Tuberculose : 2 nouveaux antibiotiques, moins toxiques, arrivent sur le marché Istock

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La tuberculose est l’une des 10 premières causes de mortalité dans le monde et entraîne 1,8 million de décès chaque année, note le ministère de la Santé. Si la maladie, après avoir fait des ravages en France, est devenue plus rare ces dernières années (en grande partie grâce à la vaccination, le BCG), elle continue de faire des victimes en Europe et en France. “En 2023 en France métropolitaine, 4 700 cas de tuberculose ont été déclarés soit une incidence de 7,1 cas pour 100 000 habitants”, détaille ainsi l’Agence régionale de santé (ARS) d’Aquitaine à l’occasion de la Journée mondiale de la tuberculose fin mars dernier. Fin novembre 2024, c'est toute l’université de Rouen en Seine-Maritime qui avait été sous pression avec un cas diagnostiqué et 70 cas contact parmi les élèves et les professeurs. De quoi déclencher aussitôt une campagne de dépistage (radio éventuellement complétée par une prise de sang) car la maladie est contagieuse et “une personne non traitée peut contaminer 10 à 15 personnes par an” précise l’Inserm. La maladie se transmet par micro sécrétions dans l’air, un malade peut ainsi en contaminer d’autres simplement en parlant, toussant, éternuant ou même chantant. Il est donc impératif d’isoler les patients.

Plus étonnant encore, certaines personnes peuvent contracter une forme “dormante”, qui impose un suivi sur le long terme.

Chez environ neuf personnes infectées sur dix, le bacille peut rester “dormant” pendant des années, sans provoquer de symptômes ni de contagion. On parle alors de tuberculose latente. Dans 5 à 10 % des cas, le bacille finit cependant par se réactiver, entraînant alors le développement d’une tuberculose active (ou “tuberculose-maladie”), symptomatique et contagieuse”, détaille ainsi l’Inserm.

Qu’est-ce au juste que la tuberculose ?

Le bacille de Koch, cela vous dit quelque chose ? Certainement. C’est justement cette bactérie, la Mycobacterium tuberculosis, qui est impliquée dans la maladie. On la connaît sous son nom de Koch, le médecin allemand qui la découvrit à la fin du 19ème siècle (pour la petite histoire, cela lui valu d’ailleurs d’obtenir le Prix Nobel de médecine).

Dans la majorité des cas, cette infection affecte les poumons (on parle de tuberculose pulmonaire) et se manifeste par des troubles respiratoires, notamment une toux intense et chronique, éventuellement accompagnée de crachats (parfois sanglants) ou un essoufflement, des difficultés respiratoires. Parallèlement, les malades peuvent souffrir de :

  • Douleurs dans la poitrine.
  • D’une fièvre, modérée mais persistante, souvent accompagnée de sueurs nocturnes.
  • D'une perte de poids inexpliquée.
  • D’une faiblesse générale.

Peut-on guérir la tuberculose ?

La tuberculose se traite bien aujourd’hui, grâce aux antibiotiques. A la condition de suivre scrupuleusement le traitement - entièrement pris en charge par l’Assurance maladie - qui dure six mois. Cette condition est très importante car elle permet de prévenir les formes résistantes de la maladie, prévient ainsi le ministère de la Santé. Or les formes résistantes (c'est-à-dire que le traitement antibiotique habituel ne fonctionne pas) peuvent tourner au casse-tête thérapeutique. “Le nombre de personnes atteintes de tuberculose résistante aux antibiotiques est en constante augmentation dans le monde”, constate l’Inserm. Ces formes résistantes posent d’autant plus problème que les médicaments employés pour en venir à bout sont particulièrement toxiques et lourds en effets secondaires indésirables. Dans ces conditions, les résultats de cette étude menée par des chercheurs néerlandais et publiée dans le Lancet Infectious Diseases vont changer la donne.

Deux nouveaux traitements pour contrer les formes résistantes

Depuis 2022, la combinaison d’antibiotiques utilisés dans les formes récidivantes inclut le linézolide “qui joue un rôle crucial dans le traitement de première intention de la tuberculose pharmacorésistante à l'échelle mondiale”, détaillent les chercheurs hollandais. Le problème ? Son utilisation prolongée peut entraîner une toxicité, notamment neurologique et hématologique. “Malgré son efficacité, le linézolide est tout simplement trop toxique pour de nombreux patients, note l’un des chercheurs à l’origine de l’étude, le Dr Norbert Heinrich. Nous avons un besoin urgent d'alternatives plus sûres dans cette classe d'antibiotiques”.

Cette étude clinique a donc testé la toxicité et l'efficacité de deux autres médicaments, le sutezolid et le delpazolid (qui appartiennent tous les deux à la classe des oxazolidinones, comme le linézolide) et ces résultats sont prometteurs. “La diminution des effets secondaires observés avec le sutezolide et le delpazolide constitue une avancée significative : elle nous rapproche de traitements antituberculeux à la fois efficaces et plus faciles à tolérer pour les patients”, concluent les chercheurs.