Pied qui gratte et diabète : quelles solutions ?Istock
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Chez les personnes atteintes de diabète, la moindre démangeaison aux pieds peut être le signal d’alerte d’un déséquilibre de la peau… ou de complications plus graves. Pourquoi ces symptômes sont-ils fréquents ? Et surtout, comment y remédier efficacement ?

Est-ce que la peau qui gratte peut être un symptôme du diabète ?

Les démangeaisons aux pieds constituent un symptôme relativement fréquent en cas de diabète. Dans certains cas, ce sont même elles qui orientent le professionnel de santé vers ce diagnostic. Le prurit (démangeaisons) s’explique essentiellement par des troubles neurologiques consécutifs à une lésion du système nerveux.

C’est cette perturbation qui est à l’origine de la sensation de brûlure ou de picotements qui s’observe notamment au niveau du pied. Il peut aussi s’agir d’une artériopathie, c’est-à-dire que les artères au niveau du pied se bouchent.

Le pied qui gratte : une complication du diabète

Avoir le pied qui gratte peut aussi être le signe d’une complication du diabète. Cela peut traduire soit une neuropathie diabétique (qui est un trouble de la sensibilité), soit trahir la présence d’un eczéma ou d’une mycose. Or, on le sait, les plaies cutanées ont de grandes difficultés à cicatriser chez les personnes diabétiques et la démangeaison peut amener la personne à se gratter et ainsi être source de surinfection de la lésion.

Les infections peuvent en effet déboucher sur un mal perforant plantaire (plaie chronique indurée et difficile à traiter) ou, dans les cas les plus graves, entraîner une infection de l’os (ostéite) avec des risques d’amputation (8 400 par an en France).

Première chose à faire en cas de pied qui gratte chez un diabétique

Comme nous venons de le voir, ce symptôme en apparence bénin ne doit pas être pris à la légère. Aussi, lorsqu’une personne diabétique éprouve une sensation de pied qui gratte, il faut sans tarder consulter pour pouvoir établir un diagnostic.

Cela permettra de mettre en œuvre le traitement adapté et surtout de traiter en urgence la lésion à l’origine de la démangeaison. L’objectif est bien entendu d’éviter une surinfection avec un traitement cicatrisant et si nécessaire avec l’intervention de soins infirmiers.

Solutions pour éviter d’avoir des démangeaisons en cas de diabète

Les patients diabétiques présentent souvent une sécheresse cutanée. Il est donc important que ces personnes fassent tout leur possible pour hydrater correctement leur peau avec une crème adaptée de façon à limiter les risques de démangeaison aux pieds. Le mieux est de sécher et de nettoyer soigneusement ses pieds chaque jour après la toilette en prenant soin de ne pas oublier la zone située entre les orteils.

Les pieds étant des zones particulièrement touchées en cas de diabète, prévoir des consultations régulières chez un pédicure-podologue n’est pas dénué d’intérêt.

Par ailleurs, il est recommandé de privilégier les chaussettes en coton plutôt que des chaussettes synthétiques, qui favorisent la transpiration. Dans le même ordre d’idée, il est important de porter des chaussures confortables et d’éviter celles qui vont avoir tendance à générer des frottements (comme des tongs).

Pourquoi les démangeaisons du pied sont-elles fréquentes chez les diabétiques ?

Une peau fragilisée par l’excès de sucre

Le diabète, surtout s’il est mal contrôlé, provoque une déshydratation de l’organisme. Résultat : la peau devient sèche, perd en élasticité, se craquelle… et gratte. Ce phénomène, appelé xérose, est courant, notamment au niveau des pieds où la peau est déjà naturellement plus épaisse. Plus que gênantes, ces démangeaisons peuvent ouvrir la voie à des lésions qui peinent à cicatriser.

Des nerfs parfois touchés : la neuropathie diabétique

Chez certains patients, les démangeaisons ne s’expliquent pas par une irritation visible. Elles sont liées à la neuropathie périphérique, une complication du diabète qui atteint les nerfs, en particulier ceux des extrémités. Ces lésions nerveuses peuvent provoquer des picotements, des sensations de brûlure, des fourmillements ou des démangeaisons – parfois même en l’absence de lésion.

Les infections cutanées, souvent silencieuses au départ

Le pied diabétique est aussi une porte d’entrée facile pour les champignons (mycoses) ou les bactéries, surtout en cas d’humidité entre les orteils ou de petites plaies mal soignées. Ces infections peuvent commencer discrètement, avec des démangeaisons modérées, mais évoluer rapidement en cas d’absence de traitement.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Certaines situations doivent alerter et conduire à une consultation rapide :

  • Une démangeaison persistante, surtout si elle s’intensifie la nuit.
  • L’apparition de rougeurs, de cloques, de crevasses ou de squames.
  • Une perte de sensibilité au toucher ou à la douleur.
  • Une blessure qui ne guérit pas ou s’aggrave avec le temps.

Ces signes peuvent être les premiers symptômes d’une infection ou d’un pied diabétique, une complication sérieuse pouvant conduire, dans les cas extrêmes, à l’amputation.

