Mieux comprendre le cancer de la prostate au stade 2Istock

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Le cancer de la prostate est le plus fréquent des cancers masculins après 50 ans. Souvent silencieux à ses débuts, il évolue lentement, ce qui laisse heureusement une marge pour le diagnostic et les choix thérapeutiques. Mais quand on évoque un stade 2, que signifie réellement ce terme pour un patient et son entourage ? « La stadification, c’est la base qui permet d’adapter le traitement au plus juste, explique le Dr Illan Darmon, oncologue et radiothérapeute. Elle donne une photographie précise de l’étendue de la maladie et nous oriente vers une approche curative ou palliative, selon le cas. »

Qu’est-ce que le stade 2 d’un cancer de la prostate ?

Dans le langage médical, la stadification repose sur la fameuse classification TNM (T pour tumeur, N pour ganglions, M pour métastases). Un cancer de la prostate de stade 2 correspond à une tumeur qui s’est propagée localement au-delà de la capsule qui entoure la prostate, mais sans atteindre les ganglions pelviens ni d’autres organes. « On parle d’une extension locale sans franchissement ganglionnaire, ce qui reste dans le domaine des maladies potentiellement curables par un traitement local, commente le Dr Darmon. »

Ce stade 2 peut se manifester de différentes manières sur le plan anatomique : la tumeur peut concerner plus de la moitié d’un lobe prostatique, voire les deux lobes. « On va prendre en compte l’imagerie, notamment l’IRM, mais aussi les résultats des biopsies pour définir l’extension exacte, précise le spécialiste. »

Quels sont les symptômes à ce stade ?

Le stade 2 reste généralement asymptomatique. Et c’est bien là la difficulté. Comme le rappelle le Dr Darmon : « Le cancer de la prostate évolue doucement, et la plupart des hommes n’ont aucun signe au moment du diagnostic. Les troubles urinaires, les douleurs ou la présence de sang dans les urines apparaissent souvent plus tard, quand la maladie est plus avancée. » C’est pourquoi le dépistage repose sur le dosage du PSA (antigène spécifique de la prostate) et le toucher rectal, qui permettent d’orienter vers des examens plus poussés si nécessaire.

Comment le stade 2 influence-t-il les choix de traitement ?

À ce stade, plusieurs options peuvent être envisagées, en tenant compte de l’âge du patient, de son état général, de ses préférences, mais aussi du score de Gleason. Ce dernier chiffre, de 6 à 10, donne une indication sur l’agressivité de la tumeur. « Les scores 6 sont rassurants : la tumeur est peu agressive et souvent, une surveillance active peut suffire, indique le Dr Darmon. En revanche, dès que le score grimpe à 7 ou plus, on est sur un risque intermédiaire ou élevé. Là, un traitement curatif s’impose : chirurgie, radiothérapie, parfois en association avec l’hormonothérapie. »

Il insiste : « La décision se prend toujours en concertation pluridisciplinaire (RCP), avec urologue, oncologue, radiothérapeute, et après discussion approfondie avec le patient. Il n’y a pas de solution universelle, on adapte à chaque cas. »

Radiothérapie ou chirurgie : quelles différences concrètes ?

La chirurgie (prostatectomie totale) consiste à retirer la prostate et les vésicules séminales. Elle est souvent proposée aux patients de moins de 70 ans en bonne santé générale. « Mais la radiothérapie n’est pas un plan B ! Elle offre un taux de succès équivalent à la chirurgie, avec 15 ans de recul scientifique, souligne le Dr Darmon. Et elle peut être préférée dans certains cas, ou si le patient souhaite éviter une opération. »

Chaque technique a ses avantages et ses effets secondaires : « La chirurgie expose à des risques d’incontinence urinaire et de troubles de l’érection, détaille le médecin. La radiothérapie entraîne plutôt des syndromes irritatifs : envies pressantes d’uriner, rectite (inflammation du rectum), parfois des saignements. »

Dans le cadre du stade 2, la radiothérapie peut être proposée seule, ou combinée à une hormonothérapie pour potentialiser son efficacité. Des techniques modernes, comme la radiothérapie conformationnelle ou les ultrasons focalisés, permettent aujourd’hui de limiter au maximum les effets indésirables.

Quelle espérance de vie à ce stade ?

Les chiffres sont encourageants : pour un cancer de la prostate localement avancé (stade 2), le taux de survie à 5 ans dépasse 95 %. « C’est un cancer que l’on sait bien contrôler à ce stade, rassure le Dr Darmon. Tout l’enjeu est de proposer un traitement efficace sans nuire inutilement à la qualité de vie. »

Et le suivi après traitement ?

Le suivi est essentiel : dosages réguliers du PSA, consultations, examens d’imagerie au besoin. Il vise à repérer d’éventuelles récidives au plus tôt. « L’important, c’est d’expliquer clairement au patient les bénéfices et les risques de chaque stratégie, conclut le Dr Darmon. Car dans ce type de cancer, on peut choisir, et le choix doit être éclairé. »

Sources

Interview réalisée avec le Dr Illan Darmon.