
Un peu plus d’un tiers des Français n’est pas satisfait de la qualité de son sommeil et près de la moitié souffrent d’au moins un trouble du sommeil, un chiffre qui grimpe à 67 % chez les personnes ayant une maladie chronique ou celles qui travaillent en horaires décalés. Les chiffres communiqués par l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) pour l’année 2024 sont sans appel : l’insomnie gâchent les nuits de 19 % des Français, les troubles du rythme du sommeil de 16 % de nos compatriotes et l’apnée du sommeil de 10 % des Français, sachant que ce dernier chiffre était de seulement 7 % en 2023. Dans ces conditions, il est clair que toute nouvelle donnée instructive sur le sommeil est la bienvenue. En voici trois, étonnantes.
Une pilule miracle pour traiter l’apnée du sommeil ?
Traiter l’apnée du sommeil avec un simple comprimé et se débarrasser de la PPC la nuit, avec toutes les contraintes qui y sont attachées, voilà de quoi faire rêver nombre de patients atteints de SAOS (syndrome d’apnée obstructive du sommeil). Alors qu’un premier traitement a déjà été approuvé aux Etats-Unis, des chercheurs planchent actuellement sur une formule associant deux molécules, formule qui semble révolutionnaire. Dans un communiqué de presse datant de mai de cette année, le laboratoire qui a développé le médicament (société Apnimed) rapporte les résultats de son dernier essai clinique. Menée sur 645 personnes atteintes d’apnée du sommeil, cette étude montre que le médicament (AD109) a diminué de 56 % les phénomènes de respiration superficielle ou de pause respiratoire pendant le sommeil. La revue Science qui relaie l’étude, ajoute que l'AD109 a été bénéfique aux personnes obèses et non obèses, quel que soit le degré de sévérité de l'apnée du sommeil, et ses effets ont été immédiats.
Les deux molécules utilisées dans cette nouvelle formule sont l'atomoxétine, généralement prescrite en cas de troubles de l’attention ou d’hyperactivité et l'oxybutynine, le dérivé d'un médicament utilisé pour traiter l'hyperactivité vésicale. Combinées, ces deux molécules tonifient efficacement le muscle de soutien de la langue, dont on sait qu’il est largement impliqué dans le SAOS. “Il est assez clair que cette combinaison médicamenteuse réduit les épisodes d’apnée obstructive du sommeil, note Sigrid Veasey, neurologue et spécialiste du sommeil à l’Université de Pennsylvanie. Et elle atténue la gravité des chutes d’oxygène pendant le sommeil. C’est enthousiasmant.” Il reste encore un peu de chemin avant que la formule soit commercialisée en Europe, mais les patients peuvent toutefois se réjouir de l’arrivée prochaine d'une pilule en lieu et place du masque.
Pas de sieste pour les femmes de plus de 50 ans !
La durée moyenne d’une sieste en France est précisément de 1H16 selon les derniers chiffres de l’Institut du sommeil et de l’INSV. Trop long, pour beaucoup de spécialistes, qui indiquent, études scientifiques à l’appui qu’une sieste réparatrice ne doit pas dépasser trente minutes. A cela s'ajoute une contrainte supplémentaire : l’heure de la sieste est déterminante !
Cette nouvelle étude, publiée début juin de cette année explore de son côté les effets de la somnolence diurne, qui donne irréppressiblement envie de de faire une sieste, plus spécifiquement en fonction de l’âge et du sexe.
Présentée lors du congrès annuel de médecine du sommeil américain (SLEEP), cette étude établit qu'une somnolence diurne excessive est associée à des risques plus élevés de mortalité toutes causes confondues “chez les femmes d'âge moyen, mais pas chez les femmes plus jeunes ou plus âgées”. Les scientifiques ont décortiqué les données de plus de 40 000 femmes pendant 23 ans et arrivent à la conclusion que les femmes entre 50 et 65 ans sont les plus vulnérables. Contrairement aux femmes plus jeunes ou aux femmes plus âgées (qui présentent pourtant plus de comorbidités), leur mortalité toutes causes confondues était 16 % plus élevée en cas de somnolence diurne (et donc de sieste). “Cela implique des facteurs hormonaux, métaboliques ou de résilience qui justifient un suivi pour les femmes d’âge moyen” a déclaré l’auteur principal de l’étude Arash Maghsoudi, chercheur au College Medecine de Houston aux Etats-Unis.
La durée idéale de la nuit… dépend de notre nationalité !
7 heures ? 8 heures ? 9 heures ? Quelle est la quantité de sommeil idéale chaque nuit ? Cela dépend de votre lieu d’habitation et de vos habitudes culturelles ! Ce sont en tout cas les conclusions de chercheurs canadiens publiées en mai dernier.
Nos besoins en sommeil, loin d'être universels, dépendraient ainsi en partie de notre pays. Premier constat des chercheurs canadiens : la durée des nuits varie notablement d’un pays à l’autre, puisqu'un écart de près de deux heures existe entre les pays où l’on dort le plus et ceux où l’on dort le moins, sur les vingt pays étudiés ici. Surtout, ce ne sont pas dans les pays où l’on dort le moins (le Japon par exemple) qu'il y a le plus de problèmes de santé associés à un sommeil déficient. Enfin, et c’est sans doute le plus intéressant : nous sommes en meilleure santé quand nous nous rapprochons de l’idéal de sommeil perçu dans notre pays. Car même s’il existe bien un lien entre des nuits trop courtes et notre santé, le “point de basculement” dépend du pays.
Chez nous, les chiffres 2024 révèlent que nous dormons en moyenne 6h42 en semaine (soit 16 minutes de moins qu’en 2023) et 7h25 les week-ends et les jours de congés (soit 15 minutes de perdues par rapport à 2023). Si nous suivons les conclusions de l’étude, nous devrions dormir 7 heures et 52 minutes pour nous rapprocher de notre sommeil “culturel”.
https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2419269122
https://www.science.org/content/article/sleep-apnea-pill-shows-striking-success-large-clinical-trial
https://www.eurekalert.org/news-releases/1085907
https://apnimed.com/article/ad109phase3toplineresults/
https://www.santelog.com/actualites/sommeil-existe-t-il-vraiment-une-duree-ideale
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