Comment savoir si on a un ulcère à l'estomac ?Istock
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Douleurs gastriques, troubles digestifs persistants… Lorsqu’on ressent un inconfort au niveau de l’estomac, la question d’un ulcère peut rapidement se poser. Pourtant, avant d’envisager ce diagnostic, encore faut-il savoir de quoi il s’agit réellement. L’ulcère à l’estomac est une affection relativement fréquente, mais souvent mal comprise. Comment apparaît-il ? Quels mécanismes le provoquent ? Et surtout, que faire ?

Qu'est-ce qu'un ulcère gastroduodénal ?

L'ulcère de l'estomac, également appelé ulcère gastroduodénal se caractérise par une plaie profonde située dans la paroi interne de l'estomac ou de la première partie de l'intestin appelée duodénum, selon l'assurance maladie.
Il s’agit en fait d’une plaie ouverte qui survient lorsque la muqueuse protectrice de l’estomac est altérée, laissant l’acide gastrique attaquer les tissus sous-jacents. Contrairement à une simple irritation ou inflammation (comme dans la gastrite), l’ulcère va plus en profondeur et peut, s’il n’est pas pris en charge, entraîner des complications sérieuses.

Quelles sont les causes de l'ulcère à l'estomac ?

Contrairement à une idée reçue encore répandue, le stress ou une alimentation épicée ne sont pas les causes principales des ulcères à l’estomac. Dans la grande majorité des cas, cette lésion est provoquée par une infection bactérienne due à Helicobacter pylori, une bactérie qui colonise la muqueuse gastrique et affaiblit sa protection naturelle.
Une autre cause fréquente est l’usage prolongé de certains médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), comme l’ibuprofène ou l’aspirine, qui irritent la paroi de l’estomac. D’autres facteurs peuvent également favoriser l’apparition d’un ulcère : le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, ou encore des antécédents familiaux. Ces éléments n’agissent pas seuls, mais peuvent aggraver les effets de l’infection bactérienne ou augmenter la vulnérabilité de la muqueuse.

Quels sont les symptômes d'un ulcère à l'estomac ?

"L'ulcère est une altération de la muqueuse de l'estomac ou du duodénum qui est la première partie de l'intestin grêle", explique le Dr Hervé Hagège. "Dans la plupart des cas, la douleur de l'ulcère se situe au niveau de l'épigastre, c'est-à-dire au milieu de l'abdomen et au-dessus de l'ombilic (nombril). Parfois, elle se situe aussi à droite sous les côtes (hypocondre droit)".

La douleur ressemble à une crampe ou à une sensation de faim douloureuse. Ce mal-être peut également survenir la nuit. Elle est calmée par la prise d’aliments ou d’un médicament contre les sécrétions acides. Elle se manifeste souvent par poussées de quelques semaines, alternant avec des phases sans symptôme.

En outre, un ulcère peut aussi impliquer des manifestations plus atypiques comme une simple gêne au niveau des côtes.

Rassurez-vous, toutes les personnes qui ont mal à l'estomac ne souffrent pas d'un ulcère pour autant. Très souvent, un reflux gastro-oesophagien est à l'origine de ces douleurs gastriques.

Ulcère de l'estomac : des douleurs rythmées par les repas

"Ce qui est très caractéristique de la douleur liée à l'ulcère, précise le Dr Hagège, gastro-entérologue, c'est qu'elle est rythmée par les repas. En général, lorsque la personne a mal, il lui suffit de manger quelque chose ou de boire un verre d'eau ou de lait, pour que cela "tamponne" l'acidité, donc calme la douleur. On a mal de nouveau 2 ou 3 heures après, lorsque l'acidité par l'estomac est à son maximum. La douleur peut être également nocturne."

Ulcère de l'estomac, attaque ou reflux ?

"Il faut être vigilant à ne pas confondre la douleur d'un ulcère à l'estomac avec celle d'une maladie coronarienne", met en garde Hervé Hagège, médecin gastro-entérologue. "Dans les deux cas, le patient peut avoir mal au milieu de la poitrine. Mais classiquement, l'ulcère gastroduodénal n'irradie pas dans le bras ou la mâchoire". Si c’est le cas, il peut s’agir non d’un ulcère, mais d’un infarctus, et il faut consulter en urgence.

