
Palpitations, essoufflement, vertiges, fatigue persistante… Il n’est pas rare qu’à partir de 40 ans, ces symptômes s’installent sans qu’on leur accorde tout de suite l’attention qu’ils méritent. Pourtant, ils peuvent signaler un trouble du rythme cardiaque : une arythmie. Et dans certains cas, quand les traitements médicamenteux ne suffisent plus, la chirurgie cardiaque devient une réponse efficace et salvatrice.
L’arythmie, un trouble plus fréquent qu’on ne le croit
Avec l’âge, le cœur, comme le reste du corps, subit les effets du temps. Ses circuits électriques internes peuvent se dérégler. Résultat : le rythme cardiaque devient trop lent, trop rapide ou irrégulier. Ces troubles, appelés arythmies, sont variés, mais le plus fréquent chez les adultes de plus de 40 ans est la fibrillation auriculaire. Selon l’Assurance maladie, cette pathologie touche environ 1 % de la population générale, mais grimpe à 10 % après 80 ans.
Des traitements, mais pas toujours suffisants
Face à une arythmie, les premiers réflexes sont souvent médicamenteux : anticoagulants pour limiter le risque d’AVC, bêtabloquants ou antiarythmiques pour stabiliser le rythme. Mais pour certaines personnes, ces traitements échouent ou deviennent difficiles à tolérer. C’est là que l’option chirurgicale entre en jeu.
Et quand on parle de chirurgie pour le cœur, il ne faut plus imaginer d’office le grand bloc opératoire. De nombreuses interventions sont aujourd’hui mini-invasives, rapides, et très bien tolérées.
L’ablation par radiofréquence : quand la précision soigne
C’est l’une des techniques les plus utilisées aujourd’hui contre les arythmies. Le principe ? Identifier et neutraliser les zones du cœur responsables du dérèglement électrique. À l’aide d’un cathéter inséré dans une veine de l’aine, le cardiologue remonte jusqu’au cœur et applique une chaleur localisée (ou parfois du froid, dans le cas de la cryoablation) pour « effacer » les foyers anormaux.
La procédure est réalisée sous anesthésie locale ou générale légère, dure en moyenne 1h30 à 2h, et permet à de nombreux patients de retrouver un rythme cardiaque stable, sans médicament à vie. D’après la Société européenne de cardiologie, le taux de succès de cette intervention peut atteindre 70 à 80 % dans les cas de fibrillation auriculaire paroxystique.
Les patients peuvent reprendre une vie normale rapidement, avec un simple suivi tous les 6 à 12 mois.
Le pacemaker : une aide pour les cœurs qui ralentissent
Lorsque l’arythmie prend la forme d’un ralentissement excessif du rythme cardiaque (bradycardie), c’est un petit appareil, le pacemaker, qui entre en scène. Ce dispositif, placé sous la peau, généralement au niveau de la clavicule, envoie de légers signaux électriques au cœur pour en maintenir le bon tempo.
Le geste chirurgical, pratiqué en ambulatoire dans la majorité des cas, est aujourd’hui bien rodé. Les patients peuvent reprendre une vie normale rapidement, avec un simple suivi tous les 6 à 12 mois. Les nouveaux modèles permettent même une surveillance à distance via des boîtiers connectés.
D’autres interventions en cas de troubles plus complexes
Parfois, l’arythmie n’est qu’un symptôme d’un problème plus large, comme une valve cardiaque déficiente, ou une insuffisance coronarienne. Dans ces cas, une chirurgie plus lourde (remplacement valvulaire, pontage) peut s’avérer nécessaire. La bonne nouvelle, c’est que même ces interventions autrefois redoutées sont aujourd’hui plus sûres, mieux encadrées et bénéficient des progrès de la chirurgie mini-invasive ou robot-assistée.
La TAVI, par exemple (remplacement de valve aortique par voie percutanée), a révolutionné la prise en charge des personnes âgées à haut risque opératoire, et est désormais proposée dès 65-70 ans dans certains cas.
Si vous ressentez des palpitations fréquentes, un essoufflement inhabituel ou des pertes de connaissance inexpliquées, parlez-en à votre médecin. Un simple ECG peut suffire à mettre en lumière un trouble, et vous ouvrir la voie vers un traitement durable, parfois même curatif.