"Est-ce que je l'aime encore ?" : zoom sur le TOC du couple

Ces derniers temps, votre amour se fait vache. Alors, vous ruminez. “Est-ce que je l’aime encore ? L’ai-je seulement déjà aimé ? Et si je faisais semblant depuis le début, que je m’auto-persuadais ? Comment savoir ce que c’est vraiment que l’amour, au fond ?” Des questions obsédantes, entêtantes, incessantes. Vos journées s’en voient plombées. Chaque point d’interrogation suspendu dans le vide vous provoque un état d’anxiété élevé, un mal-être profond, se soldant parfois par des crises de larmes, des symptômes dépressifs, une forte irritabilité… Au-delà de votre santé mentale (qui n’est déjà pas à négliger !), c’est votre relation qui trinque. Ce que vous estimez peut-être être une simple crise passagère ou un trait de personnalité malheureux peut en vérité être un mal plus profond, relevant du TOC, trouble obsessionnel compulsif.

Qu’est-ce que le TOC du couple ?

Le TOC du couple, ou “Relationship Obsessive Compulsive Disorder” est un trouble obsessionnel compulsif relatif au couple, comme son nom l’indique. “On remet sans arrêt en question nos sentiments, nos émotions, nos pensées”, partage la psychologue clinicienne Delphine Py dans une vidéo sur ses réseaux sociaux. “Tout ça crée beaucoup d’anxiété, de doutes et de culpabilité.” Et bien sûr, c’est un cercle vicieux. Plus on se questionne, plus on se dit que si on se questionne, c’est qu’on a un problème. Alors… On se questionne encore plus.

Les signes du TOC du couple

Sur son site internet, la psychologue Fanny Cholet liste ces symptômes :

• Des obsessions : des pensées envahissantes et involontaires sur la relations (le fameux "Si je me demande si je l’aime alors peut-être que je ne l’aime pas", par exemple.)
• Des compulsions : rechercher de la réassurance auprès du partenaire ou de l’entourage, comparer la relation à d’autres couples, analyser chaque émotion ou réaction, éviter certaines situations ou moments d’intimité.

Aux origines du TOC du couple

Ce qui alimente le TOC du couple (ou ROCD), c’est un cocktail décrit dans les travaux des chercheurs en thérapie cognitive Doron et Derby (2012) : une estime de soi qui dépend trop de la relation, une obsession des défauts de l’autre, et une intolérance totale à l’incertitude. Les personnes touchées ont souvent des croyances rigides : “Si je doute, c’est que ce n’est pas le bon”, ou “S i ce n’est pas parfait, je vais le regretter à vie”. À cela s’ajoute un attachement anxieux et un besoin extrême de contrôler ses émotions et ses choix. Résultat : doutes chroniques, comparaisons incessantes, demandes de réassurance. Pire encore, ces pensées peuvent devenir contagieuses, un partenaire anxieux finit par contaminer l’autre.

Comment le TOC du couple impacte la relation

Le TOC du couple peut lentement fragiliser la relation en instillant un doute permanent là où il devrait y avoir de la confiance. Emporté par le flot des pensées obsessionnelles sur l’amour, le choix du partenaire ou ses défauts supposés, vous devenez moins disponible émotionnellement. La recherche de réassurance constante, les comparaisons mentales ou les tests affectifs épuisent l'autre et créent une distance. Petit à petit, le lien s’érode, non pas parce que l’amour manque, mais parce que l’anxiété prend toute la place. Le partenaire peut se sentir incompris, rejeté, voire remis en question en permanence, ce qui peut nourrir des tensions, des incompréhensions… et parfois même générer les problèmes que l’on redoutait au départ. “Nous traversons une période difficile dans notre relation. Période d’autant plus compliquée qu’il semblerait que je souffre du TOC du couple, dont j’ai récemment appris l’existence par ma psychologue. Je remets constamment en question mes sentiments, mon bien-être avec mon conjoint, notre bonheur à deux… Ça me ronge de l’intérieur et ça nous parasite, ce qui m’empêche de me concentrer sur nos “vraies” difficultées du moment”, nous témoigne Lana, 32 ans.

Je souffre du TOC du couple : que faire ?

Si vous souffrez du TOC du couple, rassurez-vous : vous n’êtes ni seul, ni condamné à douter toute votre vie. La bonne nouvelle ? Il est possible de vous soigner. La thérapie comportementale et cognitive (TCC), notamment avec l'exposition avec prévention de la réponse (ERP), est aujourd’hui la méthode la plus efficace. Elle vous apprend à tolérer l’incertitude, à cesser de chercher des garanties et à sortir du piège de la vérification constante. Travailler sur l’estime de soi et les croyances idéalisées de l’amour aide aussi à relâcher la pression sur votre couple. Alors si ces pensées vous gâchent la vie, il est temps de consulter : comprendre, c’est déjà commencer à guérir. Haut les coeurs !