
- 1 - "Vous avez un cancer"
- 2 - "Je vous prescris un médicament à effets secondaires"
- 3 - "Je ne sais pas ce que vous avez"
- 4 - "Il vous reste 6 mois à vivre"
- 5 - "Il n’y a pas de traitement pour ce que vous avez"
- 6 - "Vous allez avoir un Alzheimer"
- 7 - "Vous avez des métastases"
- 8 - "Je peux tout vous dire si vous voulez"
- 9 - "Vous ne risquez plus rien"
"Vous avez un cancer"
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Pourquoi le médecin vous cache-t-il la vérité ? Parce qu’il craint que vous ne vous soigniez pas. "L’inobservance est une obsession chez le médecin", rappelle Sylvie Fainzang. Pour le Dr Bertrand Gilot, psychiatre : "C’est aussi une question de pouvoir." Explication : "S’il dit qu’il y a des effets secondaires, le patient peut refuser de se soumettre à ce que le médecin propose. Or, pour ce dernier, le malade doit lui obéir."
"Je ne sais pas ce que vous avez"
Pourquoi le médecin vous cache-t-il la vérité ? Parce qu'il peut être difficile pour lui d'admettre qu'il ne sait pas. "Quand le médecin n’a plus rien à proposer, cela remet en cause sa toute-puissance et c’est alors beaucoup plus difficile pour lui de rester présent et disponible", témoigne le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. Pourtant, "un médecin ne peut pas tout savoir, surtout aujourd’hui où la médecine est devenue vraiment complexe. Ce qu’il doit savoir en revanche c’est passer la main à un confrère spécialisé", explique le Dr Brigitte Blond, médecin généraliste.
"Il vous reste 6 mois à vivre"
Pourquoi le médecin vous cache-t-il la vérité ? "Parce qu’il ne la sait pas", répond tout simplement le Dr Brigitte Blond, médecin généraliste. Aucun médecin n’a la science infuse. Il ne peut ni connaître avec certitude l’évolution de la maladie, ni les réactions aux traitements... Comme le confie un praticien à Sylvie Fainzang, chercheuse à l’Inserm : "Même si on est sûr qu’un malade est cuit, on ne doit pas lui dire : "Vous n'en avez que pour trois mois". On peut toujours se tromper, on n’est pas dieu !" Au mieux et si vous lui demandez, le médecin pourra vous donner une fourchette de temps. "On peut dire qu’à priori ça peut aller de x temps à x temps", indique le Pr Stéphane Droupy, urologue. Il pourra aussi donner quelques statistiques. "On dira alors : "Il y a 1/3 de guérison" plutôt que de dire "il y a 2/3 de décès"", explique le spécialiste.
"Il n’y a pas de traitement pour ce que vous avez"
Pourquoi le médecin vous cache-t-il la vérité ? Dans l’enquête menée par Sylvie Fainzang, chercheuse à l’Inserm, un autre soignant confie : "Si une patiente passe d’un traitement curatif à des soins palliatifs […] je ne l’informe pas. Ca ne sert à rien de lui dire puisque ça n’aide pas le traitement."
"Vous allez avoir un Alzheimer"
Pourquoi le médecin vous cache-t-il la vérité ? Parce que cette maladie fait peur. "Ce n’est pas toujours facile de dire : "Dans 2 ans vous souffrirez d’Alzheimer"", reconnaît le Pr Stéphane Droupy, urologue. Pour que l’annonce soit moins inquiétante, beaucoup de praticiens misent sur le filtrage des informations. "On va délivrer l’information par étape pour annoncer des choses sûres. On dit qu’il y a plusieurs hypothèses et que pour l’instant on ne peut pas trancher", explique le Dr Bertrand Gilot, psychiatre. Autre technique confiée par ce spécialiste : "Laisser le patient s’angoisser avant d’annoncer la mauvaise nouvelle car l’angoisse protège de l’effondrement." Au final, le diagnostic est quand même dit mais perçu moins brutalement.
"Vous avez des métastases"
Pourquoi le médecin vous cache-t-il la vérité ? Sans aller jusqu’au mensonge, le Pr Stéphane Droupy, urologue, nous explique : "Si on a un doute sur une métastase, on va d’abord dire qu’il faut recontrôler cette image afin d’être certain du diagnostic, et non de suite : "C’est métastasique"." Pourquoi ? "Parce qu’on n’est pas sûr que donner cette information change grand-chose à la prise en charge."
"Je peux tout vous dire si vous voulez"
Pourquoi le médecin vous cache-t-il la vérité ? "Parce que pour lui, il convient de n’informer le malade que s’il le souhaite", explique Sylvie Fainzang, chercheuse à l’Inserm. Lors de ses travaux, un oncologue lui a d’ailleurs confié : "La vraie information c’est de répondre à une demande." Le problème ici, c’est que bien souvent on ne sait pas comment poser les questions au médecin pour être bien compris. Certains spécialistes se replient alors derrière le "le patient ne veut pas savoir, il est dans le déni".