Syndrome du côlon irritable : et si le gluten n’était pas le vrai coupable ?Image d'illustrationIstock

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Beaucoup de personnes atteintes du syndrome du côlon irritable (SCI) évitent le gluten dans l’espoir de soulager leurs douleurs abdominales, ballonnements ou troubles du transit. Mais selon une étude publiée le 21 juillet 2025 dans la revue scientifique The Lancet Gastroenterology & Hepatology, cette éviction alimentaire pourrait être injustifiée pour une partie d’entre elles.

Des chercheurs de l’université McMaster, au Canada, ont voulu tester une idée répandue : le gluten, cette protéine présente dans le blé, le seigle et l’orge, aggraverait les symptômes du SCI. Pour le vérifier, l’équipe dirigée par le Dr Premysl Bercik a recruté 28 personnes atteintes de cette maladie et qui affirmaient se sentir mieux en suivant un régime sans gluten.

Un score moyen de symptômes mesuré sur une échelle de 0 à 500

Pendant trois semaines, les participants ont suivi un régime strictement sans cette protéine. Leur score moyen de symptômes mesuré sur une échelle de 0 à 500 était alors de 183. Ensuite, chacun a consommé, à tour de rôle, trois types de barres céréalières indistinguables visuellement et gustativement. L’une contenait du blé, une autre uniquement du gluten, et la troisième ne contenait ni l’un ni l’autre. Chaque barre apportait l’équivalent en gluten de quatre tranches de pain. Les participants savaient que certaines barres pouvaient provoquer des symptômes, mais ignoraient lesquelles.

Chaque type de barre a été testé pendant une semaine, avec deux semaines de régime sans gluten entre chaque phase. Ainsi, tous les participants ont essayé les trois barres.

La faute au cerveau ?

Résultat ? Qu’ils aient consommé la barre placebo, celle contenant du gluten seul, ou celle au blé complet, une proportion similaire de participants a rapporté une aggravation significative de leurs symptômes. Après la barre placebo, huit personnes ont vu leur score grimper d’au moins 50 points. Ils étaient dix après la barre au gluten, et onze après celle au blé. « Les trois tests ont induit des symptômes chez une proportion similaire de patients », résume sur New Scientist le Dr Bercik, auteur de l’étude.

L’effet nocebo

Autrement dit, les symptômes rapportés ne semblent pas directement liés à la présence de gluten ou de blé. Pour l’expert, une partie de l’explication pourrait venir de l’effet nocebo : « L’anticipation d’une aggravation des symptômes provoque effectivement celle-ci », explique-t-il au média britannique.

Un effet amplifié, selon la chercheuse Sigrid Elsenbruch de l’université de Duisburg-Essen en Allemagne, par la manière dont l’étude a été menée : « Les participants avaient été informés que n'importe laquelle des barres pouvait aggraver leurs symptômes, ce qui a pu renforcer l'effet nocebo par rapport à des conditions réelles. »

Autre point soulevé par les auteurs : des analyses de selles ont révélé que certains participants n’avaient pas consommé correctement les barres. Résultat, les quantités de gluten ou de blé ingérées pourraient avoir été insuffisantes pour provoquer une réaction claire.

Cela ne signifie pas que le gluten est innocent pour tout le monde. Pour certaines personnes, le blé ou le gluten pourraient bien jouer un rôle. Les chercheurs poursuivent d’ailleurs leurs travaux pour mieux comprendre comment ces substances peuvent, chez certains, perturber l’intestin. Une piste évoquée : des effets sur le microbiote intestinal.

En attendant, l’étude rappelle que dans le cadre de ce syndrome, l’effet psychologique peut jouer un rôle aussi important que l’alimentation. Avant de bouleverser son régime, mieux vaut donc en discuter avec un professionnel de santé.