Acide urique élevé : un risque de calcul rénal©iStockIstock
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Qu’est-ce que l’acide urique ?

Pour comprendre les répercussions que peut avoir une concentration excessive de cet acide dans le sang, il faut d’abord en présenter la définition.

L’acide urique est un sous-produit naturel de la destruction de l’ADN et de l’ARN au cours de la mort cellulaire, mais également des purines qui proviennent des composés présents dans les aliments comme la viande rouge, les fruits de mer, l'alcool et certaines légumineuses. L’acide urique est dégradé par le foie avant d’être évacué par le biais des urines et des selles.

Taux d’acide urique : les normes à connaître

Le taux d’acide urique dans le sang est mesuré par une prise de sang et s’exprime en milligrammes par décilitre (mg/dL) ou en micromoles par litre (µmol/L). Un taux d’acide urique est considéré comme “normal” lorsqu’il se situe dans les fourchettes suivantes :

  • Chez les hommes : entre 180 à 420 µmol/L
  • Chez les femmes : entre ou 150 à 360 µmol/L

Ces valeurs peuvent légèrement varier en fonction des laboratoires et des méthodes d’analyse utilisées. Un taux trop élevé (hyperuricémie) peut entraîner des complications comme la goutte ou la formation de calculs rénaux, tandis qu’un taux trop bas (hypouricémie) est plus rare et souvent lié à certaines maladies ou à des carences nutritionnelles. En cas d’anomalie, un suivi médical et des ajustements alimentaires peuvent être recommandés pour rétablir un équilibre optimal.

Qu'est-ce qui provoque un excès d'acide urique ?

Un excès d’acide urique, aussi appelé hyperuricémie, peut être causé par plusieurs facteurs :

Une alimentation riche en purines

Les purines sont des substances naturellement présentes dans certains aliments. Lorsqu’elles sont dégradées par l’organisme, elles produisent de l’acide urique. Une consommation excessive de ces aliments peut entraîner une augmentation du taux d’acide urique dans le sang. Parmi les aliments riches en purines, on retrouve :

  • La viande rouge (bœuf, porc, agneau)
  • Les abats (foie, rognons)
  • Les fruits de mer (crevettes, moules, sardines)
  • Certains poissons gras (maquereau, hareng)
  • Les légumineuses (lentilles, pois chiches)

Un dysfonctionnement des reins

Les reins jouent un rôle clé dans l’élimination de l’acide urique par l’urine. Si leur fonctionnement est altéré, l’acide urique peut s’accumuler dans l’organisme. Certaines maladies rénales chroniques ou l’insuffisance rénale peuvent réduire la capacité des reins à filtrer correctement ce déchet.

Une production excessive d’acide urique

Certaines maladies et conditions médicales peuvent provoquer une surproduction d’acide urique :

  • Le syndrome métabolique (associé au diabète, à l’obésité et à l’hypertension)
  • Le cancer et les traitements comme la chimiothérapie qui détruisent de nombreuses cellules, libérant une grande quantité de purines
  • Les troubles génétiques affectant le métabolisme des purines

Une consommation excessive d’alcool et de sucre

L’alcool, en particulier la bière, interfère avec l’élimination de l’acide urique et favorise son accumulation. De plus, les boissons sucrées riches en fructose (sodas, jus industriels) stimulent la production d’acide urique dans le foie.

La déshydratation et le manque d’eau

Un apport insuffisant en eau peut favoriser l’accumulation d’acide urique, car les reins ont plus de mal à l’éliminer efficacement.

Comment un taux élevé d’acide urique contribue à la formation de calculs rénaux

Lorsque l’acide urique se trouve en excès dans l’organisme, il peut se cristalliser dans les reins et former des calculs rénaux d’urate. Il faut savoir qu'un taux d’acide urique élevé, associé à un pH urinaire faible, représente un terrain favorable à la formation de calculs rénaux constitués par des cristaux d’acide urique.

