
- 1 - Résection transurétrale : 95 % d'éjaculations rétrogrades !
- 2 - Coelioscopie prostatique : une révolution chirurgicale
- 3 - Opération prostatique par voie haute : peu de risques d'incontinence
- 4 - Incision cervico-prostatique : elle préserve l'éjaculation
- 5 - Chirurgie "à ciel ouvert" : des risques de dysfonction érectile
- 6 - Chirurgie prostatique par robot : la dernière innovation !
- 7 - Opération de la prostate par laser : c'est cher !
- 8 - Electro-vaporisation prostatique : pour les petits adénomes
- 9 - Thermothérapie de la prostate : pour les jeunes
- 10 - Prostate : comment trouver un bon chirurgien ?
- 11 - Prostate : méfiez-vous des palmarès des hôpitaux !
Résection transurétrale : 95 % d'éjaculations rétrogrades !
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Prostate : les signes qui doivent alerterQuels sont les risques de la résection transurétrale ? Dans environ 95% des cas, l'intervention entraîne une éjaculation rétrograde. Le sperme n'est plus évacué par le pénis mais dans la vessie, donc par les urines. "Il n'y a cependant pas de problèmes d'impuissance et le risque d'incontinence est très exceptionnel, en dessous de 1%", précise le Dr Christian Barré, chirurgien urologue. Il peut y avoir une sensation de brûlures lors des mictions, tout de suite après l'opération.
En quoi consiste la résection transurétrale ? Une fibre optique rigide est introduite par les voies naturelles dans le canal de l'urètre, elle remonte jusqu'à la prostate. Elle permet de découper l'adénome en petits morceaux pour qu'il n'obstrue plus l'urètre.
En pratique : L'intervention est réalisée sous anesthésie générale ou rachi-anesthésie. Il faut compter 3 à 4 jours d'hospitalisation. L’avantage de cette technique est de ne pas laisser de cicatrice cutanée.
Est-ce remboursé ? Oui.
Coelioscopie prostatique : une révolution chirurgicale
Quels sont les risques de la coelioscopie ? "Pour nous qui pratiquons la technique depuis près de 20 ans, la coelioscopie réduit le risque d'incontinence et de troubles de l'érection", explique le Pr Clément-Claude Abbou, urologue. GG, un de nos internautes, témoigne : "Je peux aujourd'hui uriner normalement et sexuellement ça marche pas mal." Une étude menée sur 5000 patients opérés à l’Institut Montsouris montre que la coelioscopie entraîne moins de transfusion sanguine, moins de douleurs post-opératoires et un séjour hospitalier plus court, qu’après une chirurgie ouverte. Le risque de récidive est similaire (à 5 ans, 80% des patients de l’étude ne présentent pas de récidive ni de métastase).
En quoi consiste l'opération de la prostate par coelioscopie ? Des petits orifices sont effectués dans la peau au niveau de l'abdomen. Ce dernier est au préalable gonflé avec du gaz. Le chirurgien positionne des trocarts pour introduire une caméra et des instruments. Il peut visualiser ses gestes en 2D sur écran. Les mains du chirurgien commandent alors ces instruments à distance pour retirer la prostate ainsi que les vésicules séminales (voire parfois les ganglions situés autour), sans avoir besoin de faire de larges ouvertures.
En pratique : L'intervention est réalisée sous anesthésie générale et il faut compter 3 à 5 jours d'hospitalisation.
Est-ce remboursé ? Oui.
Opération prostatique par voie haute : peu de risques d'incontinence
Quels sont les risques de l'opération de la prostate par voie haute ? Les principaux effets secondaires sont les saignements et l'éjaculation rétrograde. Le sperme n'est plus expulsé vers l'extérieur, mais dans la vessie (attention : le plaisir sexuel n'est pas altéré pour autant). Le risque d'incontinence est très faible (moins de 1%).
En quoi consiste une opération de la prostate par voie haute ? "On fait une incision sous le nombril, on ouvre la vessie, on passe à travers et on enlève l'adénome de la prostate dans sa totalité", explique le Dr Alexandre de la Taille, urologue.
En pratique : L'anesthésie est générale et l'hospitalisation dure 5 à 7 jours. "C'est plus long qu'avec les autres techniques chirurgicales car on ouvre la vessie. Il faut le temps qu'elle cicatrise", précise le Dr Christian Barré, chirurgien urologue.
Est-ce remboursé ? Oui.