En revanche, pas de risque de confondre avec un reflux gastro-œsophagien. "L'ulcère donne une douleur comme une crampe ou une sensation de faim douloureuse alors que le reflux provoque une brûlure d'estomac remontant dans l’oesophage."

Ulcère de l'estomac : attention aux anti-inflammatoires !

On a longtemps pensé que l’ulcère était d’origine psychosomatique. En fait, une bactérie, l’Helicobacter pylori est responsable de la plupart des ulcères de l'estomac ou du duodénum.

Les autres cas sont dus majoritairement à l'emploi des anti-inflammatoires non stéroïdiens(AINS), type Aspégic®, Kardégic®, Aspirine du Rhône, Aspirine Upsa, Salipran... "Et si, en plus, les personnes prennent régulièrement de l'aspirine ou des anti-agrégants plaquettaires à la suite de problèmes cardiovasculaires, il faut être vigilant, car le risque de saignement de l'ulcère est accru", insiste le Dr Hagège.

Ulcère de l'estomac : êtes-vous à risque ?

"Au-delà de 65 ans, quand un médecin prescrit un anti-inflammatoire non stéroïdien (Aspégic®, Kardégic®, Aspirine du Rhône, Aspirine Upsa, Salipran…) pour des douleurs quelconques, il doit impérativement prescrire en même temps un médicament anti-secrétoire gastrique(IPP) afin de protéger l'estomac", note le Hervé Hagège, gastro-entérologue.

"Avant cet âge, tout dépend du terrain". Et dans tous les cas l'alcool, le tabac et les antécédents d'ulcère dans la famille sont des facteurs qui doivent amener à être attentif à son estomac pour éviter les complications.

Estomac : comment reconnaître un ulcère perforé

On parle d’ulcère perforé quand "l'ulcère attaque et creuse la muqueuse de l'estomac. Parfois celle-ci peut se perforer. Le liquide contenu dans l'estomac se répand dans le péritoine, c'est-à-dire dans la cavité abdominale", explique le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue.

Comment en faire le diagnostic ? "La douleur initialement située au niveau de l'épigastre gagne tout le ventre qui devient dur". Attention : il s'agit d'une urgence vitale.

Ulcère à l'estomac : que faire en cas de saignements ?

Le saignement est la principale complication de l’ulcère. "C'est le signe que l'ulcère a touché un vaisseau de la paroi de l'estomac ou du duodénum", précise le Dr Hagège, gastro-entérologue.

"Dans ce cas, on assiste à deux types de symptômes : soit le patient vomit du sang, soit ses selles contiennent du sang digéré. Les selles sont alors noires et collantes comme du goudron avec une odeur très forte.

Plus rarement, le seul signe est l'anémie aiguë avec chute de tension et tachycardie (accélération permanente ou paroxystique du rythme cardiaque). Dans tous les cas, il s'agit d'une urgence vitale."

Ulcère à l'estomac : quel est le diagnostic ?

Pour commencer, le médecin traitant va interroger son patient sur ses symptômes et vérifier s'il présente des facteurs de risque (tabagisme ou prise d'anti-inflammatoires). Puis, le praticien va palper l'abdomen pour localiser d'éventuelles douleurs.

"Si un ulcère de l'estomac est suspecté, un bilan est ensuite effectué par des médecins généralistes, mais aussi gastro-entérologue, infectiologue et radiologue", décrit l'Assurance Maladie.

"La seule façon d'être sûr qu'il s'agit bien d'un ulcère, c'est la technique de la gastroscopie qui consiste à introduire un fin tuyau muni d'une petite caméra et de mini instruments dans l'estomac de façon à regarder l'état de la muqueuse ainsi que les parois digestives et pratiquer des prélèvements (biopsies). On vérifie ainsi la présence d'Helicobacter pylori, une bactérie responsable de plus de 90 % des ulcères en dehors des médicaments anti-inflammatoires, et l'on peut écarter un éventuel cancer gastrique", explique le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue.

