Mieux comprendre la maladie d’Alzheimer pour mieux la traiterAdobe Stock

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La recherche sur Alzheimer s’est structurée ces dernières années autour d’approches pluridisciplinaires. Parmi les acteurs engagés, l’Institut du Cerveau occupe une place de premier plan. Ce centre de recherche parisien, installé à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière, fédère près de 850 experts autour d’un objectif commun : accélérer la compréhension des maladies du système nerveux pour transformer les découvertes en solutions concrètes pour les patients.

Quels sont les mécanismes à l’œuvre dans la maladie d’Alzheimer ?

La maladie est liée à la dégénérescence progressive des neurones, provoquée par deux processus biologiques : la formation de plaques de protéines bêta-amyloïdes entre les cellules et l'accumulation de protéine tau à l’intérieur des neurones. Ces altérations entraînent des troubles dans la communication entre les cellules nerveuses, puis leur mort.

Ces phénomènes ne sont pas isolés. La recherche actuelle, notamment menée à l’Institut du Cerveau, s’intéresse aussi à d’autres aspects comme :

  • l’inflammation chronique dans le cerveau ;
  • la rupture de la barrière hémato-encéphalique ;
  • le rôle du système immunitaire central ;
  • les facteurs de vulnérabilité issus du neurodéveloppement.

Plusieurs études en cours au sein de l’Institut visent à mieux caractériser ces interactions complexes. L’objectif est d’identifier des biomarqueurs fiables pour un diagnostic plus précoce, parfois avant même l’apparition des premiers symptômes.

Ce que l’on sait sur les causes d’Alzheimer

Parmi les facteurs identifiés, on retrouve :

  • l’âge (facteur de risque principal) ;
  • une prédisposition génétique, notamment via le gène APOE4 ;
  • des facteurs environnementaux (mode de vie, diabète, hypertension, isolement social).

Les chercheurs s’intéressent aussi à des mécanismes moins visibles, comme les troubles du sommeil, la neuroinflammation ou le rôle du système immunitaire.

Des signes précoces encore trop souvent ignorés

Le syndrome d’Alzheimer ne débute pas par des pertes de mémoire flagrantes. Les premiers signes sont parfois subtils :

  • troubles de la concentration ou de l’orientation ;
  • isolement social progressif ;
  • difficultés à accomplir des tâches du quotidien ;
  • fatigue mentale inhabituelle.

Les médecins insistent sur la nécessité de ne pas banaliser ces signes, surtout après 60 ans. Le diagnostic repose sur un ensemble d’outils : examens cliniques, tests cognitifs, imagerie cérébrale (IRM, TEP-scan) et, de plus en plus, sur des analyses biologiques (liquide céphalorachidien ou sanguin). L’Institut du Cerveau travaille actuellement sur plusieurs projets de tests sanguins visant à faciliter le repérage de la maladie dans un cadre de médecine de ville.

Traiter Alzheimer : où en est la recherche ?

Les traitements actuellement disponibles ne permettent pas de stopper l’évolution de la maladie. Ils agissent sur certains symptômes, notamment les troubles cognitifs, en modulant les neurotransmetteurs comme l’acétylcholine. Mais leur efficacité est limitée dans le temps.

De nouvelles approches sont cependant à l’étude :

  • les anticorps monoclonaux ciblant les dépôts amyloïdes (comme ceux testés aux États-Unis) ;
  • les modulateurs de la protéine tau ;
  • les stratégies anti-inflammatoires cérébrales ;
  • les interventions précoces basées sur l’identification de profils de risque.

À l’Institut du Cerveau, plusieurs de ces axes sont explorés dans une logique de recherche translationnelle : les avancées du laboratoire sont rapidement intégrées aux essais cliniques. Le recrutement de chercheurs internationaux, comme le Pr Kaj Blennow, expert mondial en biomarqueurs d’Alzheimer, illustre cette dynamique.

Anticiper l’évolution de la maladie grâce à la technologie

Une autre force de l’Institut réside dans l’intégration de l’intelligence artificielle et de la modélisation mathématique à la recherche clinique. Des équipes de chercheurs y développent des outils de prédiction personnalisée de la progression de la maladie, en combinant données d’imagerie, de génétique et de cognition. Ces modèles pourraient, à terme, aider les médecins à ajuster les traitements en fonction de chaque patient.

Une recherche connectée aux besoins des patients

Enfin, la recherche menée sur la maladie d’Alzheimer ne se limite pas au plan biologique. L’Institut du Cerveau participe à des projets qui intègrent les enjeux de qualité de vie, de cognition sociale, de soutien aux aidants ou encore d’éthique dans l’accompagnement des patients.

Mieux comprendre Alzheimer, c’est aussi mieux vivre avec la maladie, mieux adapter les soins, et développer des outils concrets pour le quotidien.