Prostate : les cancers de “bas grade” plus agressifs ? Istock

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Le cancer de la prostate, le plus courant en France devant le cancer du poumon avec près de 60 000 cas nouveaux tous les ans, est un cancer de bon pronostic, avec des chances de guérison de l’ordre de 90 %. Ces chiffres sont toutefois à nuancer en fonction du stade du cancer, qui dépend de différents facteurs comme sa capacité à diffuser, sa typologie (le grade notamment), la précocité du diagnostic, etc. Les stades renseignent de l’évolution de la maladie. On distingue généralement quatre stades, les stades 1 et 2 correspondent à des formes localisées du cancer, les stades 3 et 4 aux formes qui ont diffusé, et donc plus avancées.

Plus précisément, le centre d’oncologie finistérien détaille : “Dans le stade I, la tumeur est de petite taille et demeure confinée à la moitié d’un lobe de la prostate.

Au stade II, la tumeur peut occuper un lobe entier de la prostate (stade IIA), ou envahir les deux lobes (stade IIB).” Un cancer de la prostate de grade 3 indique que la maladie a migré vers les organes voisins (les tissus adjacents, la vessie, le rectum…) mais sans diffuser dans le reste de l'organisme. A la différence du cancer de la prostate de stade 4 qui “n’est plus localisé. Il a envahi les ganglions lymphatiques et/ou s’est disséminé dans l’organisme, formant alors des métastases.” Point essentiel pour juger ou non de l’agressivité de la tumeur et donc affiner son stade : le grade, déterminé lors de la biopsie.

Cancer de la prostate : les grades de la tumeur sont-ils fiables ?

Déterminer le grade de la tumeur après la biopsie (via le score de Gleason) est un point clé de la prise en charge, c’est souvent ce qui va orienter, post-chirurgie, le traitement qui sera mis en place. Or, une étude publiée le 31 juillet de cette année dans la revue JAMA Oncology et menée par l'école supérieure de sciences biomédicales de l'Université Cornell, située à New York a révélé qu'un homme sur six atteint d'un cancer de catégorie GG1, autrement de grade 1, le moins grave, se révèle être atteint ”d'un cancer à risque intermédiaire ou élevé lorsque d'autres caractéristiques cliniques sont prises en compte, en plus des résultats de la biopsie”.

Jusqu’à 30 % des patients présentant un cancer de grade 1 appartiennent en réalité à un grade/stade plus élevé !

Pour les auteurs de l’étude, se limiter au grade fausse le pronostic et peut induire une moins bonne efficacité des traitements. “Nous ne voulons pas passer à côté de cancers agressifs qui se présentent initialement comme de catégorie 1 à la biopsie, a ainsi déclaré le Dr Bashir Al Hussein , co-auteur principal et professeur adjoint d'urologie à l’université Cornell Medicine. Une telle sous-estimation du risque pourrait entraîner un sous-traitement et des résultats défavorables.”

Cancer de la prostate : des traitements de plus en plus personnalisés

Pour parvenir à ces résultats, les médecins américains ont passé au crible les données sur dix années d’environ 300 000 hommes chez qui un cancer localisé à la prostate de grade 1 (GG1) avait été diagnostiqué. Résultats ? Jusqu’à 30 % des patients présentant un cancer de grade 1 appartenaient en réalité à un grade/stade plus élevé ; autrement dit, un cancer plus agressif que ne le laissait supposer le grade. Ces découvertes vont à l’encontre de certaines théories qui “soutiennent que la plupart des tumeurs classées GG1 se développent lentement et se propagent rarement ou sont rarement nocives”, alertent les chercheurs américains qui préconisent une surveillance active rapprochée pour tous les stades et grades de gravité du cancer de la prostate, y compris ceux à faible risque.