Incision cervico-prostatique : elle préserve l'éjaculation
Quels sont les risques de l'incision cervico-prostatique ? Il y en a peu. L'éjaculation est conservée dans environ 80% des cas. Le risque d'incontinence est inférieur à 1% et souvent transitoire. Il n'y a pas de problèmes sur le plan sexuel : la qualité des érections et la libido ne sont habituellement pas modifiées par l’intervention. L’impuissance est exceptionnelle et le risque d’éjaculation rétrograde est très faible (inférieur à 5%). Des petites brûlures lors des mictions peuvent être ressenties après l'intervention, mais elles ne sont que passagères.
En quoi consiste l'incision cervico-prostatique ? Une fibre optique rigide est introduite par voie naturelle (via l'urètre). Elle est utilisée pour inciser le col de la vessie, puis la prostate. "Le but est de fendre la prostate en deux pour qu'elle s'ouvre mieux et laisse passer l'urine (bloquée par la présence de l'adénome)", explique le Dr Alexandre de la Taille, urologue.
En pratique : L'intervention est réalisée sous anesthésie générale et nécessite 2 à 4 jours d'hospitalisation.
Est-ce remboursé ? Oui.
Chirurgie "à ciel ouvert" : des risques de dysfonction érectile
Quels sont les risques de la chirurgie "à ciel ouvert" ? Parmi toutes les techniques pouvant être utilisées pour opérer un cancer de la prostate, "les meilleurs résultats sur l'incontinence sont obtenus avec la chirurgie à ciel ouvert", explique le Dr Jérôme Graal, urologue. Le risque de troubles érectiles est plus relatif. Il dépend de la capacité du chirurgien à préserver les nerfs érecteurs. Si oui, "2/3 des hommes récupèrent des érections satisfaisantes", souligne le Pr Stéphane Droupy, urologue. Si non, les érections ne sont plus naturelles mais artificielles (via une pompe à vide ou des injections intra-caverneuses). Aujourd’hui, on estime que 40 à 50 % des patients peuvent avoir une érection après une ablation de la prostate. Le risque de récidive de la maladie est équivalent à celui des autres techniques.
En quoi consiste l'opération "à ciel ouvert" ? Le chirurgien incise sous le nombril pour retirer toute la glande prostatique ainsi que les vésicules séminales (qui produisent le sperme), et parfois les ganglions avoisinants pour les examiner.
En pratique : L'intervention est réalisée sous anesthésie générale et il faut compter 6 jours d'hospitalisation, puis un mois de convalescence. Pour faciliter le passage de l'urine après l'intervention, une sonde vésicale est introduite dans la verge. Elle est conservée quelques jours.
Est-ce remboursé ? Oui.
Chirurgie prostatique par robot : la dernière innovation !
Quels sont les risques de la chirurgie prostatique assistée par robot ? Selon les centres hospitaliers utilisant la chirurgie assistée par robot, elle diminuerait le risque de troubles érectiles et d'incontinence. Mais pour le Dr Christian Barré, urologue : "C'est faux !". "Aucune publication n'a montré (à ce jour) la supériorité de l'utilisation du robot". Le risque de récidive de la maladie est équivalent à celui des autres techniques. De fait, en 2015, la Haute Autorité de Santé a rendu un avis favorable au remboursement de la prostatectomie assistée par robot, tout en reconnaissant que la technique n’apporte pas de bénéfices supplémentaires par rapport aux autres méthodes opératoires.
En quoi ça consiste ? Les bras du robot remplacent ceux du chirurgien, qui les commande à distance. Comme pour la coelioscopie, des petits trous sont effectués dans la peau, l'abdomen est gonflé et des troquards sont insérés jusqu'à la prostate. Le chirurgien introduit dedans les instruments nécessaires pour retirer la glande prostatique, les vésicules séminales et parfois les ganglions situés à proximité. Le praticien peut visualiser ces gestes sur un écran en 3D, rendant l'acte encore plus précis.
En pratique : L'intervention est réalisée sous anesthésie générale et il faut compter 3 à 5 jours d'hospitalisation.
Est-ce remboursé ? Non, l'intervention par robot n'est pas prise en charge par la Sécurité sociale mais il arrive que certains établissements hospitaliers la pratiquant supportent eux-mêmes le coût de l'intervention. L’avis favorable de la HAS au remboursement de l’intervention, rendu fin 2016, pourrait toutefois changer la donne dans un avenir proche !
Opération de la prostate par laser : c'est cher !
