
Aidants ou malades, anonymes ou célébrités, ils étaient neuf à témoigner dans une nouvelle série de films “Territoires de l’intime” dévoilés début juin par l'association France Alzheimer et maladies apparentées.
Alain et Sylvain, malades, Denise et à Augustin, aidants mais aussi des noms connus comme Sami Bouajila, Alain Chamfort, Thierry Frémont, Didier Morville (JoeyStarr) et Loïck Peyron… tous se sont livrés à cœur ouvert.
Car il faut parler, encore et encore, de cette pathologie qui fait peur et véhicule nombre d’idées reçues. Mais aussi parce que les Français touchés, parce qu’ils ont la maladie ou parce qu’ils accompagnent un de leur proche malade, sont de plus en nombreux. On compte ainsi plus de 35 millions de malades dans le monde et selon les prévisions de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes ayant Alzheimer devrait doubler tous les vingt ans et atteindre plus de 80 millions de cas en 2040.
Alzheimer : il faut communiquer sur le quotidien des malades et de leurs proches
“Dès la création de l’association (France Alzheimer, ndlr), l’une des urgences qu’elle s’est donnée a été de sortir ces pathologies de l’ombre et de lutter contre les préjugés, afin de bâtir, ensemble, une société plus inclusive”, explique le président de l’Union nationale France Alzheimer et maladies apparentées, Joël Jaouen. “Ce travail de sensibilisation du grand public et d’information est essentiel, pour le bien des familles. Il faut en parler, de ces maladies, pour de nombreuses raisons. La peur du regard de l’autre, la crainte d’être stigmatisé, peut notamment pousser les personnes malades à s’isoler, voire à retarder l’annonce du diagnostic. Or, au plus tôt celui-ci est posé, au mieux le parcours de soin et l’accompagnement peuvent être adaptés.” Poser un diagnostic précoce est d’autant plus important aujourd’hui que la recherche avance sur les traitements, et que de nouvelles molécules sont efficaces pour ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer.
Biomédicament : quelles sont les nouvelles options thérapeutiques pour Alzheimer ?
Depuis quelques années déjà, les biomédicaments représentent une option thérapeutique de choix dans le traitement d’Alzheimer. Jusqu’ici la prise en charge médicamenteuse s’articulait essentiellement autour des inhibiteurs de la cholinestérase (Donepezil (Aricept), Rivastigmine (Exelon), Galantamine (Réminyl)) mais ces “traitements symptomatiques sont faiblement efficaces, l’effet est dépendant de la dose et les effets indésirables sont nombreux - nausées, vomissements, diarrhée, anorexie, troubles de la conduction cardiaque (ECG à faire avant souvent) -, déplore le Pr Frédéric Blanc, neurologue Chef de service Gériatrie, Maladies neurologiques à expression motrice et cognitive, Neurologie, Neuropsychologie et co-directeur du Centre Mémoire Ressources et Recherche (CM2R) des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. A ces traitements visant directement les symptômes de la maladie d’Alzheimer (perte de mémoire notamment), il faut ajouter d’autres médicaments (antipsychotiques notamment) pour gérer les troubles du comportements comme l’agressivité, la désinhibition, l’anxiété, etc. Eux aussi assortis d’effets indésirables, parfois sévères.
L’Europe peine à autoriser les anticorps monoclonaux !
Dans ces conditions, les biomédicaments, en l’espèce les anticorps anti-amyloïdes, sont des options thérapeutiques révolutionnaires, qui freinent l’évolution de la maladie et donc la dépendance. Mais ils ne sont pas dénués d’effets secondaires et doivent être prescrits uniquement quand la balance bénéfices-risques est favorable.
L’Europe, après avoir tergiversé a fini par autoriser (sous certaines conditions) le lecanemab (commercialisé sous le nom de Leqembi), le donanemab, un autre anticorps monoclonal a en revanche été refusé fin mars 2025 , il a pourtant été approuvé aux États-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne, en Chine et aux Émirats Arabes Unis. Ces médicaments sont pris par perfusion, à l’hôpital, à raison d’une injection tous les 15 jours ou tous les mois.
Biomédicaments contre Alzheimer, bientôt en pharmacie ?
A Strasbourg, l’unité du Pr Blanc propose depuis quelques années les anticorps anti-amyloïdes au sein un parcours spécifique avec un encadrement dédié, la surveillance devant être plus étroite la première année. “Dans quelques années, on pourra certainement envisager les perfusions à domicile, explique encore le neurologue lors d’un point presse, et pourquoi pas sur le plus long terme,une prescription en ville ou à la pharmacie.”
Nous n’en sommes pas encore là, mais les résultats obtenus dans son unité suscitent l’enthousiasme du spécialiste qui milite pour que l’ensemble des hôpitaux français proposent rapidement ces nouvelles molécules.
Point presse avec le Pr Blanc.
https://www.francealzheimer.org/le-donanemab/
https://www.vaincrealzheimer.org/2025/03/28/refus-de-mise-sur-le-marche-du-kisunla/