
"Croûte"
Une répulsion du sujet : "Le mot croûte fait écho à la blessure, à la maladie, à l’infection. Ce mot renvoie donc à des craintes et va engager le sujet dans une réaction d’évitement. Le sujet qui ressent du dégoût ne voudra pas voir la plaie, ne voudra pas la toucher, ni même entendre le mot” explique-t-elle. Elle souligne que de façon générale, "le mot croûte suscite le dégoût car cela vient d’une réaction très ancrée dans le développement psychique et émotionnel de l’être humain qui est censé se défendre de quelque chose qui est menaçant".
A savoir : "Chez certaines personnes, le dégoût peut être exacerbé jusqu’à en devenir maladif. On parlera alors de phobie" précise la spécialiste.
"Glaire"
Eviter le contact : Cette sécrétion visqueuse des muqueuses peut effrayer et susciter la peur d’une éventuelle contagion. Le sujet n’a pas envie de rentrer en contact avec la glaire d’un individu car cela signifie prendre le risque d’attraper des maladies. "De façon générale, il faut toujours garder à l’esprit que l’émotion de dégoût est présente car c’est une information importante pour protéger le sujet d’un élément potentiellement menaçant ou destructeur" souligne la psychologue.
A savoir : "Le dégoût permet au sujet de s’engager dans un comportement adaptatif en cherchant le moyen de se débarasser de la source du dégoût. Cela peut être en cherchant de l'aide ou bien simplement en évitant tout contact" explique la spécialiste.
"Furoncle"
Se débarrasser de l’élément gênant : "Généralement un furoncle ou même un simple bouton aura tendance à susciter le dégoût mais à la fois, l’envie irrésistible de le toucher. Par exemple, les adolescents ont du mal à s'empêcher d’extraire le pus en perçant le bouton qu’ils ont sur le visage malgré le dégoût que cela suscite. Cette action est menée dans le but d’enlever et de se débarrasser de la substance 'dégoûtante' ; c'est aussi une tentative de 'réparer' la blessure" explique la psychologue. Elle ajoute que le dégoût déclenche un comportement de fuite, d’évitement. "Le sujet veut absolument trouver un moyen d’extraire ce pus, qui est le symbole de la détérioration du corps, ce qui renvoie également à la mort" précise la psychologue.
"Moite"
Évoque la saleté : La psychologue Daniela Silva Moura précise : "La moiteur renvoie à une sensation d’humidité qui peut être désagréable. Certains individus ne supportent pas la sensation d’être humide, moite, mouillé. Ces individus trouvent cette sensation insupportable car cela leur donne l’impression d’être sale."
"Sueur"
Le regard des autres : "Si on transpire en société, cela peut renvoyer une image négative de soi, l'idée de manque d'assurance parfois ou de peur tout simplement ; c'est d'ailleurs une manifestation fréquente dans les crises d'anxiété. Une situation provoquant ainsi un sentiment de honte et une forme d’embarras" explique la psychologue.
"Vomi"
Suscite des angoisses : "Il y a un aspect sensoriel qui est très fort avec le mot vomi car il renvoie à une odeur désagréable et à un visuel dérangeant. L’être humain n’aime pas imaginer ce que deviennent les aliments qu’il a ingéré" précise la psychologue.
Des sujets et des mots tabous : "L’être humain a évolué et a développé des compétences et des capacités cognitives. Il sait raisonner sur les choses et appliquer du sens mais il a également développé plein de barrières sociales et morales" déclare la spécialiste. Le vomi, les fluides corporels ou encore les menstruations sont des sujets tabous que l’être humain préfère éviter. Ces processus sont intimes et la barrière psychique qui s'oppose à révéler ces processus est une forme de pudeur à respecter, car elle sauvegarde aussi la dignité de chaque individu.
"Salive"
Une histoire personnelle liée au dégoût : "Chaque être humain a tendance à être dégoûté par la salive des autres, mais jusqu’à une certaine limite. La salive de mon compagnon n’est pas censée susciter de dégoût. Si cela se produit, on se trouvera alors dans un contexte inadapté et pathologique du dégoût, pouvant empêcher l'échange avec l’autre dans l’intimité" précise la spécialiste. Elle ajoute : "Lorsque le dégoût est inadapté, le psychologue doit creuser d’autres explications qui sont généralement plus profondes et liées à l’histoire du sujet comme des traumatismes" précise-t-elle.