
Prendre le cancer de vitesse. Voilà la feuille de route du collectif « Face au cancer » qui comprend Unicancer, Patients en réseau et MSD France, trois acteurs essentiels de la cancérologie en France. Une enquête réalisée auprès de 5 000 personnes en février dernier a permis de recueillir les perceptions et les attentes des Français. Le collectif livre ses suggestions lors d'une conférence de presse le 26 juin. Leurs conclusions : favoriser un dépistage et un diagnostic précoces et personnalisés, et garantir un accès rapide et équitable à l'innovation. L'objectif étant de diminuer les cas de cancers d'ici 2040.
Les Français très inquiets, mais confiants dans les progrès
L’enquête révèle que le cancer reste, pour près d’un Français sur deux, la maladie la plus redoutée, devant la maladie d’Alzheimer. « Les tumeurs qui inquiètent le plus sont le cerveau, le pancréas et le poumon », précise Magalie Gérard, directrice adjointe du département Politique & Opinion de l’institut Toluna-Harris Interactive, qui a initié l’enquête.
Mais tout n’est pas sombre : la grande majorité des habitants de l’Hexagone croient aux progrès de la médecine. Environ 92 % estiment qu’un diagnostic précoce augmente les chances de guérison, et 87 % saluent les avancées thérapeutiques des dix dernières années, qui améliorent la prise en charge et la qualité de vie des patients.
Un dépistage encore trop timide
Pourtant, malgré cette inquiétude, le dépistage n’est pas encore un réflexe. Seuls 56 % des Français disent avoir déjà franchi le pas d’un laboratoire d’analyses médicales. Les femmes restent les plus assidues, mais le défi reste immense. « Le manque d’information est un facteur qui empêche les personnes de se faire dépister », constate Magalie Gérard.
Informer et accompagner pour agir plus tôt
Alors comment améliorer le parcours de soins ? Pour cela, le collectif ne manque pas d'idées. Il propose d’automatiser les rendez-vous de prévention personnalisés. « L'objectif est de donner un temps d’échange aux personnes pour les informer sur les risques qu’elles encourent en fonction de leur âge et de leurs antécédents », explique Laure Guéroult-Accolas, fondatrice et directrice générale de Patients en Réseau. Cette démarche permettrait à chacun de mieux connaître son risque et d’adapter sa surveillance pour détecter la maladie le plus tôt possible.
Savoir quels signaux doivent alerter, c’est bien, mais encore faut-il obtenir un rendez-vous rapidement. Là encore, des solutions existent : « Les nouveaux outils et des messages de prévention visibles partout, notamment dans les pharmacies, aux arrêts de bus, chez le médecin du travail ou via les infirmières à domicile, peuvent toucher les personnes les plus isolées », ajoute Laure Guéroult-Accolas.
Accélérer l’accès aux traitements innovants
Dernier point clé : l’accès aux nouveaux traitements. « Encore aujourd’hui, de nombreux Français perçoivent les essais cliniques comme synonymes de "mauvaises nouvelles" ou d’inquiétude. Il est urgent de déconstruire ces idées reçues et de montrer qu’ils sont avant tout un moteur de progrès médical », rappelle le Pr Muriel Dahan, directrice de la recherche et du développement d’Unicancer.
Pour lever les freins, le collectif mise sur une meilleure information et sur l’implication des associations de patients, des soignants et des entreprises pour diffuser le bon message et créer un climat de confiance. « Il est important que le patient soit un acteur de la mise en place de l’essai clinique pour réduire la méfiance », précise le Pr Pascal Pujol, généticien spécialisé en cancérologie au CHU de Montpellier.
Depuis juillet 2021, la réforme de l’accès précoce permet à des patients en impasse thérapeutique de bénéficier, à titre exceptionnel et temporaire, de certains médicaments non autorisés dans une indication thérapeutique précise. « En quatre ans, plus de 150 000 patients ont pu avoir rapidement accès à des médicaments innovants, améliorant leur pronostic vital », se réjouit Aurélie Andrieux-Bonneau, directrice Politiques de santé, Affaires publiques et Communication chez MSD France.
Conférence de presse "Prendre le cancer de vitesse" du collectif "Face au Cancer"