
Il s’appelait Jaysen, il avait 12 ans. Ce jeune garçon est décédé deux semaines seulement après avoir nagé dans le lac Murray en Caroline du Sud (États-Unis). Très vite, les analyses ont révélé la cause : Jaysen a été infecté par une amibe rare et redoutable, appelée Naegleria fowleri. Un micro-organisme invisible à l’œil nu, capable de provoquer une infection cérébrale foudroyante, souvent mortelle.
Selon ses proches, Jaysen était “un grand frère aimant”, un adolescent sportif, passionné d’athlétisme. Rien ne laissait présager que cette journée de baignade estivale lui serait fatale. Suite à celle-ci, le garçon a commencé à présenter des symptômes proches d’une méningite. Très vite, son état s’est détérioré, et il est décédé le 20 juillet 2025.
Amibe mangeuse de cerveau : un parasite rare mais redoutable
Mais qu’est-ce que ce parasite ? Naegleria fowleri est un protozoaire libre, présent naturellement dans les eaux douces chaudes (au-dessus de 25 degrés celsius). Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette "amibe mangeuse de cerveau" ne s’attrape pas en avalant de l’eau contaminée : l’infection survient lorsque l’eau contenant l’amibe entre par le nez, souvent lors de plongeons ou de baignades prolongées. Elle remonte alors jusqu’au cerveau, où elle détruit progressivement les tissus cérébraux.
Cette infection, appelée méningo-encéphalite amibienne primitive, est extrêmement rare, mais presque toujours mortelle, avec un taux de survie de seulement 5 %. Les premiers symptômes apparaissent en général entre une et deux semaines après l’exposition : ils peuvent commencer par une altération de l’odorat ou du goût. Ensuite apparaissent des maux de tête, une raideur de la nuque, une sensibilité à la lumière, des nausées et des vomissements. Puis surviennent la confusion, la somnolence, les convulsions... L'évolution est rapide, et la mort survient dans les dix jours.
Le traitement permettant de guérir cette infection reste compliqué à déterminer, car le diagnostic est souvent posé trop tard. Quelques cas de survivants ont été signalés, mais uniquement grâce à une détection très précoce et à l’administration de médicaments antiparasitaires, antifongiques et antibiotiques puissants. Le diagnostic se fait principalement grâce à une ponction lombaire.
Comment se protéger ?
L’infection par Naegleria fowleri est extrêmement rare, avec quelques cas chaque année dans le monde. Le dernier cas recensé en France date de 2008. Malgré tout, elle n’en demeure pas moins préoccupante, notamment en période estivale et avec la montée des températures favorisant sa prolifération. Le cas de Jaysen relance la question de la surveillance des eaux de baignade naturelles.
Pour limiter les risques, quelques précautions simples peuvent être prises :
- Éviter de plonger ou de nager la tête sous l’eau dans les lacs ou rivières aux eaux chaudes.
- Ne pas laisser entrer d’eau dans le nez, notamment chez les enfants.
- Utiliser un pince-nez ou se boucher le nez lors des baignades prolongées ou avec la tête sous l’eau.
- Éviter les baignades dans les zones stagnantes, peu profondes ou non surveillées.
- Ne jamais utiliser d’eau de lac ou de rivière pour se laver le nez ou faire des irrigations nasales.
En cas de symptômes après une baignade, surtout s’ils ressemblent à une méningite, il est crucial de consulter immédiatement un médecin en précisant le contexte de baignade en eau douce.
La famille de Jaysen a souhaité partager son histoire pour que personne d’autre n’ait à vivre le même drame. "Si nous avions connu le risque qu'il nage dans ce lac, personne n'aurait jamais choisi d'y entrer”, témoigne sa mère. Ce drame rappelle à quel point des gestes simples peuvent parfois sauver des vies.