rémission cancer pancréasImage d'illustrationIstock

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Les bonnes nouvelles se font rares quand il est question du cancer du pancréas. En France, environ 14 000 personnes sont diagnostiquées tous les ans. Un chiffre en augmentation depuis quelques années. "On estime que ce cancer sera la 2ᵉ cause de mortalité par cancer dans notre pays à l’horizon 2030", précise dans un communiqué le Dr Antoine Hollebecque, oncologue digestif au sein du département de l’innovation thérapeutique de l’Institut Gustave Roussy. À l’échelle mondiale, les autorités comptabilisent 400 000 décès annuels. En cause : un diagnostic souvent trop tardif. "La maladie peut évoluer de manière silencieuse pendant 10 ou 15 ans sans qu’aucun signe ne la laisse présager", ajoute le communiqué du centre de cancérologie. Une dimension que les chercheurs espèrent bien changer.

Espérance de vie et pronostic et survie à 5 ans

À l’heure actuelle, le taux de survie à 5 ans de ce type de cancer est d’environ 11 %. Lorsque la tumeur est opérable, ce chiffre peut atteindre entre 15 et 20 %. En revanche, ces chiffres ne tiennent pas compte des nombreux facteurs relatifs au patient. "Une donnée de groupe est la moyenne des données de chaque individu du groupe, et ne correspond donc pas à la survie de chaque personne du groupe. Certains groupes peuvent être très disparates, et deux patients atteints d’un cancer du pancréas de même stade peuvent avoir une espérance de vie très différente", précise avec prudence le site des centres de santé privés Elsan.

Une fin de vie suite à un diagnostic trop tardif

Comme pour de nombreux cancers, le traitement classique comprend les séances de radiothérapie, la chimiothérapie et la chirurgie. "Il y a quelques années, il était courant de dire qu'un patient qui avait des métastases au foie d'un cancer du pancréas avait une espérance de vie de 3 à 5 mois. Aujourd'hui, on est quand même sur un pronostic au minimum de l'ordre de 9 à 12 mois. Ce n'est pas énorme, mais on sait qu'en cancérologie, les choses se passent toujours comme ça", explique sur France Inter le professeur Philippe Runiewski, spécialiste du pancréas à l'hôpital Beaujon à Paris.

Le marqueur actuel utilisé par les médecins pour le suivi du cancer du pancréas est une protéine du nom de CA 19-9. Elle peut augmenter en cas de cancer du pancréas, mais également dans d’autres pathologies. "En outre, elle n'est pas présente chez tout le monde. À ce stade, le CA 19-9 n'est pas utilisé pour le diagnostic, mais pour le suivi de la prise en charge du cancer du pancréas", précise un article des centres de santé Elsan.

Guérir de la maladie : un espoir pour les chercheurs

C’est pour améliorer la survie que les chercheurs se donnent pour objectif de mettre en place des tests de diagnostic précoce de la maladie. C’est le cas notamment de l’Institut Gustave Roussy. L’équipe chargée du projet travaille sur une nouvelle méthode de détection précoce en identifiant la signature moléculaire de ce cancer. À terme, une simple prise de sang ou un prélèvement urinaire pourrait diagnostiquer la maladie. "Un projet sur trois ans qui, en cas de succès, permettrait de sauver la vie de 100 000 personnes chaque année dans le monde. En effet, diagnostiqué à temps, c’est-à-dire à un stade où il est opérable, le cancer du pancréas peut être guéri dans 80 % des cas", indique le professeur Fabrice Barlesi, directeur général de Gustave Roussy.

Un test sanguin et des avancées sur les traitements

Une autre équipe médicale américaine a mis au point un test sanguin qui permettrait d’établir le diagnostic dans 73 % des cas à un stade précoce, sans symptômes apparents, chez les personnes les plus à risque. Pour y parvenir, l’intelligence artificielle utiliserait des algorithmes permettant d’identifier, en fonction des antécédents médicaux et familiaux et du mode de vie, les personnes cibles.

Au niveau des traitements, les vaccins thérapeutiques à base d’ARN messager pourraient révolutionner la prise en charge et augmenter les chances de guérison. En association avec la chimiothérapie, la chirurgie et l’immunothérapie, cette approche thérapeutique permettrait de créer des cellules du système immunitaire actives contre le cancer jusqu’à quatre ans.

Un autre médicament suscite l’espoir et pourrait améliorer la qualité de vie : une molécule ciblant l’action délétère de la protéine KRAS mutée, le principal moteur de la croissance de cellules cancéreuses. « Voilà trente ans que je prends en charge des paf(tients atteints de ce cancer. C’est la première fois que le terme de médicament "prometteur", pour un grand nombre de patients, se justifie », révèle au Monde Pascal Hammel, chef du service d’oncologie digestive et médicale de l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP, Villejuif, Val-de-Marne).

Les premiers symptômes de la maladie à surveiller

Une dépression, une fatigue intense, une jaunisse, des nausées, un amaigrissement rapide, des douleurs abdominales, des troubles du transit intestinal, des douleurs au milieu du dos, un diabète d’apparition récente sans prise de poids et une thrombose veineuse profonde sont autant de symptômes de cette maladie silencieuse qu'il faut surveiller. "Chacun d’entre nous a ou aura, dans les prochaines années, un proche touché par cette maladie", conclut le Dr Antoine Hollebecque.