
La morgue, un service hospitalier comme les autres
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Ce qui se passe quand on meurt à l’hôpitalEt malgré son activité importante, elle reste mystérieuse pour bon nombre d’entre nous. Tellement que l’on continue de l’appeler ainsi, alors que le terme "chambre mortuaire" serait plus approprié : "Le mot ‘morgue’ fait peur, remarque Antonio Elias Adam, responsable de la chambre mortuaire de l’hôpital Paris Saint-Joseph. On parle plutôt de ‘chambre mortuaire’ car cela appartient à l’hôpital, comme on dit ‘la chambre des patients’. Avant, on nous confondait même avec les croque-morts, qui eux sont des employés des pompes funèbres !"
Quant à l’image glauque qu’une chambre mortuaire peut inspirer, M. Adam nous prévient : elle est erronée. "Pour nous, c’est un service comme les autres, et il y a une bonne ambiance. C’est avant tout un patient qui vient chez nous et de qui on prend soin." En revanche, celle d’un endroit froid est juste, pour une raison simple : la loi stipule que la température ambiante du local de préparation des corps ne doit pas dépasser les 17° C et celle des cases dans lesquelles ils sont entreposés peut aller de 5 à -10° C. "Le froid assure en effet la conservation du corps en empêchant qu’il ne se décompose trop facilement."
Les hôpitaux ne disposent pas tous d’une chambre mortuaire
A noter : attention à ne pas confondre les termes "chambre mortuaire" et "chambre funéraire". "Cette dernière est extérieure à l’hôpital", précise M. Adam, et constitue le lieu où la famille et les proches peuvent se recueillir avant la cérémonie. Son activité est systématiquement payante et les coûts diffèrent selon les sociétés.
Rasage, maquillage, toilette : une équipe aux petits soins du défunt
Ils doivent également vérifier si les défunts disposent d’un pacemaker et procéder à son ablation en effectuant une incision cutanée. Une étape importante pour des raisons de sécurité : "Le pacemaker peut être radioactif et agir comme une bombe. Il y a alors un risque d’explosion lors de la crémation. Avant, on ne le retirait que si le corps allait au crématorium, mais aujourd’hui, c’est automatique : on le retire obligatoirement, que le corps se fasse inhumer ou incinérer."
Au final, la réalisation des soins de présentation et d’hygiène prend entre 15 minutes et 1h30, selon l’état des corps. Et si les agents veillent à respecter les consignes des familles, le traitement reste le même pour tous les défunts : "C’est la dernière image que l’on a du patient, donc ces soins sont importants. On fait la même chose pour tout le monde, sans spécificités ou préjugés par rapport à l’âge ou la maladie dont ils souffraient."
Prendre aussi soin des proches
A l’hôpital Paris Saint-Joseph, le personnel s’attèle à faciliter au maximum l’accès à la chambre mortuaire : "Les proches peuvent s’y rendre tous les jours, explique M. Adam. En revanche, comme nous n’avons que deux salles de présentation, tout est sur rendez-vous. Mais on fait de notre mieux pour qu’ils puissent venir voir le corps le plus rapidement possible, même avant qu’il ne soit préparé pour ceux qui le souhaitent."
Et si, par souci de transparence, les établissements hospitaliers ne doivent pas influencer les familles dans leur choix d’opérateur funéraire, ils sont tout de même tenus de leur "présenter l’ensemble de l’offre départementale" (1), comme le confirme M. Adam : "On ne doit pas conseiller de pompes funèbres, c’est à la famille de s’en occuper. Mais on leur donne une liste des prestataires près de chez eux pour qu’ils puissent choisir plus facilement." Par ailleurs, si de son vivant la personne a souscrit à une assurance décès ou un contrat d’obsèques, elle peut avoir déjà désigné un prestataire.
Les coûts varient selon les établissements
Quant aux coûts, ils diffèrent selon les hôpitaux : si les établissements de santé de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) prennent tous les frais en charge, à l’hôpital Paris Saint-Joseph, "le séjour en chambre mortuaire est payant à partir du quatrième jour – 96€ par jour toutes taxes comprises. La famille est prévenue de l’existence de ces frais de garde."
Remerciements à Antonio Elias Adam, responsable de la chambre mortuaire de l’hôpital Paris Saint-Joseph.
(1) "La mort à l'hôpital". Inspection générale des affaires sociales. Novembre 2009.
"Prestations funéraires". DGCCRF. 18 septembre 2018.
"Arrêté du 7 mai 2001 relatif aux prescriptions techniques applicables aux chambres mortuaires des établissements de santé". Légifrance.