Le nombre de comprimés dans les boîtes de médicaments contre l'insomnie vont réduireImage d'illustrationIstock

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L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé, lundi 30 juin 2025, qu’elle allait réduire le nombre de comprimés dans les nouvelles boîtes de benzodiazépines prescrites pour l’insomnie. L'objectif : « limiter un usage abusif qui persiste » en France, précise l’Agence France-Presse (AFP). L’agence sanitaire a ainsi exigé que les laboratoires qui vendent la zopiclone, le zolpidem ou le nitrazépam mettent sur le marché des boîtes plus petites, avec « cinq à sept comprimés seulement, ce qui couvre une semaine de traitement », précise un communiqué.

« Ces médicaments sont toujours trop souvent mal utilisés. Ils sont en général pris plus longtemps que la durée recommandée, qui est de quelques jours à trois semaines », rappelle l’ANSM dans un communiqué. Or, si l’indication n’est pas respectée, le risque de dépendance s’accentue. « Réduire le nombre de comprimés par boîte, c’est limiter le risque d’usage prolongé et donc de dépendance », ajoute l’agence.

Un risque de mésusage important

Commercialisées depuis les années 1960, les benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central. Elles ont deux indications : les troubles du sommeil et l’anxiété. Xanax, Lexomil, Temesta, Imovane, Stilnox : tous présentent des risques s’ils ne sont pas pris dans le respect des conditions d’utilisation.

La France est le 2ᵉ pays d’Europe le plus consommateur de benzodiazépines, avec plus de 9 millions de personnes qui en prennent quotidiennement. Leur but : soulager les symptômes causés par les troubles du sommeil. Mais les spécialistes le rappellent : ces traitements ne sont pas censés soigner la problématique. « Ils doivent être prescrits sur une courte durée, de quelques jours à trois semaines maximum, car ils exposent à un risque de dépendance, d’accidents de la route ou de chantier, à des problèmes de mémoire ou à des chutes », avertit l’ANSM. Elle recommande donc « aux médecins de limiter les prescriptions à de courtes durées » et « aux pharmaciens de délivrer ces petits conditionnements dès que c’est possible ».

Dans sa campagne « Les médicaments et moi : Focus benzodiazépines », lancée le 9 avril 2025, l’agence alertait sur le risque d’un usage prolongé. Cela concernerait près de 40 % des patients traités par ces médicaments psychotropes. Un seul comprimé peut avoir des conséquences graves en cas d’abus : dépendance, pertes de mémoire, chutes, accoutumance… Plus le traitement dure longtemps, plus le risque d’effets indésirables est élevé. « Les benzodiazépines entraînent aussi des accidents de la route ou du travail, ce qui est loin d’être négligeable », avertit le Dr Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM.

Les seniors de plus de 65 ans sont les plus concernés. C’est aussi la population qui consomme le plus de médicaments au quotidien. « Si une personne sous antihypertenseur a une tension basse le soir et prend aussi une benzodiazépine, le risque d’hypotension sévère et de chute augmente fortement », explique la Pr Catherine Paugam-Burtz.

L’ANSM rappelle qu’il ne faut jamais arrêter brutalement ce type de traitement. « Il faut un suivi régulier avec le médecin pour diminuer le dosage peu à peu », insiste la Pr Catherine Paugam-Burtz. Des alternatives comme la mélatonine peuvent être envisagées, sur avis médical, pour aider les 15 % de Français qui ont du mal à dormir.