
Pour moi, ça a commencé vers 20 ans. Je ne m’en suis pas rendue compte : c’est ma mère, avec qui je vivais, qui a remarqué que je perdais beaucoup mes cheveux, et que ma raie s’élargissait. Elle m’a donc poussée à aller consulter un dermatologue. Ce dernier m’a fait faire une prise de sang, et en remarquant de légères carences, m’a prescrit du fer et de la vitamine B6. Jusque-là, rien d’alarmant !
Seulement, je l’ai revu quelques mois plus tard, et rien n’avait changé. J’étais même un peu clairsemée. Ça ne se voyait pas tellement, mais le dermatologue en a quand même conclu à une alopécie androgénique. Pour résumer, c’est exactement la même chose que la calvitie, mais pour les femmes.
“Mon père avait perdu tous ses cheveux à 20 ans”
En fait, la cause, ce sont les récepteurs des follicules pileux, qui sont plus sensibles à une hormone. A cause de cela, leurs cycles sont beaucoup plus (beaucoup trop !) rapides. Sauf que comme tous les cheveux ont un nombre de cycles défini dans la vie, cette rapidité les fait mourir plus vite, donc il tombent. On ne peut rien y faire, on naît comme ça, et c’est souvent génétique : mon père avait perdu tous ses cheveux à 20 ans !
Il faut savoir que des femmes atteintes d'alopécie androgénique, vous en connaissez forcément. Vous en croisez sûrement tous les jours, au travail, dans les transports, ou ailleurs. Mais elles se cachent, elles trouvent des stratagèmes : telle ou telle coiffure, du maquillage ou même un couvre-chef. La prochaine fois que vous demandez à une femme “Pourquoi tu t’attaches tout le temps les cheveux comme ça ?” ou “Pourquoi toujours cette grosse mèche devant ton front ?”, pensez-y à deux fois !
Moi, pendant plusieurs années, pour ralentir la chute, voire espérer des repousses, j’ai utilisé un spray, le Minoxidi l. Mais son efficacité reste très relative, et la maladie évolue tout de même. Pendant ma grossesse, j’ai arrêté car je ne voulais aucun traitement. Et au moment de l’allaitement, j’ai noté de grosses pertes de cheveux. Est-ce que c’était ça, l'arrêt du médicament, le post-partum ? Je ne saurai dire. Mais un an après ça, j’ai commencé à vraiment voir la différence.
“C’est devenu mon pire complexe”
Et ça a grandement atteint mon estime de mo i, ma manière de me voir… Je me trouvais laide, je ne voulais plus de photos. J’entendais, d’ailleurs, que ça commençait à parler autour de moi, et même derrière mon dos. Psychologiquement, c’était très difficile, c’est tout de suite devenu mon pire complexe ! Je me trouvais l’air malade, vieilli, et je passais mes nuits sur des forums…
J'ai alors testé toutes les techniques : vitamines, levure de bière, effluvium, du fer pendant plusieurs années. Ça peut marcher si on a une carence bien sûr, mais pas en cas d’alopécie androgénique. Moi, ça m’a plus rendue malade qu’autre chose. Je sais qu’il existe d’autres techniques, comme la mésothérapie, la luminothérapie, etc. Mais, étant issue d’une formation scientifique, je savais que ça n’allait pas fonctionner.
“La greffe capillaire, contrairement aux hommes, ça prend mal”
En fait, la question qu’il faut se poser, c’est “est-ce que ça marcherait sur… Gérard Jugnot par exemple ?”. Si la réponse est non, c’est que ça ne fonctionne pas pour les femmes atteintes d’alopécie androgénique. On a tendance à penser que les femmes aux cheveux clairsemés sont forcément c arencées, fatiguées ou stressées… Mais non, c’est comme la calvitie.
Certaines techniques peuvent fonctionner, comme la poudre densifiante, ou le tatouage des cheveux. Je me suis aussi renseignée sur la greffe, mais contrairement aux hommes, ça prend mal. En fait, une greffe capillaire doit être faite lorsque la chevelure est “stabilisée”, or chez nous, entre les grossesses, la ménopause et cie, ça ne l’est jamais vraiment. Si vous voulez faire une greffe, demandez vraiment leur avis à plusieurs chirurgiens de confiance, sinon, ça risque de retomber quelques années après.
La solution qui me convient, à moi, c'est le volumateur. C’est presque comme une perruque, mais qui se mélange aux cheveux, un peu comme des extensions qui se clipsent. Mais à l’époque, j’avais 30 ans, je n’étais pas prête. Je considérais que c’était pour les personnes âgées ou malades, je me voyais comme une vieille dame qui va choisir sa moumoute. Et je sentais un jugement autour de moi.
Aujourd’hui, je n’ai plus du tout peur”
Puis finalement, je me suis dit que de toute façon, le regard des autres, je le recevais déjà tous les jours. Donc j’ai passé le cap, et ça a changé ma vie ! J’en ai parlé sur la chaîne Youtube, j’ai fait des tutos, des comparaisons, et j’ai remarqué que beaucoup de femmes, plutôt jeunes, étaient dans mon cas. J’ai reçu des témoignages : ça nous a fait du bien, à elles comme à moi, de créer cette communauté pour parler de ce sujet si tabou. On se comprend vraiment !
À force, je suis devenue experte des volumateurs, mais voyant que leurs prix étaient très élevés en France, j’ai décidé de créer ma propre marque. Je voulais non seulement des modèles moins chers (mais toujours avec de vrais cheveux !), mais aussi créer un environnement plus glamour et féminin, moins axé sur la maladie. Heureusement, ma communauté m’a fait confiance, et je me fais un plaisir de les conseiller.
Si j’avais un conseil à donner aux femmes atteintes d’alopécie androgénique, c’est de ne surtout pas rester isolées, et de trouver un groupe de femmes à qui en parler. Ça aide beaucoup à relativiser. Moi aujourd’hui, je n’ai plus du tout peur, j’en parle à tout le monde !
Témoignage de Laure Saujet, créatrice du compte et de la marque Comme un Diadème