
- 1 - Ibuprofène, Aspégic®… : les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent entraîner une méningite
- 2 - Bactrim® et médicaments à base d’amoxicilline : certains antibiotiques dans le viseur
- 3 - Clairyg®, Tégéline®… : des immunoglobulines potentiellement dangereuses
- 4 - Adalimumab, cetuximab, infliximab… : des anticorps monoclonaux suspects ?
- 5 - Certains vaccins pourraient avoir la méningite comme effet indésirable
- 6 - Méningite médicamenteuse : une allergie ou une toxicité suspectée
- 7 - Méningite médicamenteuse : les symptômes diffèrent-ils de ceux des autres types de méningite ?
- 8 - Méningite médicamenteuse : un diagnostic d'exclusion
- 9 - Méningite médicamenteuse : attention au biais protopathique
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Selon le Dr Kévin Bihan, pharmacien pharmacologue au centre régional de pharmacovigilance de Paris Pitié-Salpêtrière, il en ressort déjà des éléments importants, notamment concernant la nature des médicaments impliqués dans la survenue de méningites aseptiques, à savoir certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ibuprofène, Nurofen®, Aspégic®… Utilisés dans le traitement des douleurs, des rhumatismes jusqu’aux règles douloureuses, ils font sûrement partie des classes de médicaments les plus achetées, avec ou sans ordonnance. Outre l’inflammation des méninges, les AINS comporteraient des risques cardiovasculaires et hépatiques.
Bactrim® et médicaments à base d’amoxicilline : certains antibiotiques dans le viseur
Selon Santé publique France, en 2016, la consommation globale d’antibiotiques s’élevait à 30,3 doses pour 1000 habitants et par jour. Ces derniers sont prescrits contre les infections bactériennes ; ils sont en revanche inefficaces contre les virus (infections virales). Les médicaments à base d’amoxicilline et l'association sulfaméthoxazole/triméthoprime (Bactrim®) sont les antibiotiques les plus représentés dans l'apparition de méningites aseptiques d'origine médicamenteuse.
Clairyg®, Tégéline®… : des immunoglobulines potentiellement dangereuses
Adalimumab, cetuximab, infliximab… : des anticorps monoclonaux suspects ?
Selon l’Institut Curie, "les anticorps monoclonaux sont des molécules naturellement produites par le système immunitaire" qui peuvent être injectées en vue de lutter contre les cellules tumorales. Ils peuvent être également utilisés dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ou encore de la maladie de Crohn. D'après le Dr Bihan, "une vingtaine de cas de méningites aseptiques sont rapportés dans la base nationale de pharmacovigilance sous anticorps monoclonal (tous confondus), dont les principaux sont adalimumab, cetuximab et infliximab".
Certains vaccins pourraient avoir la méningite comme effet indésirable
Méningite médicamenteuse : une allergie ou une toxicité suspectée
Les mécanismes impliqués dans la survenue de ces méningites aseptiques d'origine médicamenteuse restent flous, c’est pourquoi "il n'est pas possible de déterminer avec certitude leurs facteurs de risque potentiels", indique le Dr Bihan. Toutefois, il explique que les deux principales hypothèses sont des "réactions d’hypersensibilité, qui renvoient à l’immuno-allergie" ou des "mécanismes directement toxiques sur les méninges". Dans ce deuxième cas, plusieurs facteurs pourraient contribuer à cette inflammation des méninges comme "la nature même du médicament mais aussi la dose, la pathologie traitée, etc.".
Des facteurs mécaniques tels que la voie d’administration sont également à considérer dans la survenue de méningites aseptiques d'origine médicamenteuse. "On suppose par exemple qu’un médicament administré par voie intrathécale, c’est-à-dire directement au niveau du système nerveux central dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), pourrait favoriser ou induire cette inflammation méningée."
Méningite médicamenteuse : les symptômes diffèrent-ils de ceux des autres types de méningite ?
Le diagnostic de la méningite repose sur une ponction lombaire permettant d’analyser le LCR. Cet examen indispensable permettra d'attester d'une inflammation mais aussi d’identifier son origine (virale, bactérienne, etc.) : "Dans le cas d’une méningite médicamenteuse, la grosse différence sur le plan biologique, c’est que le LCR est bien entendu inflammatoire mais il est surtout aseptique, c’est-à-dire que l’on n’a pas retrouvé les germes classiquement recherchés dans les méningites infectieuses", explique le Dr Bihan.
Mais ce dernier insiste : "Il s’agit d’un diagnostic d’exclusion, car la méningite médicamenteuse n’est pas quelque chose de fréquent. Il faut avoir fait toute la batterie de recherches notamment d’une méningite infectieuse avant de pouvoir attester ou suspecter très fortement une origine médicamenteuse. En l'absence d'une cause clairement identifiée, une origine médicamenteuse peut alors être suspectée et recherchée."
Méningite médicamenteuse : un diagnostic d'exclusion
Lorsque le diagnostic est en faveur d'une méningite d’origine médicamenteuse, le traitement consiste tout bonnement en l’arrêt du médicament suspect,"avec une surveillance adaptée au contexte clinique et biologique du patient. Un traitement symptomatique peut également être proposé en fonction du contexte. Il s'agira par exemple de traiter la fièvre par du paracétamol jusqu'à résolution des symptômes."
Il est important de constater que le médicament soupçonné peut très souvent être réintroduit. En effet, "les cas recensés de méningites médicamenteuses ne sont globalement pas très graves et les symptômes disparaissent généralement totalement sans laisser de séquelles, assure le Dr Bihan. En pratique, on ne contre-indique généralement pas la réintroduction ultérieure du médicament, même s'il a fortement été suspecté. Cette réintroduction est une décision médicale qui dépendra de plusieurs paramètres dont le rapport bénéfice/risque, les alternatives existantes, etc.".
Méningite médicamenteuse : attention au biais protopathique
Aux équipes de pharmacovigilance d’évaluer ensuite l’intérêt et la nécessité de préciser ce potentiel effet indésirable sur la notice du médicament, sachant que pour ce faire "il doit y avoir plusieurs cas et ceux-ci doivent être suffisamment documentés", explique le Dr Bihan. En cas de suspicion de méningite médicamenteuse, il convient de se référer à un médecin "et dans un second temps aux centres régionaux de pharmacovigilance, qui se chargera de l'analyse et de l'enregistrement de ce cas".
Remerciements au Dr Kévin Bihan, pharmacien pharmacologue.
"Consommation d'antibiotiques et résistance aux antibiotiques en France : soyons concernés, soyons responsables". Santé publique France. 15 novembre 2017.
"Immunoglobuline". Fondation contre le Cancer.
"Anticorps monoclonaux". Institut Curie. 23 mars 2017.
"Effets indésirables et sécurité". Vaccination Info Service.