Quels sont les risques de l'opération de la prostate par laser ? Plusieurs études ont démontré que l’utilisation du laser diminue le risque hémorragique par rapport aux autres techniques, ainsi que les troubles de l’érection et d’incontinence urinaire. En revanche, le risque d’éjaculation rétrograde est "très important", rappelle l’Association Française d’Urologie. Par ailleurs, l'intervention au laser ne permet pas le prélèvement du tissu prostatique de l'adénome pour rechercher l'existence de cellules cancéreuses.
En quoi consiste l'opération de la prostate par laser ? "Par voie naturelle, on introduit une fibre optique (contenant le faisceau laser) qui va vaporiser le tissu prostatique pour le chauffer et l'évaporer (pour les petits et moyens adénomes) ou le découper (pour les gros adénomes)", explique le Dr Alexandre de la Taille, urologue.
En pratique : Une séance laser suffit à retirer l'adénome. Elle est réalisée sous anesthésie générale ou rachianesthésie. L'hospitalisation est de 1 à 2 jours (moins qu'avec les autres techniques, et souvent en ambulatoire). Mais le laser reste une technique minoritaire en France (il coûte cher !).
Est-ce remboursé ? Non, le traitement d'un adénome au laser n'est pas pris en charge par la sécurité sociale mais peut dans de rares cas, l'être par les établissements hospitaliers le pratiquant.
Electro-vaporisation prostatique : pour les petits adénomes
Quels sont les risques de l'électro-vaporisation de la prostate ? "Cette technique réduit les saignements (en comparaison par exemple à la résection endoscopique)", explique notre interlocuteur. Il n'y a pas de risque de troubles érectiles et très peu d'incontinence. Cependant, l'électro-vaporisation ne permet pas l'analyse du tissu prostatique de l'adénome pour rechercher l'existence de cellules cancéreuses.
En quoi consiste l'électro-vaporisation de la prostate ? "On vaporise le tissu prostatique avec un courant électrique élevé (180 à 300w) qui le chauffe et le transforme en vapeur d'eau", explique le Dr Alexandre de la Taille, urologue.
Le but est de réduire le volume de l'adénome pour qu'il ne gêne plus la miction.
En pratique : L'intervention se déroule sous anesthésie générale et l'hospitalisation dure 2 à 4 jours.
Est-ce remboursé ? Oui.
Thermothérapie de la prostate : pour les jeunes
Quels sont les risques de la thermothérapie ? Des petites brûlures lors des mictions et des fuites urinaires à l'effort peuvent apparaître suite à l'intervention mais durent peu en général. Il y a aussi un risque de rétention urinaire. Côté sexualité, la technique présente peu de risque d'éjaculation rétrograde (elle est ainsi avant tout proposée aux hommes jeunes, encore désireux de procréer) et ne perturbe pas le fonctionnement érectile. Une revue Cochrane de 2012 montre que la thermothérapie est un traitement efficace pour soulager les symptômes urinaires et les problèmes de débit urinaire provoqués par une prostate volumineuse.
En quoi consiste la thermothérapie ? "On implante 2 aiguilles dans la prostate en passant par la voie endoscopique et grâce aux ultrasons émis, on chauffe la prostate à plus de 100 degrés, ce qui entraîne la nécrose de l'adénome et donc la perte du volume", explique le Dr Alexandre de la Taille, urologue.
En pratique : L'acte est réalisé sous anesthésie locale et ne nécessite pas d'hospitalisation.
Est-ce remboursé ? Oui.
Prostate : comment trouver un bon chirurgien ?
- Deux, regardez la spécialité du praticien. "Que ce soit la chirurgie ouverte, la coeliocopie assistée ou non du robot, il est important d'avoir une personne compétente et spécialiste de la technique", poursuit notre interlocuteur.
- Enfin, renseignez-vous des résultats du chirurgien (en lui demandant ou en recherchant via Internet, notamment sur leurs sites). Car "ce n'est pas parce qu'il a le robot qu'un chirurgien est meilleur", explique le Dr Christian Barré, urologue. Ce qui compte c'est de savoir quel est le taux de continence et de rapports sexuels récupéré après ses interventions. Parmi les résultats publiés figure aussi le "taux de marge positive". A titre indicatif, plus ce taux est élevé, plus le risque de récidive augmente.
Prostate : méfiez-vous des palmarès des hôpitaux !
www.cancerdelaprostate.fr
La prostatectomie totale robot-assistée, une technique possible mais sans valeur ajoutée démontrée par rapport aux autres modalités opératoires, HAS, 2015
Les traitements du cancer localisé de la prostate, HAS, 2001
Cancer de la prostate : chirurgie coelioscopique et robotique, Institut Montsouris.
Association Française d’Urologie
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