Comment soigner un ulcère à l'estomac ?

Puisque l'ulcère est souvent dû à une bactérie, il faut la supprimer. "Le traitement nécessite la prise d'une double antibiothérapie associée à une double dose de médicament anti-sécrétoire (inhibiteur de la pompe à proton ou IPP comme le Pantoprazole ®)", explique le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue.

"Il dure 7 jours et il est efficace dans environ 70% des cas. Il est donc impératif de vérifier son efficacité. Il n’est pas nécessaire de refaire une gastroscopie, mais simplement un test respiratoire non invasif et parfaitement toléré. Ce test doit être effectué au moins 4 semaines après la fin du traitement." Si l'Helicobacter pylori n’a pas été éradiqué, un traitement de 2ème ligne peut être nécessaire.

Lorsqu’un ulcère est diagnostiqué, il est essentiel d’adopter une hygiène de vie adaptée pour favoriser la guérison et éviter les récidives. En premier lieu, il convient de limiter, voire d’arrêter, la consommation de tabac et d’alcool, deux facteurs qui fragilisent la muqueuse gastrique et ralentissent la cicatrisation. Côté alimentation, il n’existe pas de régime strict, mais il est recommandé d’éviter les aliments trop gras, très acides, trop épicés ou irritants (comme le café ou les boissons gazeuses), qui peuvent aggraver les douleurs. Il est préférable de manger en petites quantités, lentement, et de répartir les repas sur la journée. Enfin, une bonne gestion du stress, un sommeil suffisant et l’arrêt de la prise d’anti-inflammatoires sans avis médical sont aussi des mesures importantes pour accompagner le traitement et favoriser la prévention des récidives.

Ulcère à l'estomac : attention aux récidives !

Oui, un ulcère peut récidiver. "C'est pourquoi, lorsqu'une personne ayant déjà été traitée pour un ulcère présente à nouveau les symptômes, il faut penser à un nouvel épisode ulcéreux", précise le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue.

"Il faut surtout essayer d’éradiquer l'Helicobacter pylori, ce qui nécessite parfois plusieurs lignes de traitement d’éradication associant aux anti-sécrétoires gastriques différents antibiotiques". Quoi qu'il en soit, avant de mettre un traitement anti-ulcéreux en route, il faut être sûr qu'il s'agit bien d'un ulcère, sinon on risque de masquer, par une amélioration des symptômes, un problème plus grave. Des examens endoscopiques sont donc toujours nécessaires."

Ulcère à l'estomac, quand faut-il consulter ?

Il est important de consulter un médecin dès que des douleurs ou gênes digestives persistent, notamment si elles se manifestent régulièrement après les repas ou à jeun.

Une consultation est indispensable si vous ressentez une douleur brûlante au creux de l’estomac, si vous avez des nausées, une perte d’appétit, un amaigrissement inexpliqué ou une sensation de digestion difficile. Certains signes doivent alerter immédiatement, car ils peuvent indiquer une complication : présence de sang dans les vomissements ou les selles (noires et goudronneuses), douleur abdominale intense et soudaine, fatigue inhabituelle… Dans tous les cas, seul un professionnel de santé peut poser le diagnostic et proposer un traitement adapté.

Quel est le pronostic d’un ulcère à l’estomac ?

Le pronostic d’un ulcère à l’estomac est généralement favorable, surtout lorsqu’il est pris en charge rapidement et que les recommandations médicales sont bien suivies.
Grâce aux traitements modernes — en particulier les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) qui réduisent l’acidité gastrique, et les antibiotiques en cas d’infection à Helicobacter pylori — la plupart des ulcères guérissent en quelques semaines. Toutefois, sans traitement adapté, un ulcère peut persister, s’aggraver ou entraîner des complications graves, comme une hémorragie digestive, une perforation de l’estomac ou un rétrécissement du canal pylorique.
C’est pourquoi il est essentiel de consulter un professionnel de santé en cas de symptômes persistants, et de poursuivre le suivi médical jusqu’à la guérison complète.

Sources

Les symptômes et le diagnostic de l’ulcère gastroduodénal, Assurance Maladie, 18 octobre 2018