
Stopper l’évolution de la maladie de Parkinson, c’est bientôt possible. C’est du moins ce que suggère une étude publiée le 1er juillet 2025 dans la revue Science Signaling. Les scientifiques ont découvert qu’en bloquant une simple enzyme du cerveau, ils pouvaient empêcher l’évolution de la maladie. Un espoir de taille pour les 270 000 Français qui en souffrent.
Dans certains cas, cette maladie dégénérative est provoquée par une mutation génétique qui rend une enzyme, appelée LRRK2, hyperactive. Problème : cette dernière, lorsqu’elle devient trop dynamique, désorganise les cellules du cerveau et empêche une bonne communication entre les neurones qui fabriquent la dopamine et une région clé du cerveau : le striatum, qui lui contrôle les mouvements. C'est un peu le mauvais élève en classe.
« Les résultats de cette étude suggèrent que l'inhibition de l'enzyme LRRK2 pourrait stabiliser la progression des symptômes si les patients peuvent être identifiés suffisamment tôt », explique dans un communiqué, Dre Suzanne Pfeffer, professeure de biochimie à Stanford et auteure principale de l’étude.
Des neurones coupés du réseau
Environ 1 cas de maladie de Parkinson sur 4 est lié à cette enzyme trop active. Quand elle s’emballe, les cellules cérébrales perdent leurs cils ou antennes qui leur permettent d’envoyer et recevoir des signaux. « Une cellule qui a perdu son cil est comme votre téléphone portable lorsque le réseau est en panne : aucun message n'arrive ou n'est envoyé », illustre l’étude.
Conséquence : les neurones qui produisent la dopamine et le striatum ne « discutent » plus correctement. Et quand ces neurones sont stressés, ils envoient un signal appelé hérisson sonique (sonic hedgehog, clin d’œil au célèbre personnage). Ce signal incite normalement certaines cellules à fabriquer des facteurs neuroprotecteurs qui protègent les neurones de la mort. Mais sans cils, plus de signal et plus de protection.
Des résultats « stupéfiants »
Au départ, les chercheurs doutaient de pouvoir restaurer ces cils perdus, car les cellules étudiées étaient déjà matures et ne se reproduisaient plus. Mais une découverte inattendue a changé la donne : certains cils pouvaient repousser toutes les 12 heures, même sans division cellulaire.
L’équipe a donc prolongé l’expérience. Résultat après trois mois de traitement : les cils sont revenus, les cellules ont recommencé à produire des facteurs neuroprotecteurs et les connexions nerveuses ont même doublé en densité. De quoi espérer une vraie réparation.
« Ces résultats suggèrent qu'il pourrait être possible d'améliorer, et pas seulement de stabiliser, l'état des patients atteints de la maladie de Parkinson », se réjouit Dre Pfeffer.
Détecter plus tôt pour mieux traiter
Un défi reste cependant : détecter la maladie à temps. Les symptômes moteurs comme les tremblements apparaissent souvent quinze ans après les premiers signes, comme la perte d’odorat ou des troubles du sommeil. « L'espoir est que les personnes porteuses de la mutation génétique LRRK2 puissent commencer un traitement qui inhibe l'enzyme le plus tôt possible », précise la chercheuse.
Prochaine étape pour l’équipe : tester cette approche sur d’autres formes de Parkinson non liées à LRRK2. « Nous sommes très enthousiasmés par ces résultats. Ils suggèrent que cette approche est très prometteuse pour aider les patients en termes de restauration de l'activité neuronale dans ce circuit cérébral », conclut Dre Pfeffer. Reste à confirmer ces résultats prometteurs sur l’humain.