé alors. En 2021, près de 12 millions de personnes étaient concernées à travers le monde, chiffre initialement prévu pour 2040. D’ici à 2050, le nombre de malades devrait atteindre 25,2 millions , soit une hausse de 112% par rapport à 2021.”
Les coupables ? Le vieillissement de la population mais aussi notre environnement, car l’on sait aujourd’hui avec certitude que certains polluants sont impliqués dans la maladie.
“La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente en France, après la maladie d’Alzheimer, appuie de son côté l’Inserm. Elle constitue une cause majeure de handicap chez le sujet âgé. Très rare avant 45 ans, la fréquence de la maladie de Parkinson augmente en effet dans les tranches d’âge plus élevées, avec un pic entre 85 et 89 ans.”
Parkinson : des symptômes pas toujours spécifiques et (souvent) longs à être diagnostiqués
La maladie de Parkinson évolue lentement, de manière insidieuse, souvent sans symptômes visibles avant que la maladie soit bien installée. Les scientifiques essaient depuis plusieurs années de décrypter la progression de la maladie et de débusquer des signes avant-coureurs, ce qui permettrait une prise en charge précoce plus efficace. “La phase préclinique de la maladie, avant l’apparition des premiers symptômes, dure probablement plusieurs années, explique encore l’Inserm. Pendant cette période, le cerveau compense la baisse de dopamine par des processus de plasticité qui permettent un fonctionnement cérébral normal.”
Résultat ? Les signes spécifiques de Parkinson apparaissent quand 50 à 70 % des neurones à dopamine sont détruits. Ses signes sont principalement moteurs (tremblements au repos, lenteur des mouvements, raideurs, difficultés dans les gestes fins comme l’écriture). Autre difficulté : l’évolution de la maladie n’est pas forcément linéaire, avec des phases que l’on appelle “on” et “off”, pas toujours faciles à prévoir.
Que nous apprend cette nouvelle étude ?
Cette étude menée par une équipe de neuroscientifiques du King's College London en Angleterre et publiée juste avant l’été dans la revue Gut Microbes, décrypte le lien entre “les bactéries buccales et intestinales, et la progression du déclin cognitif dans la maladie”, indique Santé Log, le médias des professionnels de santé, qui relaie les travaux.
Plus précisément, les chercheurs ont analysé “les bactéries intestinales et buccales collectées dans 228 échantillons de selles et de salive, de 2 groupes de patients atteints de la maladie de Parkinson, des patients présentant un déclin cognitif léger et des patients atteints de démence”. Les résultats ont été comparés à ceux d’un groupe témoin, ne présentant pas la maladie de Parkinson. Le but ? Déterminer les différents stades de la maladie via les bactéries buccales et intestinales. “Chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, les troubles cognitifs constituent l'un des symptômes non moteurs les plus fréquents, mais leur développement (...) reste flou, ce qui complique le diagnostic précoce des personnes à risque”, détaillent les chercheurs anglais.
Parkinson : ces bactéries présentes dans la bouche renseignent sur la progression de la maladie
Les résultats de ces travaux sont à la fois novateurs et très intéressants : les scientifiques ont trouvé dans les intestins des malades présentant des troubles cognitifs des bactéries spécifiques provenant de la bouche qui jouent un rôle actif dans la progression de la maladie, les chercheurs ont même pu déterminer grâce à l’IA (intelligence artificielle) les souches concernées. “Ces toxines pourraient servir de marqueurs biologiques pour identifier les patients présentant un risque accru de démence liée à la maladie de Parkinson”, écrivent les auteurs. À l'avenir, elles pourraient également être la cible de nouveaux traitements visant à protéger le cerveau en régulant le microbiote intestinal”. En attendant, les chercheurs insistent sur l’intérêt d’une parfaite hygiène bucco-dentaire, pour freiner la prolifération de ces bactéries.
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/19490976.2025.2506843
https://www.franceparkinson.fr/wp-content/uploads/2025/04/DP-Journee-Mondiale-2025.pdf
https://www.inserm.fr/dossier/parkinson-maladie/
https://institutducerveau.org/fiches-maladies/maladie-parkinson/levolution-maladie-parkinson
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