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Lorsqu’on parle de périnée, l’image qui vient le plus souvent à l’esprit est celle d’une jeune mère en pleine rééducation post-accouchement. Ce muscle est généralement associé à la maternité, aux sages-femmes, aux exercices de Kegel féminins. Pourtant, cette vision est incomplète. Le périnée ne concerne pas que les femmes. Les hommes aussi en ont un, et il est tout aussi essentiel pour leur santé globale. Le seul problème, c’est qu’ils l’ignorent bien souvent.

Le périnée masculin : un muscle discret mais capital

Le périnée masculin est un acteur clé de nombreuses fonctions corporelles. Il s’agit d’un ensemble complexe de muscles et de tissus situé entre le pubis et le coccyx. Cette zone, encore taboue, soutient la vessie, l’urètre, le rectum, et entoure également la base du pénis. Son rôle est loin d’être mineur : il intervient dans la continence urinaire et anale, dans la sexualité, dans le bon fonctionnement digestif, et même dans l’équilibre postural. Autrement dit, c’est un véritable pilier du bien-être masculin.

Quand le périnée se dérègle : fuites, troubles sexuels, douleurs

Le souci, c’est que comme tout muscle, le périnée peut se fatiguer, se relâcher ou au contraire devenir trop tendu. Et lorsque ces déséquilibres surviennent, les conséquences ne tardent pas à se faire sentir. De nombreux hommes découvrent leur périnée lorsqu’il commence à poser problème : des fuites urinaires après une chirurgie de la prostate, des troubles de l’érection, une perte de sensibilité pendant les rapports, ou encore des douleurs chroniques dans la région pelvienne. Ces symptômes, bien que fréquents, restent souvent non exprimés, par gêne ou par manque d’informations.

L’incontinence urinaire chez l’homme, par exemple, est bien plus courante qu’on ne le croit. Elle touche en particulier les hommes ayant subi une ablation de la prostate, mais aussi ceux qui pratiquent certains sports très intenses, ou encore ceux dont le plancher pelvien s’affaiblit avec l’âge. Ce problème, pourtant évitable ou réversible dans de nombreux cas, est trop souvent banalisé ou caché.

Il en va de même pour les troubles sexuels. Le périnée joue un rôle direct dans l’érection, l’éjaculation et la qualité de l’orgasme. Un périnée faible peut entraîner des sensations atténuées ou des érections moins fermes, tandis qu’un périnée trop contracté peut provoquer des douleurs, une éjaculation prématurée, voire une dysfonction érectile. Ces dysfonctionnements ne sont pas seulement d’origine psychologique ou vasculaire : l’équilibre musculaire pelvien y est pour beaucoup.

Quant aux douleurs chroniques pelviennes, elles restent encore mal comprises. Pourtant, de plus en plus d’urologues et de kinésithérapeutes spécialisés identifient un périnée hypertonique, trop tendu, comme étant à l’origine de tensions profondes, parfois diffuses, souvent invalidantes. Le syndrome du périnée hyperactif existe bel et bien, et touche aussi les hommes.

Pourtant, les choses évoluent. De plus en plus de professionnels de santé alertent sur la nécessité de prendre en compte le périnée masculin, et les femmes, souvent mieux informées sur le sujet, jouent parfois un rôle de relais.

Pourquoi les hommes n’en parlent pas (encore) ?

Alors pourquoi ce silence ? Pourquoi si peu d’hommes savent qu’ils ont un périnée et que sa santé compte ? La réponse est culturelle. Depuis toujours, les représentations médicales ont associé le périnée à la femme, à la grossesse, au post-partum. Rien n’a été fait pour informer les hommes, ni dans les parcours médicaux, ni dans l’éducation à la santé. Et, avouons-le, parler de son plancher pelvien ou de ses sphincters reste aujourd’hui encore délicat. Il y a une gêne tenace, une peur d’être jugé, une association entre troubles intimes et perte de virilité.

Pourtant, les choses évoluent. De plus en plus de professionnels de santé alertent sur la nécessité de prendre en compte le périnée masculin, et les femmes, souvent mieux informées sur le sujet, jouent parfois un rôle de relais. Beaucoup de patientes, devenues sensibilisées après une grossesse, abordent ces sujets avec leur conjoint, ouvrant enfin la voie à une discussion plus équilibrée.

Comment renforcer et protéger son périnée au quotidien

Prendre soin de son périnée ne signifie pas forcément engager une thérapie lourde. Il s’agit d’abord de mieux connaître son corps. Il est possible, par exemple, de prendre conscience de ce muscle en contractant volontairement la zone autour de l’anus et du pénis, sans solliciter les fessiers ou les abdominaux. Ce simple exercice, inspiré des célèbres exercices de Kegel, peut devenir un entraînement discret et redoutablement efficace. Les résultats ne se font pas attendre : meilleure continence, sensations sexuelles accrues, meilleure posture.

Ce travail peut être accompagné par un kinésithérapeute spécialisé, qui guidera l’homme dans des exercices adaptés à sa situation : post-chirurgie, douleurs, troubles de l’érection, hypertonie… La prise en charge est simple, non invasive, et souvent très bien tolérée. Et contrairement à certaines idées reçues, elle n’a rien de gênant. Ce n’est pas une gymnastique réservée aux femmes, mais un entraînement musculaire comme un autre.

Il est donc temps de le dire haut et fort : les hommes aussi ont un périnée, et il est grand temps de s’en occuper. Que vous soyez jeune ou senior, sportif ou sédentaire, concerné ou simplement curieux, il n’est jamais trop tôt, ni trop tard, pour apprendre à connaître et à muscler cette zone clé de votre santé.