Une fois formés, les cristaux d’acide urique peuvent s’agréger les uns aux autres pour former des calculs de plus grande taille. Ces pierres peuvent être composées uniquement d’acide urique ou s’associer à d’autres éléments présents dans l’urine, comme l’oxalate de calcium, rendant les calculs plus complexes et plus difficiles à dissoudre. Les calculs rénaux d’acide urique peuvent rester dans les reins sans provoquer de symptômes, mais lorsqu’ils se déplacent vers l’uretère (le canal reliant le rein à la vessie), ils peuvent entraîner des douleurs intenses, appelées coliques néphrétiques. Ces douleurs surviennent lorsque le calcul bloque partiellement ou totalement l’écoulement de l’urine. Dans certains cas, si un calcul devient trop volumineux ou s’il obstrue les voies urinaires, il peut être la cause d'infections urinaires ou d'une insuffisance rénale aiguë, nécessitant une prise en charge médicale urgente.

Certains protéines et minéraux urinaires peuvent aussi influencer l’agrégation des cristaux. Par exemple, un faible niveau de citrate urinaire favorise la formation des calculs, car cette molécule aide normalement à empêcher la cristallisation.

Qu'est-ce que la crise de goutte ?

Lorsque ces agrégats d’acide urique s’accumulent dans une articulation, c’est la crise de goutte.

La goutte se manifeste principalement sous forme de crises aiguës caractérisées par des douleurs articulaires intenses, un gonflement et une rougeur, souvent localisés à la base du gros orteil (podagre), mais pouvant aussi toucher plusieurs autres articulations comme la cheville, le genou ou le poignet.

Cette affection touche principalement les hommes après 40 ans et les femmes après la ménopause. À long terme, la goutte peut entraîner des complications comme la formation de tofus (dépôts d’acide urique sous la peau) et des atteintes rénales. Dans ce cas, le médecin proposera un traitement adapté, incluant des mesures diététiques et parfois des médicaments pour réduire le taux d’acide urique, permet de prévenir les crises et d’éviter l’évolution vers une forme chronique invalidante.

Comment faire descendre l'acide urique rapidement ?

Pour réduire rapidement un taux élevé d’acide urique, plusieurs mesures peuvent être adoptées, combinant alimentation adaptée, hydratation et, si nécessaire, traitement médical.

  • Maintenir une bonne hydratation en buvant au moins 2 litres d’eau par jour, en privilégiant l’eau plate ou alcaline pour neutraliser l’acidité urinaire.
  • Adopter une alimentation pauvre en purines : Limitez les aliments riches en purines, comme les viandes rouges, les abats, les fruits de mer et certains poissons (maquereau, sardine). Favorisez plutôt les fruits et légumes, les produits laitiers allégés et les céréales complètes.
  • Éviter l’alcool et les boissons sucrées : L’alcool (surtout la bière) et les sodas sucrés augmentent la production d’acide urique et ralentissent son élimination. Leur suppression peut aider à réduire rapidement l’hyperuricémie.
  • Prendre des médicaments si nécessaire : En cas d’hyperuricémie sévère ou de crise de goutte, un médecin peut prescrire des médicaments. Des anti-inflammatoires peuvent également être utilisés en cas de douleurs articulaires
  • Pratiquer une activité physique modérée : L’exercice régulier aide à réguler le métabolisme et à éviter l’accumulation d’acide urique, mais il est important d’éviter un effort excessif qui pourrait favoriser une déshydratation et une accumulation d’acide lactique.

En combinant ces mesures, il est possible de faire baisser l’acide urique en quelques jours ou semaines, selon la gravité du déséquilibre. Un suivi médical est recommandé pour ajuster les stratégies et éviter les complications comme la goutte ou les calculs rénaux.

En comprenant mieux le processus de formation des calculs rénaux liés à l’acide urique élevé, il devient possible de prévenir leur apparition et d’éviter les complications associées. Il ne faut pas hésiter à consulter son médecin en cas de doute.