Hypermnésie Image d'illustrationIstock
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Une bonne mémoire est très utile dans la vie de tous les jours. Elle fait rêver de nombreux étudiants en période d'examen. Nos souvenirs peuvent parfois être synonymes de nostalgie. Mais qu’en est-il lorsqu’ils ne s’effacent jamais ? Notre cerveau a-t-il la capacité de tout conserver ? Quelques médecins se sont intéressés à ces questions.

On parle d’hypermnésie lorsqu’une personne n’oublie pas les détails de son passé et est incapable de hiérarchiser l’importance des souvenirs, toujours encombrés de multiples détails, indique la Caisse nationale d’assurance maladie dans un article publié sur son site. Celle-ci est souvent vécue comme un véritable fardeau pour les personnes qui en souffrent. En effet, l’oubli est nécessaire à l’équilibre du cerveau, permettant à celui-ci de conserver uniquement les éléments utiles. Ce syndrome rare fait partie des nombreux troubles de la mémoire, le plus courant étant l’amnésie : la perte de souvenirs.

La mémoire est une sorte de stockage qui nous permet d’enregistrer toutes nos expériences vécues. Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), elle nous permet d’intégrer, de conserver et de restituer des informations pour interagir avec notre environnement. Elle fournit les bases de notre identité. Dans certaines situations, elle peut nous faire défaut.

« Quand j’entends une date, je vois ce jour »

Il faut remonter à 1920 pour voir apparaître le premier cas d’hypermnésie dans la littérature médicale. C’est le neuropsychologue soviétique Alexandre Luria qui en parle. Il a étudié la mémoire de Solomon Cherechevski, un jeune journaliste russe qui avait la capacité de mémoriser toutes ses notes sans les écrire et de les restituer sans faute.

Un cas célèbre plus récent a été identifié par deux neuropsychologues américains dans la revue scientifique Neuropsychologia en 2006. Cette femme, Jill Price, les avait contactés par courrier pour leur faire part de ses troubles de la mémoire. Elle explique alors être capable de situer avec précision les faits de sa vie depuis le 5 février 1980. Elle raconte sur un plateau télévisé américain, en 2006 : « Quand j’entends une date, je vois ce jour. » Dans l’étude, les chercheurs posent un diagnostic : une mémoire autobiographique inhabituelle. Elle déclare que ses premiers symptômes sont apparus après un traumatisme lié à un déménagement qu’elle a vécu à l’âge de huit ans.

« La personne est hantée par un événement traumatique »

L’hypermnésie émotionnelle est un syndrome de stress post-traumatique. Selon l’Inserm, le souvenir peut être mémorisé sur le long terme avec, à la fois, une amnésie de certains éléments et une hypermnésie d’autres détails, qui laissent la personne hantée durablement par cet événement. La personne a le sentiment de revivre continuellement la scène traumatisante, malgré les années qui passent.

D’autres personnes peuvent souffrir d’une hypermnésie idiopathique, c’est-à-dire sans cause identifiée. C’est une pathologie qui ne laisse aucune place à l’oubli. « Ces personnes rencontrent des difficultés dans la vie quotidienne liées à l’incapacité d’organiser leurs souvenirs en fonction de leur importance », indique l’Inserm.

« Ils ont la capacité de mémoriser l’exactitude d’un livre qu’ils viennent de lire »

Certains autistes présentent également des capacités d’hypermnésie. Cette pathologie concerne environ 700 000 personnes en France, selon l’Inserm. Une minorité d’entre eux ont la capacité de mémoriser de façon exacte un livre entier qu’ils viennent de lire ou un lieu qu’ils ont visité. Ce sont les autistes Asperger.

L’hypermnésie reste une souffrance, qui se caractérise par des troubles anxieux, des états dépressifs et de l’agressivité. Le cerveau s’encombre littéralement. Il n’existe à ce jour aucune étude épidémiologique qui justifierait un traitement spécifique. Les personnes souffrant de ce syndrome peuvent néanmoins bénéficier d’un suivi psychologique et médicamenteux pour la prise en charge de leurs symptômes.