Les bons gestes pour apaiser et prévenir les démangeaisons

Hydrater, chaque jour, avec les bons produits

L’usage quotidien d’une crème hydratante spécifique pour peaux diabétiques est essentiel. Ces soins sont formulés pour nourrir la peau en profondeur sans l’agresser. Attention toutefois : il faut éviter d’en appliquer entre les orteils, au risque de créer un milieu propice aux champignons.

Adopter une hygiène douce mais rigoureuse

  • Se laver les pieds à l’eau tiède (jamais chaude).
  • Sécher soigneusement, y compris entre les orteils.
  • Porter des chaussettes en coton et des chaussures aérées.
  • Changer de chaussettes chaque jour, voire plus en cas de transpiration.

Surveiller ses pieds chaque jour

Un bon réflexe à adopter : inspecter ses pieds tous les jours, à la recherche d’un changement suspect (zone rouge, plaie, ongle incarné…). Un petit miroir peut aider à visualiser la plante du pied.

Quand consulter un professionnel de santé ?

Ne pas attendre pour consulter un médecin généraliste, un diabétologue ou un podologue spécialisé en cas de doute. Un professionnel saura identifier la cause exacte des démangeaisons et proposer un traitement adapté : crème antifongique, antifongique oral, antibiotique local… voire un soin podologique pour prévenir les récidives.

Un suivi régulier chez le podologue (2 à 4 fois par an, remboursé sous conditions par la Sécurité sociale) est aussi recommandé pour les diabétiques à risque.

Qu'est ce qu'un pied diabétique ?

Le pied diabétique désigne l’ensemble des complications au niveau des pieds liées au diabète, qui peuvent aller de simples lésions cutanées à des infections graves, voire à des amputations dans les cas les plus avancés. Le pied diabétique concerne aussi bien le diabète de type 1 que le diabète de type 2, mais il est plus fréquent chez les personnes atteintes de diabète de type 2

Les signes d’un pied diabétique sont à surveiller de très près, car ils peuvent évoluer rapidement vers des complications graves comme des infections profondes, des ulcères ou, dans les cas extrêmes, une amputation. Voici les principaux signes d’alerte :

Quels sont les signes d'un pied diabétique ?

Ces signes peuvent apparaître progressivement et doivent inciter à consulter :

  • Perte de sensibilité au chaud, au froid, à la douleur ou au toucher (neuropathie périphérique).
  • Fourmillements, engourdissements, picotements, sensations de brûlure.
  • Peau sèche, fine et fragile, souvent craquelée, notamment sur les talons.
  • Pieds froids ou coloration anormale (pied pâle ou bleuté).
  • Callosités épaisses, surtout sur les zones de frottement.

Signes plus graves : nécessitent une consultation urgente

Ils peuvent indiquer une plaie diabétique ou une infection en cours :

  • Plaie qui ne guérit pas ou qui s’aggrave (ulcère).
  • Rougeur, chaleur locale, gonflement autour d’une lésion.
  • Écoulement (pus ou liquide clair) à partir d’une fissure ou d’une ampoule.
  • Odeur inhabituelle, parfois fétide.
  • Douleur vive ou persistante, même si elle est parfois absente à cause de la neuropathie.
  • Déformation du pied (doigts en griffe, effondrement de la voûte plantaire).
  • Fièvre ou malaise général, en cas d’infection généralisée.

Bon à savoir

Beaucoup de diabétiques ne ressentent aucune douleur, même en cas de plaie grave, à cause de l’atteinte nerveuse. C’est pourquoi l’inspection visuelle quotidienne des pieds est essentielle, même en l’absence de gêne.

Le pied diabétique touche environ 1 patient diabétique sur 4 au cours de sa vie, surtout en cas de diabète mal contrôlé. Il représente la première cause d’amputation non traumatique en France.

Le pied diabétique représente une complication sérieuse du diabète, qui peut avoir des conséquences lourdes si elle n’est pas prise en charge rapidement. Le principal risque est l’apparition de plaies chroniques (ulcères) dues à une perte de sensibilité et une mauvaise circulation sanguine. Comme la personne ne sent pas la douleur, une blessure peut passer inaperçue, s’infecter et s’aggraver sans qu’elle ne s’en rende compte. Ces infections peuvent évoluer vers une gangrène (nécrose des tissus) nécessitant parfois une hospitalisation en urgence et, dans les cas les plus graves, une amputation partielle ou totale du pied. Ces complications impactent fortement la qualité de vie, la mobilité, et augmentent le risque de récidive. Pourtant, avec une surveillance quotidienne, une hygiène rigoureuse et un suivi médical adapté, la majorité de ces complications peuvent être évitées.

En conclusion, le pied qui gratte chez une personne diabétique ne doit jamais être négligé. Qu’il s’agisse d’une simple sécheresse cutanée, d’une mycose ou des premiers signes d’une neuropathie, il est essentiel de rester vigilant. Une bonne hygiène quotidienne, une hydratation adaptée, une surveillance attentive des pieds et un suivi médical régulier sont les clés pour prévenir les complications graves. Car dans la majorité des cas, mieux vaut prévenir que guérir : en agissant tôt, il est tout à fait possible de préserver la santé de ses pieds… et sa qualité de vie.